Álvaro Artigas est doctorant en science politique à l'Institut d'études politiques de Paris et rattaché au Centre d'études et de recherches internationales (CERI). Il est l'auteur d'Amérique du Sud : les démocraties inachevées, en collaboration avec Pascal Cauchy, professeur et secrétaire général de l'école doctorale de Sciences-Po.
L'ouvrage Amérique du Sud : les démocraties inachevées s'efforce d'offrir un regard problématisé et documenté sur l'évolution de l'Amérique Latine au cours des dernières décennies. Toutefois, le ton général est relativement critique par rapport à cette évolution, ce que le titre même du livre, « Les démocraties inachevées », souligne.
En effet, tout au long de l'ouvrage, l'auteur porte un regard sévère sur l'Amérique latine qui s'inscrit, selon Sébastien Dube, dans un cadre d'analyse précis de l'évolution du sous-continent: « Il y a plusieurs façons d'évaluer l'évolution générale des régimes politiques latino-américains au cours des dernières années et des dernières décennies. Selon les références que l'on adoptera, cette évaluation sera tantôt positive, tantôt négative (...). En adoptant un autre cadre comparatif, on peut arriver à la conclusion que tout optimisme est non avenu. Que ce soit la succession des crises économiques, le populisme récurrent dans la gestion des affaires publiques, la dégradation du tissu social à la suite des réformes des années 1980 et 1990 ou encore la hausse marquée de la criminalité, force est de constater qu'il y a effectivement des raisons de croire que la région ne se dirige pas sur la voie du développement aussi rapidement qu'on le souhaiterait. Les régimes autoritaires ont pratiquement tous disparu, il n'en demeure pas moins que la « qualité » de la démocratie, elle, semble stagnante à plusieurs égards. »
[...] Enfin, Alvaro Artigas analyse les divergences autour du projet même d'association. Deux visions opposaient les membres du Mercosur: d'un côté, le Mercosur comme étape vers la libéralisation des échanges mondiaux, et de l'autre, le Mercosur comme bloc régional à l'identité distincte. En d'autres termes, il s'agissait de définir l'enjeu de l'intégration régionale promue par le Mercosur: une simple étape vers l'intégration mondiale, ou un objectif à visée plus restreinte quant à son échelle d'application (visant à l'unification économique du sous-continent)? [...]
[...] L'intégration régionale en Amérique du Sud: limites et avenir Alvaro Artigas commence d'emblée par établir un constat peu optimiste de la situation interne de l'Amérique du Sud, mettant ainsi en question l'existence d'une telle entité unifiée et constituée en tant que telle. En effet, selon Alvaro Artigas, l'utopie symbolique et imaginaire d'un continent uni semble se heurter sans cesse à la réalité d'une Amérique du Sud divisée par les tensions internes entre les différents États qui la constituent. Ces tensions, comme on le verra, ont de multiples causes, depuis les inégalités de développement économique entre les différents pays d'Amérique du Sud, jusqu'aux problèmes de relations inter-étatiques tendues entre pays voisins (l'Argentine et le Chili par exemple), en passant par la concurrence existant entre les États les plus puissants de l'aire géographique, sur un plan économique (principalement les relations extrêmement compétitives entre le Brésil et l'Argentine, à de nombreux niveaux - ici Alvaro Artigas cite notamment la concurrence en termes de développement des programmes atomiques). [...]
[...] Dans le second temps de son argumentation, Alvaro Artigas choisit de s'attacher davantage à l'analyse de l'ouverture de l'Amérique latine à l'échelle mondiale, s'interrogeant dès lors sur la place de l'Amérique du Sud en tant qu'acteur de la mondialisation, sur les conditions requises pour la réussite de cette intégration mondiale: comment envisager, en effet, l'affirmation identitaire du continent sud-américain sur la scène internationale? Soulignons, pour finir, la pertinence du choix d'un plan par échelles pour traiter le problème de l'intégration de l'Amérique du Sud : en effet, il semble que le traitement de la question de l'intégration mondiale ne soit abordable qu'à la lumière d'une analyse préalablement approfondie quant au sujet de l'unité régionale de l'Amérique du Sud. [...]
[...] Tout d'abord, la modération de l'engagement des secteurs économiques. En effet, la coopération économique n'est pas allée jusqu'à un abaissement des barrières commerciales pour les produits des industries concurrentes, notamment entre le Brésil et l'Argentine pour lesquels Alvaro Artigas évoque une faible volonté d'intégration des industries (p.206). Ensuite, l'auteur se penche sur la dégradation des relations au sein du bloc, qui comporte deux volets: d'une part, les dissymétries des pays membres, et d'autre part, les tensions entre le Brésil et l'Argentine[2]. [...]
[...] Cependant, les tendances lourdes de la région empêchent la convergence des économies. En effet, les pays du Pact Andin sont fortement centralisés, avec des économies similaires, mais pas complémentaires (p.199). En outre, les chocs pétroliers et la crise des années 1980 ne font qu'aggraver les difficultés rencontrées par cette tentative de convergence économique. Pour Alvaro Artigas, cette période de tentatives infructueuses montre l'incapacité des pays sud-américains à instaurer une union économique, ne serait-ce qu'une zone de libre-échange (p.200). Le bilan est donc le suivant: une difficile convergence économique, une improbable intégration régionale dans un contexte international défavorable marqué par le protectionnisme des pays latino-américains, doublé d'une absence d'ouverture aux échanges régionaux. [...]
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