Né en 1933 à Santiniketan, dans l'Ouest du Bengale, Amartya Sen a vécu l'émergence progressive de la jeune démocratie indienne. Après avoir étudié à Calcutta puis à Cambridge en Angleterre, cet économiste humaniste s'est fait connaître pour ses travaux sur la théorie du choix social qui a pour objet d'analyser la relation entre préférences individuelles et décisions collectives. Il démontrera ainsi que le paradoxe de « la démocratie impossible » de K.Arrow peut être résolu sous certaines conditions. Enseignant à Harvard et ancien directeur du Trinity College de Cambridge, Sen a reçu le Prix Nobel d'économie en 1998 pour ses travaux sur la famine où il considère que la démocratie est le seul rempart efficace.
Ainsi, la démocratie apparaît en filigrane à travers l'ensemble de son œuvre. Sa pensée originale est de démontrer le caractère à la fois nécessaire et complexe de la démocratie. C'est dans cette optique qu'il rédige La démocratie comme valeur universelle en 1999 et Les racines globales de la démocratie en 2003 qui constituent les deux articulations de La démocratie des autres.
Dans cet ouvrage relativement court et peu théorique, Sen mène une réflexion à l'intersection de la science économique et de la philosophie politique. Il s'emploie à démontrer que le renforcement et la diffusion de la démocratie sont véritablement « le grand défi de notre temps » (p.10). Cette affirmation se fait l'écho de la thèse de l'auteur : la démocratie est une valeur universelle aux racines globales. La démocratie est en effet généralement considérée comme l'apanage de l'Occident, une valeur que ce dernier s'est souvent donné pour mission d'introduire dans les pays qui en sont privés. Dans le contexte des attentats du 11 septembre 2001 et de l'invasion américaine en Afghanistan et en Irak, cette réponse s'inscrit notamment en faux contre la thèse du Choc des civilisations de S.Huntington.
[...] En premier lieu, la démocratie possède une valeur intrinsèque pour la vie humaine et le bien-être des personnes (p.70). La liberté et la participation à la vie politique font partie des fondements de la nature humaine. La démocratie permet effectivement à l'individu de se réaliser pleinement à travers elle. Deuxièmement, la démocratie a une valeur instrumentale, comme nous l'a montré l'exemple de la famine indienne, car elle permet aux individus d'être pris en compte, de revendiquer leur existence et l'importance de leurs choix politiques. [...]
[...] Or seule la démocratie et les droits civiques et politiques qu'elle suppose, peut permettre à l'individu d'exister dans le processus décisionnel. Cet argument prend tout son sens dans l'analyse de la famine. Sen démontre en effet que la démocratie, à cause du débat public, permet une lutte efficace contre les catastrophes naturelles. En effet, un gouvernement ne peut résister à la critique populaire : il a besoin du soutien du peuple et pour cela il s'engage dans une lutte efficace contre la famine. [...]
[...] Cette affirmation se fait l'écho de la thèse de l'auteur : la démocratie est une valeur universelle aux racines globales. La démocratie est en effet généralement considérée comme l'apanage de l'Occident, une valeur que ce dernier s'est souvent donné pour mission d'introduire dans les pays qui en sont privés. Dans le contexte des attentats du 11 septembre 2001 et de l'invasion américaine en Afghanistan et en Irak, cette réponse s'inscrit notamment en faux contre la thèse du Choc des civilisations de S.Huntington. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle la démocratie peut constituer l'étendard de cette construction d'un espace politique commun. C'est du moins, ce que suppose Amartya Sen lorsqu'il déclare : aujourd'hui, une compréhension plus complète des exigences de la démocratie et de l'histoire globale des idées démocratiques peut contribuer de façon substantielle à améliorer la pratique du politique et [ ] dissiper la brume artificielle qui obscurcit l'évolution adéquate de la situation actuelle. [...]
[...] Tout d'abord la tradition du débat public s'inscrit véritablement dans l'héritage bouddhiste dans l'Inde ainsi que toute l'Asie Orientale. L'importance que les intellectuels bouddhistes attachaient à la délibération publique conduisit non seulement à de vastes échanges sur des sujets religieux et séculiers en Inde, en Asie de l'Est et du Sud-est, mais elle fut également à l'origine des premières assemblées générales (p.29). Cette influence bouddhiste sur le développement de la communication publique, qui se renforça par l'invention de l'imprimerie constitue véritablement une partie de l'héritage démocratique. [...]
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