22 septembre 1960, le drapeau national vert-jaune-rouge de Mali est hissé pour la première fois en haut du mât des bâtiments officiels du Palais de Koulouba. Le pays est né dans la ferveur populaire après l'éclatement de la Fédération du Mali, composée alors du Soudan Français et du Sénégal, mais brisée par la rivalité entre Léopold Sédar Senghor et Modibo Keita. A partir de cette date, le Mali entre dans la communauté des nations libres. Près de cent ans de joug colonialiste venaient de prendre fin. Il s'agissait désormais de bâtir une nation nouvelle. Le parti de l'Union Soudanaise pour le Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA) de Modibo Keita s'assigna cette lourde tâche et c'est lors du Congrès Extraordinaire du 22 septembre 1960 qu'il engagea son pays dans la voie socialiste. On peut légitimement se demander dans quelles mesures l'option socialiste s'est-elle imposée à un peuple en quête d'autonomie, quel a été son héritage dans le régime politique à parti unique qui a succédé à l'indépendance et comment a-t-il cohabité avec le néo-patrimonialisme de Mobito Keita . On peut d'ores et déjà avancer l'hypothèse que c'est la forte volonté du peuple malien de s'émanciper définitivement de la domination coloniale qui l'a amené à trouver des réponses dans l'idéologie marxiste et qu'il y eu à la fois confrontation et assimilation de cette idéologie au régime néo-patrimonial. Cette pensée a donc guidé la gouvernance malienne jusqu'en 1968, mais elle a du se conformer aux réalités africaines. Le régime de parti l'a finalement dénaturé en profondeur tout en préservant artificiellement son essence humaniste pour légitimer ses actions. C'est dans une perspective historique et stato-centrée que nous explorerons l'option malienne, perspective soulignant le caractère dominant et contradictoire de l'Etat. Il est tout d'abord important de se pencher sur l'attrait du socialisme et « la potion magique du marxisme-léninisme » (partie I), puis nous verrons l'adaptation de cette idéologie aux invariants de la politique malienne (partie II), pour étudier ensuite plus particulièrement les dérives autoritaires du régime de Modibo Keita de 1960 à 1968 (partie III) qui se voulait être le guide du peuple malien dans cette voie socialiste.
[...] C'est la grande puissance qui condamne le plus fermement le colonialisme et qui est la plus sensible au jeune mouvement de l'afro-asiatisme (on ne parle pas encore de non-alignement apparu à Bandung en avril 1955 et dont fait activement partis Mobito Keita, figure du nationalisme africain[6]. Le Mali fit l'objet d'un déferlement de dotation gracieuse en matériels militaires, en équipements médicaux, en produits pharmaceutiques Mais en plus de l'aide financière et matérielle, le pays se vit offrir l'assistance de conseillers bénévoles pour guider ses orientations économiques. Mais ce n'est pas tout, L'U.R.S.S. appuya sa politique d'influence au Mali par la mise en place d'aide à la formation et à l'enseignement, instrumentalisée par la propagande. [...]
[...] Paris: Points de Vue Doumbia, Guédiouma, La réalité de surface des partis politiques uniques au Mali. Paris : La pensée universelle Jouve E., La République du Mali. Paris : Encyclopédie politique et constitutionnelle Thiam, D., La politique extérieure des Etats africains. Paris : Puf Thomas L.V., Le socialisme et l'Afrique, tome 1. Paris : Le livre africain Thomas L.V., Le socialisme et l'Afrique, tome 2. Paris : Le livre africain Rapport sur le plan quinquennal de développement économique et social de la république du Mali, 1961-1965, Bamako, ministère du Plan et de l'économie rurale. [...]
[...] Des cellules politiques étaient ainsi chargées d'organiser des animations dans tous les quartiers des villes et des villages à tout moment de la journée. Les chanteurs et chanteuses participant au spectacle se devaient toutefois s'en tenir à glorifier les seuls dirigeants du pays dans leurs textes. Ainsi, le peuple abandonnait son imaginaire culturel au respect de la force idéologique, condamné alors à des libertés précaires[20]. Cet affaiblissement de la société civile ne peut que renforcer le régime néo- patrimonial et rendre impossible tout processus de démocratisation. [...]
[...] En fait, cette conception ethnocentrique de la liberté ne tient pas compte des données propres à l'Afrique où l'individu n'est rien sans le groupe. Un vieux dicton Bambara dit très justement : Un homme, une idée, deux hommes, deux idées, cela mis en commun fait vivre le village[16] Mais, malgré ces caractéristiques particulières, la voie malienne du socialisme s'inspire grandement des techniques des soviets ou de Mao Tsé- Tung quant aux réalisations concrètes de sa politique. On assiste à l'instauration d'une planification dans tous les secteurs de l'économie, afin de mettre rapidement en place des structures nouvelles pour intensifier la production agricole [afin d'] augmenter la consommation intérieure et le potentiel d'exportation[17] L'Etat inaugure un système coopératif agricole au sein duquel il prendra une part de plus en plus active en encadrant les paysans et en exigeant de la population rurale une coopération totale pour le développement. [...]
[...] Le mali au sortir de la nuit coloniale : l'option socialiste 22 septembre 1960, le drapeau national vert-jaune-rouge de Mali est hissé pour la première fois en haut du mât des bâtiments officiels du Palais de Koulouba. Le pays est né dans la ferveur populaire après l'éclatement de la Fédération du Mali, composée alors du Soudan Français et du Sénégal, mais brisée par la rivalité entre Léopold Sédar Senghor et Modibo Keita. À partir de cette date, le Mali entre dans la communauté des nations libres. [...]
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