L'histoire de la géopolitique est assez comparable au mythe de Phaéton qui, pour faire la preuve de la grandeur de ses origines, voulut conduire le char d'Hélios. Le char, qui ne devait pas être conduit par un mortel, ne put être manié par Phaéton de manière correcte, navigant à tort et à travers, semant le désordre sur son passage, menaçant de détruire l'univers. Zeus, soucieux d'éviter au monde de plus amples dégâts, foudroya le char, précipitant Phaéton dans le fleuve Eridan où il périt. On appela ce mythe la chute de phaéton. Si la géopolitique n'a pas directement menacé l'univers de destruction, elle a connu une phase d'ascension vaniteuse la conduisant à l'hybris, à vouloir présenter un modèle explicatif global des relations entre l'espace et le politique. Au départ branche parmi d'autres de la science-politique, la géopolitique a eu une tendance à vouloir dominer l'ensemble de la discipline. C'est après les conflits liés aux nationalismes à la fin du XIXème siècle et au long de la première moitié du XXème que la géopolitique a connu sa chute, abandonnée à cause de sa compromission au pouvoir, critiquée pour son aspect déterministe. Or force est de constater qu'aujourd'hui la géopolitique est présente aussi bien dans le cadre universitaire que dans les médias. Les conflits impliquant des minorités ethniques ou des questions de ressources gagnent en lisibilité et en clarté dès lors que l'on utilise des éléments de la géopolitique. Oui mais une autre géopolitique, car il ne s'agit pas de revenir à une géopolitique déterministe et soumise au pouvoir politique. La géopolitique contemporaine doit retrouver sa place dans les sciences politiques, une place qu'elle s'était elle-même refusée à prendre à cause de ses trop grandes prétentions.
L'étude que nous nous proposons de faire ici, a pour objectif de présenter l'évolution des systèmes ou modèles géopolitiques des pères fondateurs de la géopolitique anglo-saxonne, vers la géopolitique moderne de Zbigniew Brzezinski, avec comme problématique de fond l'apparition d'une nouvelle géopolitique telle que développée par Gérard Dussouy
[...] Plusieurs configurations de forces sont constatables : Une alliance opposant Etats du rimland associés à la Grande- Bretagne, à une autre comprenant des Etats du rimland associés à la Russie ; ou bien encore la Russie alliée à la Grande-Bretagne contre une puissance dominant le rimland. Son modèle géopolitique est donc moins simple et dispose d'un caractère moins généralisant que celui de Mackinder. Plusieurs exemples historiques permettent à Spykman d'avancer l'idée que le rimland, joue, plus que le heartland, un rôle déterminant dans les principaux rapports de forces mondiaux. Le plus frappant est l'exemple de l'intervention américaine lors des deux Guerres Mondiales. [...]
[...] Ibid., p 21. Brzezinski Zbigniew, Le Grand Echiquier, Bayard p 68. Brzezinski Zbigniew, Pour une nouvelle stratégie américaine de paix et de sécurité, p 499. Le continent eurasiatique comprend deux des trois régions les plus productives au monde de la population mondiale du PBN mondial, permet l'accès au continent africain, une position géopolitique périphérique au continent américain et à l'Océanie. On y trouve tous les Etats les plus puissants, les plus développés et les plus dynamiques après les Etats-Unis. Ibid, p 57. [...]
[...] Le président Bush était partisan de l'envoi au monde d'un signal fort qu'il n'est pas possible d'attaquer le sol américain en toute impunité. Si les attentats furent rapidement attribués au groupement terroriste Al Qaida, certains membres du cabinet menés par le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et son assistant Paul Wolfowitz étaient favorables à une guerre contre l'Irak de Saddam hussein. La préférence de ces membres de l'administration pour une guerre contre l'Irak en dépit de l'absence de tout lien avéré avec les attentats soulève une question importante : pour quels motifs vouloir profiter de la confusion et de la colère qui régnaient après les attentats pour désigner un ennemi qui manifestement n'était pas impliqué dans les attentats ? [...]
[...] Aussi le retour de la géopolitique ne doit pas signifier une rupture avec, mais plutôt une insertion dans les réflexions des relations internationales. La première chose que constate Gérard Dussouy, c'est qu'en voulant mettre en relation politique et espace, la géopolitique a toujours eu tendance à s'en tenir au rapport entre politique et territoire. Or ce dernier n'épuise pas l'analyse de la relation entre espace et politique. Il faut croire que les géopoliticiens n'ont pas suffisamment conceptualisé l'espace[32] La seconde question qu'il pose concerne la relation que doivent entretenir science politique et géopolitique. [...]
[...] Ce qui est certain, c'est que l' expansion de la puissance américaine, idée centrale de la politique étrangère de Bush, implique de redessiner la carte du Moyen-Orient. Cette perspective implique le contrôle américain de l'Irak[54] Comme il apparaît dans le manifeste des néo-conservateurs, certains au sein de l'administration Bush voudraient même faire plus, en contrôlant la Syrie, l'Iran. Beaucoup de ces desseins datent de bien avant le 11 septembre, et sont aujourd'hui menés sous l'étiquette de Guerre contre le terrorisme[55] En tous les cas, le petit test empirique proposé pour la guerre en Irak a montré que le cas se prêtait bien à une analyse pluridisciplinaire mêlant éléments géopolitiques au concept largement répandu en relations internationales de puissance nationale. [...]
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