Anne-Marie Thiesse, ancienne élève de l'école Normale supérieure, est directrice de recherche au CNRS et a publié son ouvrage La Création des identités nationales en 1999. Afin de comprendre la construction des identités nationales au sein de l'Europe, la lecture de cet ouvrage est essentielle, d'autant plus que la question de la nation est aujourd'hui récurrente dans des débats tels que ceux de l'Europe ou de l'immigration (du moins en France). La problématique de cet ouvrage s'articule autour de la question de la formation des identités nationales : Quelle a été la procédure de la construction des identités nationales ? Si la nation est née dans le cadre d'un attachement à un patrimoine particulier, faut-il pour autant croire que les processus de construction identitaire ont été différents d'un pays à l'autre ? Quels en ont été les déterminants ? En délimitant les acteurs, les enjeux, ainsi que les éléments requis déterminant une nation (la« check-list identitaire »), Anne-Marie Thiesse répond à cette question en esquissant, à l'aide d'exemples très précis, un schéma de la construction identitaire en trois temps, qui constituent les trois axes de son étude. Elle étudie tout d'abord la découverte de la culture nationale, c'est-à-dire l‘identification aux ancêtres, puis elle aborde le folklore, c‘est à dire l‘ensemble des arts, usages et traditions culturelles d‘un point de vue national, et enfin s'intéresse au rattachement de la culture nationale en une culture de masse.
L'auteur introduit tout d'abord l'idée que toutes les nations se sont formées selon le même modèle, en passant par les mêmes étapes globales et ce à partir du 18ème siècle uniquement. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait croire, la nation, au sens politique et donc moderne du terme, n'est pas née d'un processus multiséculaire mais est bien le fruit d'une invention impulsée par quelques acteurs importants, souvent de la bourgeoisie ou la noblesse. Ainsi, « La véritable naissance d'une nation, c'est le moment où une poignée d'individus déclare qu'elle existe et entreprend de le prouver. ». La naissance de la nation s'établit sur la reconnaissance, la valorisation ainsi que la diffusion d'un patrimoine commun, patrimoine qui n'est pas fixe et qu'il faut donc collecter, afin de fonder des valeurs communes aux individus. L'auteur inscrit l'émergence de la nation dans le cadre des mutations économiques et sociales du 19ème siècle, qui ont fortement favorisé le rattachement des individus à cette idée nouvelle. De même, les formations de nations ont fortement contribué à stabiliser l'Europe, car c'est un véritable mouvement transnational ayant pour but de créer une solidarité nationale qui a eu lieu à cette époque.
[...] Ainsi le processus de nationalisation passe-il par un développement de l'éducation de masse. "le sentiment national n'est spontané que s'il est parfaitement intériorisé ; il faut préalablement l'avoir enseigné". L'école permet de prodiguer un savoir sur la langue, l'histoire, la géographie de la nation. Elle conditionne le patriote, ce que l'on peut notamment voir avec l'école de la IIIème république. Cela passe également par des activités de loisirs, par des associations de gymnastiques et des sports d'équipe qui diffuse le sentiment national à des populations jusqu'ici non touchées car le sport devient une pratique de masse au début du 20ème mais également lieu de démonstration identitaire à travers les compétitions. [...]
[...] Anne-Marie Thiesse, la création des identités nationales : Europe XVIII°- siècles Anne-Marie Thiesse, ancienne élève de l'école Normale supérieure, est directrice de recherche au CNRS et a publié son ouvrage La Création des identités nationales en 1999. Afin de comprendre la construction des identités nationales au sein de l'Europe, la lecture de cet ouvrage est essentielle, d'autant plus que la question de la nation est aujourd'hui récurrente dans des débats tels que ceux de l'Europe ou de l'immigration (du moins en France). [...]
[...] L'auteur rappelle la vitalité des identités régionales qu'attestent certains événements. De même, l'auteur souligne que le discours nationaliste a été repris par l'extrême droite reprenant les legs ancestraux, luttant contre les changements économiques et sociaux qui ont lieu dans notre monde actuel, avec la mondialisation. Ces phénomènes sont aujourd'hui observables sur Internet, outil de la mondialisation culturelle. Pour conclure, Anne Marie Thiesse a attiré notre attention sur le fait que ce n'est pas la nation qui génère le nationalisme, mais le nationalisme qui génère la nation et ce, par une construction basée sur trois étapes, établie tout d‘abord par des élites, puis descendant jusqu‘aux masses dans le cadre de mutations économiques et sociales, c'est-à-dire dans le cadre de la modernité intellectuelle, de l'urbanisation, de l'industrialisation, et de nouveaux rapports sociaux. [...]
[...] Par conséquent, si l'idée de la nation est, pour AM Thiesse, le fait d'"une poignée d'individus qui déclare qu'elle existe et entreprend de le prouver", il n'est pas évident pour d'autres que ces constructions, qui dans l‘histoire ont montré leur efficacité, se sont faites sans s'appuyer sur quelque chose d'antérieur (un sentiment, un besoin d‘identification, datant de plusieurs siècles), ce qui n‘est pas mentionné par l‘auteur. Ceci relève du fait que l'auteur a une vision sociale positive. Il en est de même de sa vision du nationalisme : le lien établi entre le nationalisme et l'extrême droite est selon elle tardif, alors qu'il est incontestable que la construction nationale s'est souvent faite au détriment d'autres identités et que le nationalisme a très vite été tourné vers une volonté d'exclusion. [...]
[...] Cela permit de fondre les différentes couches sociales et régions, ce qui fait de la langue, un facteur puissant d‘unité nationale. Souvent la question de la langue a donné lieu à une lutte politique, car il fallait que les couches sociales supérieures acceptent ces langues nouvelles et unificatrices, souvent issues de la culture paysanne. C‘est le cas en Norvège divisé entre le Riksmadl, langage bourgeois et le landsmadl, langage paysan. Pour le peuple israélien, le conflit était basé sur la concurrence entre deux langues : l'hébreu, langue du livre, et le Yiddish, langue dans laquelle s'était constituée toute une littérature européenne. [...]
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