L'histoire de l'Afrique du Nord romaine classique est encore au début du XIX° siècle largement ignorée ; elle est fragmentaire puisqu'elle s'élabore à partir des historiens et géographes antiques et des sources juridiques romaines qui n'ont jamais traité la question dans son ensemble. En revanche, est moins mal connue l'histoire du christianisme africain puisqu'un jésuite Etienne-Antoine Morcelli a écrit dès 1816-1817 une Africa Christiana en trois volumes, vaste compilation non critique des sources chrétiennes connues, essentiellement hagiographiques. A partir du XIII° siècle, les Européens qui décrivent ces régions sont essentiellement des voyageurs. Nous devons notre premier témoignage sur l'Afrique du Nord à Thomas d'Arcos : prisonnier des pirates, libéré, il se convertit à l'Islam, demeure sur place et échange, à partir de 1632, une correspondance avec l'épigraphiste humaniste provençal Nicolas de Peiresc à propos des inscriptions de Thugga. Th. Shaw (1691 ? – 1743) séjourna 12 ans à Alger comme chapelain du comptoir britannique : son Voyage dans la régence d'Alger (1738) se veut une vision ethnographique élaborée à partir de la croyance selon laquelle les habitudes arabes et kabyles ressemblent à celles des Africains décrites par Salluste. Les ruines et les témoignages antiques n'occupent qu'une place secondaire dans ces récits. L'expédition française de 1830 contre le bey d'Alger qui se conclut par la prise de la ville va mettre au premier plan l'intérêt pour l'Antiquité.
[...] L'histoire de l'Afrique romaine, construite à l'époque coloniale est imprégnée de faits contemporains. Le recours dogmatique à la notion d'indigène, appelée souvent berbère, présume une continuité profonde entre la situation antique et celle du début du siècle. De même, elle recourt au déterminisme géographique en opposant plaines et montagnes en associant massif accidenté, zones de refuge et berbérie. Ce thème des plaines romanisées s'opposant aux zones montagneuses, foyers de résistance indigène, artificiellement crée par une lecture orientée des sources, sous-tend la thèse de Christian Courtois, Les Vandales et l'Afrique (1955), qui juxtapose un monde berbère et le monde romain. [...]
[...] Apulée est le seul auteur classique d'origine africaine ; il est issu d'une famille dirigeante de Madaure. Mais, symbole des lettrés hellénophones, il ne fait guère mention de ses connaissances africaines. Seule son Apologie, morceau d'éloquence prononcé lors d'un procès jugé entre 148 et 161, fait allusion à sa vie personnelle : il st en effet accusé de magie pour avoir épousé Pudentilla, riche veuve de la ville de Tripolitaine d'Oea, qui aurait été séduite par des philtres donnés par Apulée. [...]
[...] Orientée vers la production primordiale des denrées dont le marché romain a besoin, céréales, oléiculture et viticulture, l'économie agricole africaine est prospère. L'exportation de ces produits va faire de la capital de l'Africa, Carthage, à la fois une très grande ville et le principal port de l'Occident méditerranéen ; cette prospérité est rendue possible par l'incitation des empereurs à produire et commercialiser des produits de masse dont Rome a besoin. Elle fait vivre une majorité de population et permet des ascensions sociales. [...]
[...] Le commerce actif est aux mains des Italiens regroupés en conuentus de sites côtiers mais aussi des notables des grands ports de Byzacium, Hadrumète, ou du golfe des Syrtes, Sabratha, Lepcis Magna et Oea. Les Flaviens ont intégré des vétérans à la population de nouveaux municipes et ont crées quelques déductions militaires. Les Antonins amplifient une politique de déductions coloniales à partir de vétérans. Nerva agit à l'intérieur des terres pour prolonger l'action de Cirta vers l'ouest ; Trajan établit des installations sur le flanc nord de l'Aurès. [...]
[...] Remarquons aussi que le poids de l'héritage historique fut tel que la Carthage romaine ne joua jamais le rôle de capitale pour l'ensemble des territoires du continent africain, rôle que remplit Lyon pour les Gaules avec l'installation d'un autel du culte impérial. La politique flavienne se poursuit de manière identique à celle des Antonins. Le règne de Trajan marque la fin des déductions coloniales d'origine militaire ; 2 inscriptions nous apprennent que ce prince a fondé la colonie de Thamugadi en 100, colonia Marciana Traiana. Les 2 épithètes associent le souvenir du conditor à celui de sa sœur Marciana. [...]
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