"Identité et violence" est une œuvre rédigée par Amartya Sen, un des économistes les plus respectés au monde et prix Nobel d'économie 1998. Il est également enseignant à l'Université Harvard. Publiée en 2006, cette œuvre constituée de neuf chapitres remet progressivement en cause la conception univoque de l'identité pour démontrer qu'il n'existe pas de véritable opposition entre l'Occident et l'Orient comme le prétendent certains intellectuels.
Il analyse ainsi la notion de l'identité à différentes échelles: individuelle, la société puis l'individu au sein d'un environnement mondialisé.
[...] On peut en dire tout autant de la classification fondée sur la religion puisqu'elle empêche d'envisager autrement l'individu qu'à travers sa religion. Ceci se manifeste aujourd'hui dans les sociétés occidentales où on n'envisage l'individu de confession musulmane qu'à travers l'Islam. Ce qui, selon Amartya Sen, ne contribue qu'à amplifier la voix des autorités religieuses et empêche de lutter efficacement contre le terrorisme. En atteste le modèle britannique, heurté en juillet 2005 par des attentats commis par des Britanniques eux-mêmes. Pourtant, lorsque l'on analyse le terrorisme, on remarque qu'il est lui-même lié à une idéologie qui se dit fondamentalement antioccidentale. [...]
[...] La première consiste à ignorer l'influence de l'identité en privilégiant l'analyse des valeurs et comportements individuels. C'est justement le sens du Code des Catégories socio-professionnelles, instrument élaboré par l'INSEE afin de déceler les comportements économiques des Français. En effet, celui-ci insiste peu sur les genres, origines, ou encore convictions religieuses et privilégie les outils de mesure économique. La seconde s'appuie sur le modèle de l'individu rationnel profondément égoïste. Cette dernière forme de réductionnisme assimile donc, selon Amartya Sen, des personnages tels que le mahatma Gandhi ou Martin Luther King à des imbéciles puisque, en menant des combats au nom des droits civiques, ils font passer l'intérêt collectif avant leur intérêt individuel et égoïste. [...]
[...] Particulière: il peut s'agit d'une juxtaposition d'identités nationales, religieuses, ethniques, etc. Dans cette perspective, on remarque ainsi que la violence est souvent associée aux conflits d'identité: en témoignent les exemples du Rwanda où les identités raciales (Hutus, Tutsis) ont donné lieu à un génocide, ou encore au Soudan où un génocide se déroule au Darfour. Ainsi pour contrer ces identités belliqueuses, Sen insiste sur l'idée selon laquelle il faut promouvoir des identités dites concurrentielles. Pour exemple, plutôt que de promouvoir des identités nationales, religieuses et autres, il faudrait revenir à l'identité d'humain, d'ouvrier ou encore de citoyen dans la mesure où celles-ci sont des identités universelles, englobantes, qui limitent donc le risque de conflits basés sur l'identité. [...]
[...] Cependant, l'intellectuel indien attire l'attention sur les dangers de conserver une posture victimaire. En prétendant être "autres" qu'occidentales, en envisageant cette unique identité opposée à celle "occidentale" ces sociétés contribuent également au développement du fondamentalisme et du terrorisme. Ici aussi Outre les critères civilisationnels et religieux, la culture- qui constitue 1 élément important de notre identité - peut servir l'idée d'une division du monde fondée sur la culture et générer des conflits. C'est le cas pour les généralisations culturelles portant sur la notion de groupes ethniques, religieux ou nationaux. [...]
[...] La première identité n'a aucun sens lors d'un entretien d'embauche, mais en prendra un lorsqu'il y aura un repas. Inversement, être étudiant en sciences politiques n'a aucune importance si on souhaite dîner. Il apparaît donc que l'approche identitaire généralement employée et reconnue au sein des sociétés contemporaines semble erronée dans la mesure où elle insiste sur les différences et fait fi des ressemblances entre êtres humains. Ce qui est générateur de conflits et de tensions. II. Les conséquences des classifications identitaires fondées sur une approche erronée de l'identité A. [...]
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