L'affaire Monica Lewinsky, communément appelée Monicagate par les médias en référence au scandale du Watergate qui avait conduit au lancement d'une procédure d'impeachment à l'encontre du président Nixon au début des années 70, éclata, 25 ans plus tard, en janvier 1998. Cette affaire revêt une importance toute particulière dans la mesure où elle a marqué la vie politique américaine durant le deuxième mandat de Bill Clinton mais surtout car elle a failli conduire à la destitution de ce dernier. La procédure d'impeachment, qui n'avait jusqu'alors été enclenchée à l'encontre d'un Président américain qu'à deux reprises (pour Johnson et Nixon), peut uniquement être intentée par le Congrès en raison d'une grave infraction commise par un fonctionnaire civil ou par le Président ou le Vice-président. C'est alors la Chambre des représentants qui décide de la mise en accusation à la majorité simple et le Sénat, réuni sous la présidence du président de la Cour suprême, qui se prononce pour l'empêchement à la majorité des deux tiers.
Dans le cas de l'affaire Lewinsky, le problème qui se pose est le suivant : Comment Bill Clinton, alors qu'il était plus populaire que jamais, a-t-il pu être menacé par une procédure d'impeachment ? Et quels furent les enjeux institutionnels et politiques de cette affaire ?
[...] Ainsi, dans un souci d'équilibre des pouvoirs entre les branches (checks and balances), le Droit américain a donné à Kenneth Starr le pouvoir de mener une enquête et de monter un rapport qui accablait le Président Clinton de onze chefs d'accusation sans aucune limite d'éthique ni menace de révocabilité. Le statut de Procureur indépendant reflèterait alors un travers dans l'évolution des institutions politiques des États-Unis. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il a dès 1999 été supprimé. Kenneth Starr : entre Primauté du Droit et haine personnelle L'affaire Monica Lewinsky est donc principalement l'œuvre d'un homme : Kenneth Starr. On peut considérer qu'il incarne la conception américaine du droit. Clinton avait tenté de dissimuler ses rapports avec Monica Lewinsky. [...]
[...] Un complot de la droite contre Bill Clinton ? Outre la dimension institutionnelle, il est une dimension plus directement politique, voire partisane, à cette affaire Lewinsky. En effet, il apparaît que Bill Clinton a fait l'objet d'une haine sans borne de la part des républicains les plus conservateurs. Les origines de l'antiClintonisme L'affaire Lewinsky peut être considérée comme le moment phare d'une guerre des cultures entre les valeurs traditionnelles américaines et les normes sociales plus modernes que porte le jeune Président Clinton. [...]
[...] En outre, Kenneth Starr avait pu recourir à l'usage d'enregistrements illégaux commis par Linda Tripp, la moucharde confidente de Monica Lewinsky. C'est grâce à ce témoignage volé à Monica Lewinsky au nom du droit de la preuve caractéristique du droit américain que Kenneth Starr parvint finalement à provoquer le 8 octobre 1998 le déclenchement d'une procédure de destitution à l'encontre de Bill Clinton qui ne conserva cependant que deux des onze chefs d'accusation initialement proposés par Starr : ceux de faux témoignage et d'entrave à la justice. [...]
[...] Le comportement de la droite pendant l'affaire Lewinsky La droite radicale a été incarnée dans l'affaire Lewinsky par diverses personnalités. Nous l'avons vu, tout d'abord, par le Procureur indépendant Kenneth Starr dont l'acharnement à vouloir voir le Président tomber était sans borne. Il a en effet, en plus d'avoir mené sur Bill Clinton toute une série d'enquêtes échouées, eu recours à des pratiques peu avouables : tels l'intimidation de témoin ou encore le recours aux enregistrements illégaux de Linda Tripp. [...]
[...] Bibliographie - Elizabeth Zoller, De Nixon à Clinton ; malentendus juridiques transatlantiques, Paris, PUF, collection Béhémoth - Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire du XXe siècle Tome 3 : 1973 à nos jours : vers la mondialisation et e début du XXIe siècle, Paris, Hatier, collection Initial - Mokhtar Ben Barka, L'affaire Lewinsky : les enjeux d'un complot de la droite contre Bill Clinton, AMA (Annales du Monde anglophone) nº12, 2nd semestre 2000. [...]
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