Remarque préliminaire : avis personnel sur l'ouvrage
Dès les premières pages du livre, le lecteur comprend pourquoi l'Ancien Régime et la Révolution demeure un « classique » des sciences politiques. Finesse d'écriture, contenu extrêmement riche et original, notions toujours d'actualité : les travaux de Tocqueville sont indubitablement brillants. Nombre de ses constats sont toujours très actuels.
Quelques points de repères sur Alexis de Tocqueville
Né en 1805 à Paris, Alexis de Tocqueville (arrière petit-fils de Malesherbes, guillotiné en 1794) est nommé juge-auditeur au tribunal de Versailles en 1827, sur la demande de son père alors préfet de Seine-et-Oise. C'est dans le cadre de ses fonctions juridiques qu'il effectue son voyage aux Etats-Unis (il devait en effet réaliser une étude sur le système pénitentiaire américain) qui lui permettra d'écrire par la suite De la Démocratie en Amérique (premiers tomes publiés en 1835). Néanmoins, sa carrière de juriste est courte puisqu'il quitte le monde judiciaire en 1832. Il consacre alors son temps à l'écriture (il sera élu membre de l'Académie des Sciences Morales et Politiques en 1838), à la politique (député de 1839 à 1851) et aux voyages à l'étranger (Angleterre, Algérie et Allemagne) et en province. Il quitte définitivement la politique en décembre 1851 en raison de son opposition au Second Empire. Cette opposition transparaît dans l'écriture de l'Ancien Régime et la Révolution, comme nous le verrons par la suite.
Ses deux principaux ouvrages furent De la Démocratie en Amérique (1935) et l'Ancien Régime et la Révolution (1856). Ils obtinrent tout deux un succès important dès leur publication.
Tocqueville décède en 1859 à Cannes, moins de trois ans après son père.
Problématique générale de l'ouvrage
La principale motivation de Tocqueville est de replacer la Révolution dans le temps et dans l'espace, de la conceptualiser, car « pour comprendre la Révolution, il faut étudier ce qui l'a précédée ». Il apprit en effet de Guizot, dont il suivit les cours à la Sorbonne, à resituer les événements dans le long terme, à l'image de ce que préconisera plus tard l'Ecole des Annales. « Des liens invisibles mais presque tout puissants attachent les idées d'un siècle à celles du siècle qui l'a précédé ».
Sa démarche méthodologique, très novatrice, s'oppose à l'approche événementielle et quasi mythologique de la Révolution qui était celle des historiens de son époque. En ce sens, son travail s'apparente à une analyse historique pluridimensionnelle (aspects sociologiques, sociaux, sociétaux, moraux, religieux, etc.) fondée sur des preuves empiriques (actes administratifs, cahiers de doléances, etc.).
Ce travail va l'amener à étudier en profondeur l'Ancien Régime, afin de dégager les racines de la Révolution et son bilan « objectif ». Il décrypte les tendances lourdes qui traversent la société du 18e siècle et les divisions sociales d'alors, essaie de comprendre pourquoi la Révolution a eu lieu en France plutôt que dans d'autres états européens où le peuple était pourtant plus opprimé, étudie l'impact qu'a eu la situation politique, économique et sociale de l'Ancien Régime sur le caractère de la Révolution française, illustre une certaine continuité entre l'avant et l'après 1789 et analyse l'étendue de la transformation de l'Etat réalisée par la Révolution.
Tocqueville estime que le moment où il réalise son étude de la Révolution est idéal, ni trop tôt ni trop tard.
[...] Selon Tocqueville, l'Eglise a permis de renforcer la monarchie en lui fournissant une caution morale et en faisant respecter sa volonté. L'irréligion des révolutionnaires influença le cours de la Révolution, car leur rejet des autorités temporelle et intemporelle les empêchait d'agir avec scrupules et permettait tous les excès. mais une révolution aux allures de révolution religieuse Tocqueville estime que la Révolution française n'est comparable qu'avec des révolutions religieuses à l'image de la genèse et de l'essor du christianisme, ou de la Réforme. [...]
[...] passion de l'égalité est plus forte que la passion de la liberté : inconstance du peuple français et critique du Second Empire Tocqueville constate que la passion des Français pour la liberté est moindre que celle pour l'égalité. Les Français ont ressenti plus tardivement le besoin d'être libres que d'être égaux, et ce besoin semble disparaitre à intervalles réguliers. En 1789, ils tentèrent certes de concilier liberté et égalité, mais choisir de vivre égaux sous un maître en 1799. Tocqueville s'étonne de voir comment le peuple français se montre parfois capable de se soulever pour renverser un joug, tout en acceptant docilement qu'un autre le remplace peu après. [...]
[...] Il consacre alors son temps à l'écriture (il sera élu membre de l'Académie des Sciences Morales et Politiques en 1838), à la politique (député de 1839 à 1851) et aux voyages à l'étranger (Angleterre, Algérie et Allemagne) et en province. Il quitte définitivement la politique en décembre 1851 en raison de son opposition au Second Empire. Cette opposition transparaît dans l'écriture de l'Ancien Régime et la Révolution, comme nous le verrons par la suite. Ses deux principaux ouvrages furent De la Démocratie en Amérique (1935) et l'Ancien Régime et la Révolution (1856). Ils obtinrent tous deux un succès important dès leur publication. Tocqueville décède en 1859 à Cannes, moins de trois ans après son père. [...]
[...] Le pouvoir central apparait aux Français, et ce, dès l'Ancien Régime, comme le seul ressort de la machine sociale, l'agent unique et nécessaire de la vie publique car entre lui et les particuliers il n'existe plus rien qu'un immense espace vide Les Français attendent tout de l'Etat, chacun s'en prend au gouvernement de toutes ses misères L'émergence d'un ordre de juridiction administrative sous l'Ancien Régime Comme les parlements (tribunaux judiciaires) étaient les seules institutions sur lesquelles le pouvoir royal n'avait aucun pouvoir, celui- ci s'est arrangé pour écarter de leurs compétences les litiges impliquant les agents et les affaires publics. Ainsi, ces litiges relèvent de la compétence de l'intendant ou du Conseil de Royaume. Pourquoi la Révolution française a été si radicale et singulière ? Tocqueville essaie de comprendre pourquoi la Révolution française a été si singulière et pourquoi elle est incomparable avec les autres révolutions politiques. Il va démontrer que sa radicalité résulte du fait qu'elle visait à refonder tout l'ordre social, moral, religieux, administratif et politique. [...]
[...] Cette centralisation constitue, selon Tocqueville, le commencement de la Révolution puisqu'elle a permis d'accroitre l'égalité entre les sujets du roi et de rendre le fonctionnement de l'Etat plus démocratique (Tocqueville cite Louis 15 : c'est moi qui nomme mes ministres, c'est la nation qui les renvoie Il estime en outre que la centralisation est le mode d'organisation de l'Etat qui convient le mieux aux peuples démocratiques. La centralisation jacobine et napoléonienne s'est donc largement appuyée sur cette centralisation administrative préexistante, dont elle a changé les dominations et qu'elle a poursuivie. La centralisation a conduit à l'omnipotence de la capitale Selon Tocqueville, la prépondérance politique d'une capitale dépend de la nature de son gouvernement. [...]
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