En 1997, Olivier Dabène publie Amérique latine, la démocratie dégradée dans lequel il dresse un bilan sur l'état des démocraties latino-américaines. Le principal objet de son argumentation amène le lecteur à conclure un appauvrissement de « l'authenticité démocratique » de cette région du monde. En sept chapitres, l'auteur nous explique les facteurs et les conséquences de cette dégradation de la démocratie.
D'abord, la démocratie n'a rien de nouveau pour les Latino-Américains, puisque plusieurs pays de l'Amérique latine sont devenus des démocraties dès leur accession à l'indépendance. Cependant, les démocraties renaissantes depuis le début des années 1980 se heurtent à des archaïsmes sociaux, économiques et culturels. Elles sont aussi rattrapées par la tradition politique clientéliste héritée de la période coloniale. De plus, la démocratie déroge à deux points fondamentaux en Amérique latine que sont l'équité et la sécurité. En effet, les écarts de richesses sont tels qu'ils engendrent des frustrations et débouchent sur de la violence. Cela contribue au délitement du contrat social.
[...] De surcroît, Olivier Dabène signale deux éléments de cette crise. D'abord, on remarque depuis le début de la décennie 1990, l'augmentation exponentielle du coût des campagnes électorales. Ce qui débouche parfois sur des scandales de corruption (cf. ouverture d'enquête sur le financement de la campagne électorale du Président colombien Sempar en 1996). L'auteur évoque aussi l'absence politique de la gauche latino-américaine, elle n'offre pas de solution de rechange et peine à retrouver place sur la scène politique. L'auteur l'a décrit comme prise entre une éthique de responsabilité qui la rapproche du pouvoir et une éthique de conviction qui l'en éloigne Ces facteurs encouragent l'arrivée d'outsiders dans les années 1990. [...]
[...] En effet, l'Amérique latine demeure la région où l'écart entre les pauvres et les riches est le plus important au monde. Cependant, Georges Couffignal parle d'une sorte de plébiscite des procédures démocratiques qu'il n'est pas négligeable de souligner. Les institutions ont donc bien fonctionné lors de ces élections et affirment donc un ancrage des valeurs démocratiques dans les pratiques politiques latino-américaines. De plus, le populisme en tant qu'offre politique a fortement diminué en Amérique latine. Néanmoins, la pratique populiste progresse et semble trouver son incarnation en la personne de Chavez. [...]
[...] En effet, cette réconciliation ne peut être faite sans justice. Or dans la plupart des cas, les militaires se sont retirés volontairement du pouvoir et il est délicat pour les nouveaux élus de les incriminer. Par ailleurs, la réconciliation en Amérique centrale a été une grande réussite grâce à la mise en place des CNR. Ces comités ont encadré la cessation des hostilités et ont veillé à la condition d'honnêteté pour les élections. Ainsi, en Amérique centrale, la réconciliation est allée de pair avec la pacification mais aussi la démocratisation. [...]
[...] En conséquence, on a assisté à une désaffection de la démocratie de la part de la population latino-américaine. Ce virage à gauche dénote une forte mobilisation des couches sociales défavorisées en faveur d'élus qui leur ressemblent. Olivier Dabène, Amérique latine, la démocratie dégradée, Paris, Ed. Complexe p.34. Olivier Dabène, Amérique latine, la démocratie dégradée, Paris, Ed. Complexe p.75. Opus citatum, p.76. Olivier Dabène, Amérique latine, la démocratie dégradée, Paris, Ed. Complexe p.110. Opus cit., p Couffignal Georges, Des démocraties pour les pauvres ? Réflexions sur l'évolution politique en Amérique latine, Amérique latine 2007. [...]
[...] L'offre politique en Amérique latine est en crise. Par tradition, le Parlement n'a pas une grande place dans cette région. C'est plutôt l'homme politique qui est au cœur de la vie politique. Ce qui a toujours favorisé le clientélisme au sein de ses sociétés. La démocratisation des années 1990 a encouragé la création de partis politiques. Cependant ces partis aux contours mal définis demeurent vraisemblablement sans alternative politique claire. Le paysage partisan de l'Amérique latine est issu d'une progressive sédimentation. [...]
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