« Le Monde est urbain » constatait Jean Baudrillard. Le taux d'urbanisation en France atteint aujourd'hui 80%, si bien que la ville est devenue pour lui une énorme « machine à habiter », ce qui soulève l'existence d'une « question urbaine ». L'émergence d'une triple crise : urbaine, sociale, et d'échange, remise au premier plan depuis les émeutes de novembre 2005, remettrait donc en cause la politique de la ville instaurée depuis les années 70. Cette politique vise en effet, par un ensemble assez disparate d'actions, à lutter contre toutes les formes d'exclusion en milieu urbain. Le bilan de cette politique est amer : « La ville ne ferait plus société » (Donzelot), elle aurait perdu sa capacité à créer un espace public ou à être le creuset du vivre ensemble.
Cependant la politique de la ville se heurte à deux paradoxes qui soulignent des difficultés pour en dresser son bilan : tout d'abord les moyens de cette politique semblent dérisoires au vu des objectifs à atteindre, à peine 17,7 milliards d'euros en 2003 soit 1% du budget de l'Etat et d'autre part, bien que permanente, l'évaluation de cette politique n'a pas permis de faire émerger un consensus sur l'action à mener. Dès lors, il convient de s'interroger sur le bilan de cette politique et d'en dresser une évaluation précise : ainsi dans quelles mesures peut-on dire que la politique de la ville a échoué à l'achèvement du vivre ensemble ?
[...] La fonction socialisatrice de la ville s'effrite du fait d'une politique urbaine affinitaire. Les grands ensembles des années glorieuses deviennent des sociétés réservées à la plèbe quand les centres s'embourgeoisent, ce qui entraîne de fait une limitation de l'échange social et l'émergence d'une société duale. -la montée de l'exclusion et de l'insécurité L'utopie des cités radieuses chères à Le Corbusier ne résiste pas à la crise sociale et économique qui touche le pays. La relégation est à l'œuvre et la banlieue devient une zone ou se concentre jeunes précaires, familles nombreuses et monoparentales, ouvriers et employés faiblement qualifiés. [...]
[...] Ce sont des lieux d'après Hobbes, dans lesquels se regroupent des hommes amenés à vivre en société pour se prémunir d'agressions extérieures. Pour Hegel, l'air de la ville rend libre parce que la ville permet l'affranchissement. Devenue des villes industrielles denses du fait de l'afflux de main d'œuvre, une nécessaire restructuration urbaine s'est imposée. -de l'utopie des grands ensembles aux cités dortoirs : De la création du Paris d'Haussmann à la construction des grands ensembles dans les années 60, les classes dangereuses sont rejetées à la périphérie. [...]
[...] Une commission nationale pour le développement social des quartiers est créée, établissant la politique de la ville. Cette politique se base principalement sur un principe de priorisation des moyens en direction des quartiers sensibles, ce qui revient à instaurer une logique d'équité territoriale plutôt qu'une répartition égalitaire des ressources. Cette politique repose sur 4 principes : le ciblage des quartiers sensibles la globalité de l'action menée, à la fois urbaine et sociale la transversalité amenant l'action conjointe de plusieurs ministères et la participation des citoyens. [...]
[...] A ce titre, la moitié des habitants des ZUS se sentent en insécurité quand ils ne sont que 1/6 dans les autres villes. II- Face à ce constat d'échec, il convient donc de réévaluer la politique de la ville pour en faire une réelle priorité politique L'augmentation de la fracture spatiale et de la fracture sociale a ainsi montré les limites de la politique de la ville - Une ville à trois vitesses. La ville n'est plus un creuset, mais elle se construit à trois vitesses : des centres riches gentrifiés, une zone périurbaine pour classe moyenne et la grande banlieue en proie à l'incivilité et la violence. [...]
[...] Doit-on réévaluer la politique de la ville ? Introduction Le monde est urbain constatait Jean Baudrillard. Le taux d'urbanisation en France atteint aujourd'hui si bien que la ville est devenue pour lui une énorme machine à habiter ce qui soulève l'existence d'une question urbaine L'émergence d'une triple crise : urbaine, sociale, et d'échange, remise au premier plan depuis les émeutes de novembre 2005, remettrait donc en cause la politique de la ville instaurée depuis les années 70. Cette politique vise en effet, par un ensemble assez disparate d'actions, à lutter contre toutes les formes d'exclusion en milieu urbain. [...]
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