Dans toutes les démocraties occidentales, des partis socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes ou communistes se sont établis au tournant du XXe
siècle et sont devenus des acteurs majeurs du système politique. Les Etats-Unis sont le seul pays où une telle évolution n'est pas intervenue. Le système partisan américain est donc unique en ce sens qu'il n'a jamais comporté de parti socialiste durable et puissant.
Les occasions n'ont pourtant pas manqué. Entre 1880 et 1930, c'est-à-dire pendant la période de formation des partis socialistes dans les démocraties occidentales, le socialisme américain a échoué à bâtir une organisation puissante à au moins trois reprises : à l'extrême fin du XIXe siècle, quand la crise économique et agricole dans l'ouest a entrainé la formation d'un Parti populiste (People's Party) influencé par les socialistes et situé nettement sur la gauche du spectre politique américain ; pendant les premières années du XXe siècle et jusqu'à l'intervention américaine dans la première guerre mondiale en 1917, alors que des Présidents républicains (Théodore Roosevelt) comme démocrates (Woodrow Wilson) mettaient en place des lois sociales qui reprenaient les grandes lignes de l'agenda socialiste et semblaient donc valider le programme de la gauche radicale ; et enfin, après la crise économique de 1929 qui, pour un nombre non négligeable d'Américains, marquait la faillite d'un capitalisme défendu par les deux partis et pourtant mis en échec. A trois reprises, le socialisme américain a connu des succès électoraux non négligeables, mais à trois reprises, ces succès furent sans lendemain.
[...] LaFolette, candidat progressiste soutenu par les socialistes, en 1924. Cette division entre le parti socialiste et les syndicats provient en partie des valeurs américaines 17 d'anti-étatisme et d'individualisme dont nous avons traité plus haut propres au mouvement syndical américain du tournant du XXème siècle. Ainsi, les syndicats américains, établis en totale autonomie par rapport aux partis de gauche12, établissaient une limite nette entre les organisations à vocation politique et les organisations syndicales, vouées à agir sur l'économie et le social. [...]
[...] Weaver Charles Matchett Eugene V. Debs Eugene V. Debs Eugene V. Debs Eugene V. Debs Allan L. Benson Eugene V. [...]
[...] Les scrutins présidentiels, plus mobilisateurs pour des électeurs qui préféraient ne pas perdre leur vote pour des petits candidats, étaient d'ailleurs l'occasion de contre-performances des socialistes, qui obtenaient de meilleurs scores aux élections au Congrès durant les années de midterms que lors de scrutins couplés aux élections présidentielles. Ainsi, Victor Berger fut élu à la Chambre des Représentants en soit pendant les élections de mi-mandat sauf en 1924, et il obtenait presque systématiquement de meilleurs résultats pendant ce type d'élections (cf. graphique 1 en annexes). Et c'est au niveau municipal que le socialisme a connu ses plus gros succès (Judd, 1989). Là encore, le mode de scrutin seul ne peut expliquer l'échec de l'implantation de socialisme aux Etats-Unis. [...]
[...] C'est ainsi qu'au Canada, le Cooperative Commonwealth Party (CCF)3, se réclamant du socialisme, a pu d'abord s'imposer au niveau provincial auprès des fermiers de l'ouest (Saskatchewan, Manitoba, Colombie Britannique) avant de jouer un rôle important au niveau fédéral (Lipset, 1950). Aux Etats-Unis, des mouvements socialistes ou influencés par le socialisme ont pu s'imposer dans certains Etats, mais sans jamais s'y établir de manière durable4. Le fédéralisme peut donc aussi bien être un obstacle qu'un encouragement au succès de tiers-partis socialistes, et ne peut expliquer à lui seul l'échec du socialisme aux Etats-Unis. Le mode de scrutin Il a souvent été dit que le mode de scrutin de chaque pays détermine les structures des compétitions partisanes nationales. [...]
[...] Aujourd'hui, nous avons dans les deux cas de figure un résultat similaire : un grand parti de centre-gauche. Ainsi, si américanisation de la gauche européenne il y a eu au cours du XXème siècle, il semble au moins aussi légitime de parler, pour la même période, d'européanisation de la gauche américaine. Ces mouvements croisés ont entrainé la disparition progressive de l'exceptionnalisme américain Annexes Tableau 1 - Les résultats électoraux des candidats du parti socialiste et de la mouvance socialiste aux élections présidentielles, 1888-1940. Année Candidat James B. [...]
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