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Le terrorisme est avant tout une construction coloniale répondant directement à deux besoins coloniaux. Le premier est la suppression des droits politiques des peuples autochtones au profit de la prédation économique des colonisateurs. Le second, plus subtil, vise à catégoriser les opposants de manière à légitimer la création d'un arsenal juridique justifiant la répression et l'exercice d'un pouvoir « civilisé » face à une rébellion « sauvage ». Le terrorisme est donc essentiellement une construction dynamique, alimentée par la préoccupation des intérêts définis par l'administrateur colonial, mais aussi par un répertoire d'actions subversives et violentes dont l'étiquetage légitime une répression tous azimuts.
[...] McQuade et A. Martini proposent une nouvelle lecture du cadre et de l'agenda sécuritaire définis par le Conseil de sécurité de l'ONU dans les années 1980, qui révèle une influence persistante des enjeux coloniaux et des dynamiques d'étiquetage du terrorisme dans les réflexions du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est impossible de comprendre les dynamiques de fonctionnement d'Al-Qaïda sans tenir compte de ce cadre d'étiquetage. Cela s'explique par le fait que la lutte d'Al-Qaïda s'inscrit elle-même dans un combat plus large pour la décolonisation dans un contexte de mondialisation. [...]
[...] La communication de Zarqaoui était directe et brute, offrant le spectacle cru de l'acte lui-même, souvent une décapitation, une lapidation ou un flagellation, filmé et diffusé (Patrikarakos, 2017). De telles méthodes brutales et des cibles indiscriminées ont été critiquées par Al-Zawahiri, qui craignait qu'elles ne dissuadent ou ne démotivent les partisans potentiels de la lutte islamiste (Warrick, 2011). Zarqaoui maîtrise ainsi l'étiquetage, contrôlant à la fois le message et sa diffusion. Ce faisant, il force les médias occidentaux à réutiliser ses propres images, mais avec un rôle bien plus important dans le processus d'étiquetage en commentant les images. Ce cadrage médiatique impose une réponse politique. [...]
[...] Dans cet environnement, la disponibilité des armes a coïncidé avec le combat contre l'impérialisme et l'apostasie. Mais purifier la corruption signifie d'abord couper le lien vital étranger qui soutient et appuie ces régimes séculiers et décadents (Bergen, 2011). Al-Qaïda est donc bien une base opérationnelle tournée vers l'extérieur, avec des actions ayant une dimension hautement performative. Cela est évident dans les attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, qui visaient des symboles. La stratégie de communication est double : Oussama Ben Laden ne publicise pas directement les actions terroristes. [...]
[...] C'est l'effet « CNN » (Hoffman, 1999). Tandis que la méthode de Ben Laden, en fournissant sa propre analyse des actes réalisés, reléguait les médias à la simple production d'images sans explication, l'approche plus expéditive de Zarqaoui ne permettait pas ce processus, conduisant à la création d'un agenda par les politiciens en réaction plutôt qu'en alternative. Zarqaoui n'a que l'illusion de maîtriser le processus d'étiquetage ; en réalité, il facilite le développement d'un contre-agenda politique en réponse à ses actions. [...]
[...] McQuade et A. Martini se proposent de retracer la phylogenèse du cadre des actions qualifiées de « terroristes ». Leur étude permet de comprendre la construction sociale d'une étiquette politique. Le terrorisme est avant tout une construction coloniale répondant directement à deux besoins coloniaux. Le premier est la suppression des droits politiques des peuples autochtones au profit de la prédation économique des colonisateurs. Le second, plus subtil, vise à catégoriser les opposants de manière à légitimer la création d'un arsenal juridique justifiant la répression et l'exercice d'un pouvoir « civilisé » face à une rébellion « sauvage ». [...]
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