Le thème de l'antifascisme dans l'entre-deux-guerres est un point parfaitement adapté à l'aspect comparatif de la démarche que nous adoptons dans ce cours. En effet, l'antifascisme est bien plus qu'un simple phénomène de résonance face au fascisme et il prend des formes très distinctes selon les pays, s'adaptant de ce fait à la réalité socioculturelle de chacun d'entre eux. Les trois auteurs étudiés dans cette fiche concordent sur le fait que cet événement historique se développe dans de nombreux champs, qu'ils soient politiques, intellectuels, culturels ; et de plus, les domaines d'analyse à travers lesquels ce phénomène peut être perçu sont tant multiples que diversifiés. Je m'explique : on peut envisager ce mouvement d'un point de vue international comme national, récupéré politiquement ou non, et influencé par de nombreux courants de pensée. Le point que l'on peut dès à présent mettre en avant est que l'antifascisme fût un mouvement instrumentalisé, ballotté d'idéologies en idéologies, de tendances politiques en tendances politiques, et n'a jamais eu l'opportunité réelle, dans l'univers social européen tiraillé des années trente, de vivre en tant que tel, indépendant, par et pour son essence même. La thèse la plus développée, mais aussi la plus contestable et la plus contestée, est celle que présente François Furet dans Le passé d'une illusion. Il aborde la thématique sous l'angle de sa relation directe avec le communisme. Les autres auteurs que nous étudions convergent sur les traits principaux et descriptifs de sa thèse, mais divergent sur certains points analytiques, notamment sur cette relation étroite entre la politique du puissant Komintern stalinien des années trente et les expressions du courant antifasciste et ses manifestations en Europe de l'ouest (particulièrement en France et en Angleterre).
Nous nous attacherons donc dans un premier temps à explorer cet axe central de la relation antifascisme/communisme perçu par F. Furet (I), puis nous développerons notre analyse sous les angles des autres ouvrages étudiés pour en percevoir les limites et en établir les critiques (II).
[...] L'antifascisme doit déboucher sur la prédominance politique des communistes. ‘'Les extrêmes se touchent'' et opposés s'attirent'', entre radicalisation et confusion, le contexte des années trente européennes renforce la crédibilité de ces dictons populaires. A partir de l'avènement d'Hitler et du tournant antifasciste du Komintern, on observe, selon F. Furet, une polarisation des rapports droite/gauche en Europe autour du fascisme et du communisme. La révolution prolétarienne est devenue l'avant-garde de la démocratie contre le fascisme C'est ici une des nombreuses ambivalences de la thèse de cet auteur, il perçoit une majorité d'événements comme fonctionnant par paires antagonistes mais paradoxalement complémentaires. [...]
[...] Le credo antifasciste aurait donc tendance à détourner les pays démocratiques des réalités économiques et militaires et à empêcher une réforme des institutions nécessaire. Cette thèse relativement survolée par Furet paraît une un non-sens ou pour le moins une certaine contradiction avec le reste de sa thèse. b. L'instrument Komintern Le lien qui peut être établi dans les années trente entre communisme internationaliste et courants antifascistes de toutes origines a pour axe central et pour instrument principal l'action de l'Internationale communiste. [...]
[...] Par conséquent, Staline sera l'unique à montrer son soutien à la République espagnole, se faisant ainsi le défenseur identifié de la démocratie et de l'antifascisme. La faiblesse morale des démocraties face au fascisme est assidûment révélée. Staline instrumentalise le conflit et met l'Espagne républicaine sous influence soviétique totale, notamment grâce à l'action du Komintern et sa création des brigades internationales. Finalement, la stratégie paraît contradictoire car le communisme antifasciste défend la démocratie bourgeoise et en même temps il tend à la supprimer. [...]
[...] A l'origine, le phénomène n'est qu'italien. Puis, on constate son développement progressif dans les années 20 dans d'autres pays européens. Le renforcement des phénomènes antifascistes (notons que nous sommes passé d' antifascisme à antifascismes dans les années 30 est appuyé par le coup de la crise, plus encore, sans en nier l'importance, que par l'arrivée sur la scène politique européenne du nazisme allemand. Par conséquent, l'antifascisme acquiert à ce moment une réelle dimension internationale. Le national-socialisme allemand arrive au pouvoir en 1933. [...]
[...] Comme l'indique le titre de son ouvrage (Le pacifisme, une passion française) il s'appuie sur la conscience populaire française et aborde, sur la période que nous traitons, un pacifisme donnant lieu à une certaine passivité. L'antifascisme est donc en France très présent dans la morale, mais le pacifisme très ancré depuis la der' des der' empêche toute initiative populaire ou politique, et débouche même sur du défaitisme. Yves Santamaria prend à contre-pied la thèse de Furet quand il explique que le monde politique français de cette époque a tendance à privilégier l'ennemi intérieur. [...]
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