« Nous ne sommes pas encore libres, nous avons seulement atteint la liberté d'être libres.» (Nelson Mandela).
Nelson Mandela, ancien Président de la République d'Afrique du Sud et prix Nobel de la Paix en 1993, avec cette déclaration, a bien résumé l'écart qui peut exister entre un régime théoriquement démocratique et la réalité sociale de la démocratie.
Un peu plus de dix ans après l'organisation des premières élections multiraciales en Afrique du Sud, les différents bilans quant à la réussite de la transition démocratique dans ce pays semblent assez mitigés.
L'Afrique du Sud, successivement colonisée et dominée par les Portugais, les Hollandais et les Britanniques, ne s'est libérée du joug occidental que très récemment, puisque malgré la décolonisation et l'indépendance établie en 1961, la domination des populations d'origine européenne ne s'est jamais démentie jusqu'en 1994.
La politique d'apartheid institutionnalisée en 1948 est l'aboutissement du nationalisme afrikaner né dès la fin du XVIIème siècle, ayant pour but d'asseoir définitivement le contrôle de la communauté Afrikaner, c'est-à-dire des populations blanches d'origine néerlandaise mais aussi française, allemande, et scandinave sur l'ensemble de l'Afrique du Sud. Ce sont les Britanniques qui ont été les instigateurs de ces mesures, fédérant ainsi l'ensemble des populations blanches alors que les relations avec les colons hollandais avaient longtemps été très conflictuelles.
Progressivement, les mesures ségrégationnistes et racistes ainsi mises en place, qui confinent le peuple noir à des conditions de vie et un statut social inférieurs, vont susciter des mouvements d'indignation et de contestation internes et internationaux. Le pouvoir sud-africain, mis au ban de la communauté internationale, soumis à des sanctions économiques, et fortement ébranlé par la contestation intérieure, se voit contraint de revoir sa politique : ainsi, la politique d'apartheid est progressivement écartée, et l'arrivée d'hommes politiques moins radicaux comme Pieter Botha ou Frederik de Klerk permet d'amorcer la démocratisation du pays, qui trouvera son aboutissement en 1994 avec l'organisation des premières élections multiraciales.
Parmi les nombreux pays qui ont connu une transition démocratique au cours du vingtième siècle, l'Afrique du Sud constitue un cas singulier, sur lequel il est intéressant de se pencher pour analyser les conditions de ce processus et tenter de juger de sa réussite.
Nous verrons ainsi, après avoir rappelé les évolutions historiques et politiques récentes de ce pays, comment s'est déroulé le passage d'un régime caractérisé par ses mesures discriminatoires et la primauté d'une de ses populations vers un régime démocratique, avant de voir quels sont les nouveaux enjeux au niveau national et international pour cette jeune démocratie.
[...] Nous avons choisi ici d'insister sur la création de la nation sud- africaine. Il est pour l'instant plus difficile de tirer un bilan social de la transition d'autant que cette mutation prend beaucoup plus de temps. On peut relever au niveau politique la réussite de la transition qui grâce à la manière même dont elle a été opérée et au processus de réconciliation réussi rend fort improbable de nouveaux conflits raciaux dans l'avenir. B - Une place à trouver au niveau continental et mondial Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, Thabo Mbeki essaye de faire du pays un partenaire indispensable des grandes puissances occidentales en Afrique d'autant plus que l'Afrique du Sud est perçue comme une puissance émergente au statut et aux aspirations comparables à ceux du Brésil, de l'Inde ou du Nigeria. [...]
[...] PFP) 20% (33 s.) 1994 Congrès National Africain 62,6% (252 s.) Parti National 20,4% (82 s.) Inkatha 10,5% (43 s.) Front de la Liberté s.) Parti Démocratique s.) Congrès Pan-Africain s.) Parti Chrétien-démocrate Africain s.) 1999 Congrès National Africain 66,4% (266 s.) Parti Démocratique (38 s.) Inkatha (34 s.) Nouveau Parti National (28 s.) Mouvement Démocratique Uni (14 s.) Parti Chrétien-démocrate Africain s.) Front de la Liberté s.) Parti Chrétien-démocrate Uni s.) Congrès Pan-Africain s.) Bibliographie ( Gérard Conac, La République d'Afrique du Sud, Economica ( Heribert Adam et Kogila Moodley, The negociated revolution : Society and politics in post-apartheid South Africa, Jonathan Ball Publishers/University of California Press ( Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté, Poche ( Laurent Sermet, Droit et démocratie en Afrique du Sud, L'Harmattan ( Jean-Claude Barbier, Lieux communs sur l'apartheid, Esprit, 03-1989. ( Jean-Claude Barbier, Afrique du Sud : vers la démocratie Esprit, 07- 1994. [...]
[...] L'histoire atypique du pays se perpétue dans cette transition politique inédite au niveau du continent africain. Selon Desmond Tutu, l'Afrique du Sud est un microcosme où se trouvent réunies les questions planétaires des rapports entre les blancs et les noirs, les riches et les pauvres, le développement et le sous-développement. La transition démocratique du pays est avant tout un processus d'institutionnalisation qui transforme un compromis ponctuel en un nouveau pacte qui refond l'ordre social et politique, normalisé par le passage par le droit. [...]
[...] En 1992, la négociation est perturbée par des massacres de commandos zoulous notamment. L'ANC jugeant que le gouvernement n'a pas réagi se retire de la CODESA et pose des conditions pour reprendre les négociations (libérations de prisonniers, sanction de l'Inkatha ) En mars 1993, après un nouveau massacre et la complicité de la frange extrémiste de l'armée et de la police, est créé pour reprendre le chemin de la démocratie un forum multipartite composé de 26 partis, dont l'extrême droite blanche et les partis des bantoustans. [...]
[...] annexe 2 : Charte de la liberté), et la radicalisation du régime après la proclamation de la République entraîne l'interdiction du mouvement et l'arrestation de ses dirigeants en 1963, accusés de haute trahison et de complot envers l'Etat. C'est ainsi que Nelson Mandela et Walter Sisulu, notamment, sont inculpés et condamnés à des peines de prison à perpétuité. En septembre 1966, un illuminé assassine Verwoerd en plein cœur du parlement mettant fin à la phase d'élaboration et d'application intensive et méthodique de l'apartheid. Son successeur, Balthazar John Vorster, va reprendre la doctrine mais de façon plus pragmatique en ralentissant son application et en multipliant les exceptions à l'exécution des lois ségrégationnistes. [...]
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