Au moment où la France engage un grand débat sur l'identité nationale, il peut être bienvenu de faire un petit tour outre-Atlantique pour voir comment le pays de Barack Obama envisage la question de l'identité nationale. Aux Etats-Unis aussi cette question pose problème, et d'une façon d'autant plus prégnante que les distinctions ethniques sont fortes et les disparités culturelles importantes.
L'unité nationale américaine s'est construite de 1870 à 1960 à partir d'une idée, notamment entretenue par l'optimisme de l'école de Chicago, que les vagues d'immigrants successives pouvaient se fondre dans un moule culturel pour devenir des citoyens américains. Cette idée que l'on exprime par le concept de Melting pot, sorte de creuset permettant la fusion de métaux, est remise en cause dans les années 60, sous l'impulsion des revendications des différentes minorités.
[...] L'immigration latino- américaine catholique de langue espagnole est perçue comme une menace directe pour l'identité nationale américaine. Huntington craint ainsi un choc des valeurs une réaction aux diverses forces qui menacent le fonds culturel commun et le Credo américain, on pourrait voir apparaître un mouvement mené par les Américains blancs de souche, qui chercheraient à faire revivre une conception évincée et discréditée de l'identité américaine fondée sur la race et l'appartenance ethnique et à créer une Amérique de l'exclusion qui expulserait ou opprimerait les populations issues d'autres groupes raciaux, ethniques ou culturels Pour éviter ce phénomène, l'identité nationale américaine doit revenir à ses fondamentaux légués par la culture et les valeurs des colons protestants : morale du travail, langue anglaise, traditions britanniques, common law, héritage littéraire, artistique, philosophique et musical européen. [...]
[...] Ainsi Samuel Huntington s'inquiète : à mesure que leur nombre augmente, les Mexico-Américains se sentent de plus en plus à l'aise avec leur propre culture et méprisent souvent la culture américaine (Huntington, Qui sommes-nous ? Identité nationale et choc des cultures, 2004). Ce mépris pourrait aller jusqu'à une consolidation des zones à dominante mexicaine et leur transformation culturellement et linguistiquement distincte et économiquement autonome à l'intérieur des Etats-Unis Samuel Huntington définit l'identité nationale comme le sentiment de soi- même éprouvé par un individu ou par un groupe (Huntington, Qui sommes- nous ? Identité nationale et choc des cultures, 2004). [...]
[...] Les grandes divisions au sein de l'humanité et la source principale de conflit sont culturelles. Les États-nations resteront les acteurs les plus puissants sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes relevant de civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l'échelle planétaire (Huntington, Le choc des civilisations, 1996). Son analyse consiste ensuite à diviser l'infinité des cultures humaines en cinq blocs de civilisation : occidentale, chinoise, japonaise, hindoue et musulmane. [...]
[...] Le choc des identités nationales : l'exemple de l'Amérique Au moment où la France engage un grand débat sur l'identité nationale, il peut être bienvenu de faire un petit tour outre-Atlantique pour voir comment le pays de Barack Obama envisage la question de l'identité nationale. Aux Etats-Unis aussi cette question pose problème, et d'une façon d'autant plus prégnante que les distinctions ethniques sont fortes et les disparités culturelles importantes. L'unité nationale américaine s'est construite de 1870 à 1960 à partir d'une idée, notamment entretenue par l'optimisme de l'école de Chicago, que les vagues d'immigrants successives pouvaient se fondre dans un moule culturel pour devenir des citoyens américains. [...]
[...] Un nouveau paradigme. Pour comprendre le monde d'aujourd'hui . LGF, coll. "Le livre de poche", 2006. [...]
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