Pierre Manent, né en 1949, est professeur de philosophie politique. Normalien, il est également agrégé de philosophie et directeur d'études à l'EHESS, ainsi qu'au Centre d'Etudes Politiques Raymond Aron. Ses travaux ont porté sur la question des formes politiques. Ses thèmes de prédilections sont donc ceux de la Cité, de la Nation, de la République. Pierre Manent privilégie généralement le point de vue libéral.
Dans La Raison des Nations, il s'intéresse à la question de l'effacement de la nation européenne. Dès l'avant-propos, il se demande quelles sont les causes du délitement de cette forme politique qui a pourtant su, pendant plus de sept siècles, faire tenir ensemble la société tout en lui donnant un sens. L'auteur s'attache donc à décrire le long processus de construction, puis de destruction de l'Etat-nation européen. Il va également s'intéresser aux grands évènements qui ont marqué l'évolution de la démocratie en Europe, entre autre il va mesurer l'impact qu'aura eu l'apparition de la question sociale. Pour finir, il va s'interroger sur la nature de l'Union européenne : quelle identité, quelles perspectives pour cette organisation qui semble aujourd'hui dépourvue de tout sens politique ?
Afin de comprendre de quelle manière l'auteur choisit de traiter ces grands thèmes, je m'intéresserai d'abord au contenu de l'œuvre, pour ensuite entamer une critique plus personnelle de l'œuvre.
[...] On peut citer de multiples exemples mais le plus frappant est celui du dossier iranien. Tandis que l'Administration Bush dit ne pas exclure une intervention militaire, les Européens s'attachent à poursuivre les négociations. Cette préférence pour la méthode douce peut aussi être interprétée comme un facteur d'affaiblissement de l'Etat- nation européen au sein de l' empire démocratique En ce qui concerne le débat sur l'abolition de la peine de mort, il est vrai que l'Etat perd de sa légitimité lorsqu'un meurtre est commis. [...]
[...] La peur ambiante risque alors de nuire à la cohésion de la nation, ce qui va contribuer à l'affaiblir encore plus. Pour finir, il est vrai que l'Europe, en poursuivant un élargissement qui semble indéfini, semble en quête d'une identité. La définition des valeurs européennes reste problématique. Si la majorité des pays membres est catholique, d'autres éléments culturels rassemblent ces pays, tels que la démocratie, les droits de l'homme . Ces éléments peuvent être mis en commun avec la Turquie et la religion ne devient plus nécessairement un obstacle majeur. [...]
[...] 17) Cette recherche incessante de la démocratie nous invite à définir cette dernière plus précisément. L'auteur, qui lui consacre le premier chapitre de son essai, propose la définition suivante : la démocratie, c'est l'égalité des conditions. (Manent, p. 21) On se place donc d'un point de vue tocquevillien. Pour Pierre Manent, deux grandes dates ont marqué l'évolution de la démocratie. En 1848 s'est ouverte une ère nouvelle, avec la publication du Manifeste du Parti Communiste et les sanglantes journées de juin à Paris qui suivirent la fermeture des Ateliers nationaux. [...]
[...] Par conséquent, l'Etat n'a le droit de mettre à mort aucun de ses citoyens, quelque criminel qu'il soit. Mais cet argument semble prêter à l'Etat plus de force qu'il n'en a vraiment. En effet, l'Etat exige de moi que non seulement je renonce à me faire justice moi-même, mais même que je renonce complètement à la légitime défense, sauf sous certaines conditions très restrictives. Mais dès lors qu'un meurtre est commis, mon sacrifice peut paraître vain et inutile. L'Etat souffre alors d'une perte de légitimité dans la mesure où il a manqué de conviction dans l'éducation de ses citoyens. [...]
[...] 66) C'est ainsi que s'ouvre un troisième chapitre consacré à la religion. Pour l'auteur, le monde présent s'organise selon des polarités politiques qui retrouvent les divisions religieuses. (p. 69) Ainsi, les relations internationales se résumeraient au conflit entre, d'une part, l'Occident chrétien et, d'autre part, l'islam, comme en témoignent les nombreuses guerres autour d'Israël. L'islam a trouvé sa forme politique : il s'agirait d'un empire dont les deux grands principes de force sont l'absence de divisions intérieures et le rapport au territoire. [...]
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