La ségrégation est généralement perçue en Europe comme une conséquence des inégalités de revenus entre les individus qui s'organisent en quartiers en fonction des prix de l'immobilier. Mais au vu de la situation dans les principales villes des Etats-Unis que Massey et Denton étudient en 1995, il semble que le facteur socio économique ne suffise pas pour expliquer les dynamiques importantes de ségrégation dans leur ensemble. Ainsi, les auteurs montrent que la forte ségrégation des Noirs aux Etats-Unis est à corréler à la discrimination raciale dont ceux-ci sont victimes. Contrairement aux hispaniques et aux asiatiques (sauf les hispaniques noirs), la ségrégation des Afro Américains ne s'estompe pas quand leurs revenus s'accroissent.
Il s'agit de se demander dans quelles mesures les questions raciales sont au cœur des logiques de ségrégation aux Etats-Unis.
[...] Les acteurs déforment les lois du marché. D'une part, les Blancs anticipent et provoquent la baisse des prix sur le marché de l'immobilier avec l'arrivée d'une trop grande population noire dans le quartier. Les dynamiques de ségrégation raciale entraînent donc une baisse des prix indépendamment des logiques de marché. De plus on a vu que les institutions financières et immobilières vont contre les lois du marché : revenus = pas le premier déterminant. Pour deux personnes de mêmes revenus, taux d'intérêt plus ou moins hauts selon la couleur de peau. [...]
[...] Néanmoins leur préférence d'habiter quartiers mixtes à 50% n'est pas conciliable avec les préférences des blancs. En fait, il y a un décalage entre ce qu'ils défendent l'accès égalitaire au logement en 1978) et leur seuil de tolérance à la cohabitation avec les noirs par exemple si un quartier atteint un pourcentage de 21% de noirs, la moitié des blancs interrogés disent refuser de s'y installer, et un quartier à moitié noir signifie 84% de blancs qui refuseraient d'y habiter se sentiraient gênés et 64% essaieraient de le quitter. [...]
[...] American Apartheid, Massey et Denton: les causes persistantes de la ségrégation La ségrégation est généralement perçue en Europe comme une conséquence des inégalités de revenus entre les individus qui s'organisent en quartiers en fonction des prix de l'immobilier. Mais au vu de la situation dans les principales villes des Etats-Unis que Massey et Denton étudient en 1995, il semble que le facteur socio-économique ne suffise pas pour expliquer les dynamiques importantes de ségrégation dans leur ensemble. Ainsi, les auteurs montrent que la forte ségrégation des Noirs aux Etats-Unis est à corréler à la discrimination raciale dont ceux-ci sont victimes. [...]
[...] Pour quelques observateurs, l'appartenance à une classe est plus déterminante que la race. Les auteurs de ce livre les critiquent fortement ce point de vue qui était prédominant chez les sociologues du début des années 1990. Ceux-ci établissaient en effet des études sur les populations underclass et cela leur évitait d'évoquer les questions raciales (Norman Fainstein, 1993). D'après ce dernier, les études sur la ségrégation en fonction de la race mettent fin aux hypocrisies et posent le problème tel qu'il est réellement. [...]
[...] Malgré ces critiques, on a vu que le texte de Massey et Denton a le mérite de réintroduire les questions de race dans le débat sur la ségrégation. Leur livre vise à lancer le débat car pour eux, le ghetto fait maintenant partie intégrante de la société américaine et il a été conçu par les Blancs pour isoler et contrôler la croissante population Noire et qui se maintient à cause d'un ensemble d'institutions, pratiques et attitudes ancrées dans la vie américaine Dans leur livre, ils proposent alors de faire tomber les murs du ghetto grâce à l'implication de la population et un engagement à tous les niveaux de l'administration fédérale. [...]
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