Né en 1905 à Yamoussoukro dans une famille de chef baoulé, Félix Houphouët-Boigny fut un médecin avant de diriger une plantation prospère. Il fonde en 1944 le Syndicat agricole africain, à l'origine du Parti Démocratique de la Côte d'Ivoire (PDCI) qui adhéra ensuite au Rassemblement Démocratique Africain (RDA). Député de Côte d'Ivoire au Parlement français de 1946 à 1959, il occupe plusieurs postes ministériels durant la IVème République. En 1958, lorsque le pays acquit son autonomie au sein de la Communauté française, Houphouët-Boigny accède à la présidence de l'Assemblée constituante de Côte d'Ivoire, pour devenir Premier ministre un an plus tard. Proche allié de Charles de Gaulle, Houphouët-Boigny proclame pourtant en août 1960 l'indépendance ivoirienne. Les deux États, cependant, conservèrent des relations étroites, notamment à travers la présence, en Côte d'Ivoire, d'une importante communauté française.
Devenu premier président de la nouvelle République, il asseoit petit à petit sa domination sur la société et l'État, notamment à travers le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Par quels moyens parvient-il à établir son pouvoir sur la société ivoirienne? De quelle manière exerce-t-il un contrôle sur l'État et son personnel politique? Enfin, quelles sont les limites de son autorité?
Dans la problématique de l'étude des régimes africains, nous comparerons la domination de Houphouët-Boigny, de l'indépendance jusqu'à la fin des années 1980, avant la période dite de démocratisation, avec l'idéal-type de gouvernance néopatrimoniale.
[...] En 1985, en pleine crise économique et avec des élections que l'on pourrait qualifier de semi- compétitives ce taux est en moyenne de 30%. Pour Amondji, cela n'est pas signe de résignation ou de laisser-faire, mais, au contraire, signe d'« une forme active de non participation à la nomination des serviteurs d'un système politique discrédité[14]. Les crises récurrentes qui secouent la Côte d'Ivoire entre 1963 et 1969 (revendications des syndiqués et des enseignants, complots destruction des geôles privés de Houphouët à Yamoussoukro, manifestations étudiantes, organisation du Grand Dialogue sont les révélateurs d'une grande tension, qui ne se relâche qu'en mai 1971 avec une cérémonie de réconciliation et le retour de la plupart des anciens prisonniers dans les directions de l'État et du PDCI. [...]
[...] Cependant, les conséquences de la politique néopatrimoniale ne sont ni au bénéfice de l'État, ni à celui de la société, puisque cette politique creuse un large fossé entre insiders et outsiders, favorise la corruption et entrave le développement, rend impossible l'institutionnalisation de l'État et tend à écraser la société civile. Peut-on alors qualifier la domination de Houphouët-Boigny de néopatrimoniale ? Houphouët-Boigny face à la société ivoirienne : domination charismatique et appui sur le parti unique Dans un pays comptant une soixantaine d'ethnies, la volonté première de Houphouët-Boigny est de réaliser l'unité de la population. Il exerce déjà sur elle une autorité charismatique (Max Weber), légitimement acquise dans son combat pour l'abolition des travaux forcés lorsqu'il était député sous la IVe République. [...]
[...] Dans la problématique de l'étude des régimes africains, nous comparerons la domination de Houphouët-Boigny, de l'indépendance jusqu'à la fin des années 1980, avant la période dite de démocratisation, avec l'idéal- type de gouvernance néopatrimoniale. Le concept de néopatrimonialisme Selon J.-F. Médard[1], durant les années et 1980, on peut qualifier les États africains d'États néopatrimoniaux ( . ) dans la mesure où ils sont des types mixtes, mélangeant dans une combinaison complexe et instable, des traits traditionnels et des traits modernes (notamment bureaucratiques), des répertoires étrangers et autochtones ce qui induit une coexistence de normes et règles légales et traditionnelles, de formes administratives et politiques modernes et traditionnelles, de mœurs politiques traditionnelles et modernes. [...]
[...] Cela facilite la personnalisation des larges pouvoirs que lui octroie la Constitution. T. Bakary parle alors d'un monarque présidentiel Il ne peut cependant pas réaliser l'unité sur son seul nom dans la mosaïque ivoirienne. Ainsi, afin de neutraliser les rivalités inter- ethniques potentielles, il va mettre en place un système de distribution des postes qui équilibre les ethnies face au pouvoir[3], mais il va en plus chercher à encadrer la population à l'intérieur d'un vaste parti. Si la Constitution ne prévoit pas la mise en place d'un régime de parti unique, le pouvoir n'autorise pas de mouvements autres que le PDCI à jouer un rôle dans la vie politique. [...]
[...] Voir l'analyse que fait Amondji dans Le parti unique et la vie politique aujourd'hui in Côte d'Ivoire, le PDCI et la vie politique de 1944 à 1985, pp. 63-127 Voir l'analyse que fait Bakary dans Côte d'Ivoire, l'étatisation de l'État in États d'Afrique noire : formation, mécanismes et crises, pp.53-91. Voir l'analyse que fait Amondji dans Le parti unique et la vie politique aujourd'hui in Côte d'Ivoire, le PDCI et la vie politique de 1944 à 1985, pp. 63-127. Marcel Amondji, Quelle société pour quel avenir ? [...]
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