La construction européenne est un épisode décidément bien particulier de l'Histoire. Cette entité unissant des Etats par des liens plus ou moins contraignants selon les domaines est un véritable hybride politique, dont les membres soufflent alternativement le chaud et le froid. Le fameux « déficit démocratique », stigmatisé par le faible taux de participation aux élections parlementaires, renvoie à une carence du projet européen. La construction s'est faite sur l'économie, puis sur le politique, alors que les domaines culturels et linguistiques, comptant pourtant parmi les bases de toute construction d'un sentiment d'appartenance nationale, ou supranationale dans le cas de l'Europe, sont beaucoup moins développés. La situation linguistique de l'Union européenne, si elle n'est pas unique dans le monde , n'en est pas moins un exemple remarquable de régime multilingue. Bien souvent qualifiée de Tour de Babel moderne, l'UE est en effet une véritable mosaïque de langues , le principe du multilinguisme ayant été érigé en sine qua non dès la genèse du projet. En terme de langues maternelles, l'allemand est la plus répandue (18% des citoyens européens), suivi par l'anglais et l'italien (13%), le français (12%°) et l'espagnol et le polonais (9%) . Trois langues de travail sont officiellement privilégiées dans certaines institutions : l'anglais, le français et l'allemand, avec toutefois de fortes disparités de traitements.
Pour faire face aux défis engendrés par un tel système, certains groupes voient dans l'adoption d'une langue commune européenne la solution pour faciliter les échanges entre les institutions et les citoyens, et renforcer une identité européenne encore balbutiante. Une proposition retient l'attention par son histoire et son originalité : la langue artificielle espéranto. Une partie des espérantistes européens militent pour faire adopter l'espéranto comme « langue commune européenne », langue-pivot des traductions et interprétations, et langue-pont entre les citoyens. Ce groupe d'intérêt particulier est peu connu des non-espérantophones et entre en conflit avec la politique officielle européenne de promotion du multilinguisme. L'objectif de ce mémoire est d'étudier la structure de ce mouvement et d'appréhender les raisons de son échec, en se focalisant en particulier sur les développements récents et sur l'exemple de la France, un des pays européen où le mouvement est le plus politisé.
Après une courte présentation liminaire de l'espéranto et de ses particularités intrinsèques, la première partie de ce mémoire se concentrera sur les instruments à la disposition des espérantistes pour promouvoir leur langue et les limites du discours espérantiste. Comment les espérantistes structurent t'ils leur réflexion sur la situation linguistique en Europe ? Pourquoi la montée en puissance progressive de l'anglais dans les institutions européennes est-elle systématiquement remise en cause ? Pourquoi le récent rapport Grin sur l'enseignement des langues étrangères est-il devenu une des références du mouvement ? A partir de cette analyse du discours espérantiste, la deuxième partie se penchera plus en avant sur les différentes stratégies adoptées par les espérantistes pour défendre leur cause, sur les actions et les projets les plus récents. Après une présentation des différentes « voies » empruntées par le mouvement, nous verrons comment une minorité des espérantistes a choisi de pousser la réflexion sur les carences du régime linguistique plus loin en conduisant leur mouvement sur le terrain politique.
[...] C'est pourquoi la question vraiment urgente est maintenant d'avoir une langue commune neutre. L'espéranto, langue internationale accessible à tous est justement reconnue et recommandée par l'UNESCO et rien n'empêche désormais de l'adopter rapidement comme nouvelle langue officielle, en Europe. C'est le sens et l'objectif de cet appel solennel à voter ensemble le 13 juin en faveur de la liste Europe Démocratie Espéranto, avec l'espéranto et pour la démocratie. Le moment est enfin venu de donner à toute l'Europe, et en priorité, la liberté de parole. [...]
[...] L'espéranto n'y est pas cité une seule fois. De plus, ce rapport n'aurait pas été transmis aux autorités européennes, en particulier à la Commission, qui pourtant en aurait eu usage. Ainsi, une question parlementaire, posée le 2 août 2005 par Marco Pannella et Emma Bonino[31] interrogeait la Commission sur sa connaissance du rapport Grin et sur ses réactions éventuelles à ses propositions vis-à-vis de l'espéranto. La réponse officielle, donnée par M.Figel au nom de la Commission le 6 septembre 2005, indique qu'elle ne dispose pas encore de la version définitive de l'étude mais qu'elle est consciente des travaux menés par Grin. [...]
[...] Une polémique autour du nombre de promesses de signatures et du nombre effectif reçu par le Conseil Constitutionnel laisserait penser à des pressions et des malversations autour de la candidature de M.Governatori, qui aurait été victime de menaces par téléphone. Une lettre de protestation, disponible sur le site officiel d'Esperanto-Liberté, met clairement en cause M. Nicolas Sarkozy, accusé d'être responsable de l'élimination de plusieurs candidats indépendants, dont M. Governatori. La question de la véracité des ces accusations reste évidemment posée. L'UCE se concentre désormais sur les élections législatives de 2007, durant lesquelles elle soutiendra 577 candidats émergents dont la liste n'est pas encore disponible. [...]
[...] Des évolutions positives semblent se faire sentir depuis quelques années. Ainsi, les actions indirectes visant en particulier l'éducation, bénéficient d'un développement plutôt encourageant. Les récents élargissements ont fait rentrés dans l'Union certains pays ayant une relation historique particulière à l'espéranto (en particulier la Hongrie), ce qui pourrait constituer un poids important dans le futur. Symbole significatif, le premier eurodéputé espérantiste a été élu en 2004 et est polonais. Mme Margareta Handzlik représente ainsi pour les espérantistes un relais privilégié, et un espoir d'influence. [...]
[...] Que ça soit un organisme européen qui centralise ça, qu'on apprenne l'anglais partout en Europe et pas seulement en Angleterre, et que ça soit d'une part un anglais normé, qui ne soit plus la possession de l'Angleterre, même si toujours on voit les articles du Times et de toutes les revues anglaises qui disent que l'anglais ne leur appartient plus que maintenant l'anglais appartient au monde Ils ont beau jeu de dire que l'anglais ne leur appartient pas, mais dans les faits les avantages financiers et politiques leur reviennent. Donc ce qui serait intéressant c'est de voir si on peut européaniser tout ça, normer l'anglais, couper l'anglais de l'Angleterre et faire en sorte que ce soit vraiment une langue neutre, qui profite à tous les pays d'Europe, qu'on apprenne partout, qu'on ne passe pas des diplômes britanniques, anglo- saxons, mais européens. Ça serait une voie qui irait dans le sens d'une équité. [...]
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