A la différence de l'Afrique et de l'Asie qui firent partie depuis l'antiquité de l'univers des cosmographes européens, l'Amérique y fit irruption à la fin du XV° siècle à la suite des voyages de C. Colomb. « Nostre monde vient d'en trouver un autre » écrit Montaigne dans son essai publié en 1588, « Des Coches », après avoir dialogué avec des Indiens venus en France à la cour de Charles IX. Le XVI° siècle est le point de départ pour l'élaboration de territoire latino-américains : il s'agit d'une rupture, d'une bifurcation historique qui intéresse tous les domaines de la société. Décrire, cartographier, nommer ce continent fut un travail de longue haleine : en 1507, à Saint-Dié-des-Vosges, est publiée la Mappemonde de Martin Waldseemüller où apparaît pour la première fois le mot « Amérique », d'après le nom du navigateur Amerigo Vespucci : pour la première fois, l'unité de l'Amérique est établie. La connaissance des lieux et la topographie furent perfectionnées tout au long des siècles suivants : les navigateurs remontent les grands fleuves aux XVI° et XVII° siècles et recherchent le passage Nord-ouest entre les océans - la cartographie minutieuse du littoral de la Patagonie et des grands fleuves se prolonge jusqu'au XIX° siècle ; l'intérieur des terres fut décrit par les divers explorateurs (missionnaires, homes de guerre, chroniqueurs, aventuriers) qui dessinent le portrait de ce continent à travers des mythes, comme celui des Amazones que certains crurent apercevoir le long du fleuve qui porte aujourd'hui ce nom, ou encore celui de l'Eldorado ou de la Cité de Césars que les uns et les autres placent en divers points du continent. Les Lumières du XVIII° siècle voient succéder à ces explorateurs des voyages systématiques de savants mandatés par les Etats européens qui améliorent la cartographie du continent et l'inventaire des richesses. Cette entreprise de connaissance géographique a un terme : l'appropriation de l'ensemble des Amériques par les Etats nations. Cette dimension géopolitique marque très tôt l'Amérique. Le partage du monde par la bulle papale de Tordesillas en 1494 fait entrer l'Amérique de plein pied dans les rivalités entre Espagne et Portugal. Ainsi, dès la fin du XV° siècle se dessinent les prémices d'une véritable mondialisation étendue à toute la surface de la terre et non plus au seul espace clos méditerranéen. Cette division ouvre la voie à la latinisation du continent. Des changements politiques s'opèrent. Face à un si vaste ensemble, si distant des capitales, les monarchies doivent imaginer des formes originales d'administration, de délégation du pouvoir et de contrôle, laissant une certaine autonomie. Avec les Leyes de Indias, s'élaborent des normes européennes adaptées au Nouveau Monde. Les systèmes politiques, qui combinent aspirations à la démocratie et autoritarisme voire violence, attachement aux traditions et attrait pour les révolutions, sont encore empreints de ce passé. Ce dernier trait relève de la dimension culturelle qui est au cœur de la définition de l'Amérique Latine. Il s'agit d'un métissage complexe entre fonds précolombiens et apports coloniaux. La latinité américaine est avant tout hybride. Elle recueille et réinterprète de multiples traditions, à commencer par les langues avec, dans l'unité linguistique, des nuances régionales caractéristiques : de volumineux dictionnaires d'américanisme tracent une géographie linguistique de l'ensemble. Le métissage se retrouve dans la religion, où un puissant substrat catholique se mêle aux croyances antérieures, comme l'attestent les diverses fêtes et croyances. Des syncrétismes tricontinentaux s'inventent comme dans le candomblé de Bahia ou le vaudou caraïbe, ou de nouvelles religions plus ou moins originales comme celle des adeptes du temple de la vallée du soleil levant à proximité de Brasilia. Ainsi, entre les éléments forts de l'organisation sociale que sont les cadres juridiques et politiques gouvernant les rapports entre les individus et les groupes, les éléments culturels qui organisent les système de valeur et de référence, les cadres de la connaissance et de la descriptions des territoires, se constituent les sociétés latino-américaines.
[...] - Les pressions : Dans les années 60-70, les régimes militaires eurent le souci d'étendre la souveraineté nationale aux angles morts, de contrôler les vides face aux convoitises des voisins (confins patagoniens de l'Argentine et du Chili). D'autres opérations furent menées pour extraire des minerais et du pétrole (ds les piémonts préandins de l'Equateur et du Pérou). L'évolution des techniques mit aussi à profit les gisements de la Serra dos Carajas, ds le Para brésilien (le + gd gisement de fer mondial, sans oublier le cuivre, le nickel et l'or). [...]
[...] A cet appel au secteur privé s'est ajouté un engagement de l'Etat dans les grandes entreprises, la technologie et la réalisation d'infrastructures, notamment routières. On connaît cette tendance volontariste qui se constitue peu à peu en doctrine comme le développementisme (desarrollismo) ou le cépalisme car les experts de la CEPAL et notamment l'Argentin Raul Prebisch en furent les principaux théoriciens. A l'abri des barrières douanières, les entrepreneurs se lancent dans divers secteurs de biens de consommation élaborés : agro-alimentaire, électroménager, textile, chaussure dans un premier temps, il est facile de se doter d'industries de biens de consommation simples, ne demandant que peu d'investissements et une technologie facilement accessible. [...]
[...] Espaces en voie d'abandon : le recensement agricole brésilien de 1996 montrait une contraction de l'espace agri pour la 1ère fois depuis l'arrivée des Portugais. Le Rio Grande do Sul a vu sa surface forestière augmenter de près de km2 en 15 ans, par abandon des exploitations les plus marginales. Cela est dû à l'essoufflement de la croissance, à la technisation de l'agri, qui exige d'amples moyens financiers, à l'épuisement des sols, et au mvt de concentration des terres au bénéfice des éleveurs (les densités s'affaissent également). [...]
[...] La valorisation du métis est aussi celle de l'indien (cf. au Mexique création de l'INI, l'Institut national indigéniste, en 1940, permettant une éducation bilingue ; les fresques de Diego Rivera qui ornent les murs du palais national de Mexico retracent l'histoire nationale, depuis les temples aztèques jusqu'à la révolution de 1910 ses figures métisses mythiques, comme Emiliano Zapata et Pancho Villa). La construction des identités nationales, au cours du XIX° et du début du siècle marqué par les populismes (Cardenas au Mexique, Peron en Argentine passe par la nationalisation de la culture, l'appropriation nationale des genres, la valorisation de l'originalité de leur pratiques pour que le peuple rencontre sa culture (cf. [...]
[...] On assiste à une criminalisation de la pauvreté Durant les deux dernières décennies, dictatures militaires et révolutions disparaissent progressivement. Pour autant, il est difficile d'affirmer que la stabilité politique a été restaurée durablement. De 1990 à 2001, sept présidents ont été obligés de démissionner à la suite de procédures d'empêchement mises en œuvre par les parlementaires. Perte de légitimité interne, crise politique prolongée, manifestations continues poussent les députés à démettre les chefs d'Etat accusés de corruption. La société civile tende à assumer un rôle de plus en plus important dans les affaires politiques. [...]
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