Corrélation abstention et précarisation de l'emploi, fatigue démocratique, désenchantement politique, élections présidentielles, élections législatives, tendances européennes, participation électorale, sciences politiques, taux de chômage, note de recherche, conjoncture économique, précarisation, économies européennes, crise de 2008, données de l'OCDE
En 1999, le politologue français Pascal Perrineau analysait, dans une interview au quotidien Les Échos, un phénomène électoral nouveau, apparu dans les années 1980 en France : l'abstention. Pour lui, "l'abstention traduit une fatigue démocratique" qui souligne qu'il y avait déjà, à l'époque, "du désenchantement politique dans l'air". Une vingtaine d'années après, son constat se vérifie statistiquement. Depuis 2007, en France, l'abstention au second tour de l'élection présidentielle n'a cessé de croître, au point d'atteindre plus d'un quart des électeurs en 2017, un taux jamais atteint sous la Cinquième République. Pourtant, l'élection présidentielle a toujours mobilisé massivement depuis 1965, avec des taux de participation égaux ou supérieurs à 80% aux deux tours pour quasiment tous les scrutins présidentiels.
[...] À bien des égards, ces données apportent de premiers éléments intéressants dans le cadre de ce travail de recherche. Taux d'abstention aux élections nationales depuis 2004, selon les chiffres officiels diffusés par les ministères de l'Intérieur des sept pays étudiés FranceR-UAllemagneItalieEspagnePortugalGrèce200424,34 %200538,6 %26,15 %29,62 %201034,9 %41,97 %201219,65 %201328,47 %24,96 %44,14 %43,43 %201725,44 %23,85 Tout d'abord, et nous ne développerons pas ce point déjà largement évoqué en introduction : dans ces sept pays, l'abstention est un fait électoral à la fois non négligeable (rares sont les élections où plus de quatre-vingts électeurs sur cent font le déplacement, et nombreuses sont celles où plus d'un électeur sur trois s'abstiennent) et durable, puisque ce phénomène s'observe de manière régulière (malgré les évolutions), sur les quinze dernières années, dans les sept pays étudiés. [...]
[...] Revue française de science politique, n°4-5, pp. 679-691. Braconnier, C Le vote et l'abstention en temps de crise, Savoir/Agir (n° p. 57-64. Héran, F De plus en plus de votants intermittents, Insee Première Braconnier, C., Dormagen, J.Y La démocratie de l'abstention, Gallimard, Paris. Faucher F., Hay, C Les rituels de vote en France et au Royaume-Uni, Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.), « Revue française de science politique », 2015/2 Vol pp à 236. OCDE (2018), Taux de chômage dans les pays de l'OCDE : https://data.oecd.org/fr/unemp/taux-de-chomage.htm. [...]
[...] La France voit son taux d'abstention grimper de 3,5 points entre 2007 et 2012 et de 6 points entre 2012 et 2017, une augmentation globale d'environ 9,5 points. Le Portugal a connu pour sa part une évolution inverse : d'abord une évolution forte points) entre 2005 et 2009, qui se tasse un peu aux élections suivantes, sans pour autant s'enrayer (l'abstention augmente globalement de 9 points entre 2005 et 2015). L'Italie connaît, de son côté, une augmentation lisse de son abstention, autour de 3 points à chaque nouvelle élection, soit une augmentation globale de 9 points. [...]
[...] Abstention et précarisation de l'emploi : quelle corrélation ? En 1999, le politologue français Pascal Perrineau analysait, dans une interview au quotidien Les Échos, un phénomène électoral nouveau, apparu dans les années 1980 en France : l'abstention. Pour lui, « l'abstention traduit une fatigue démocratique » qui souligne qu'il y avait déjà, à l'époque, « du désenchantement politique dans l'air ». Une vingtaine d'années après, son constat se vérifie statistiquement. I. L'abstention, un problème politique contemporain dans les démocraties européennes Depuis 2007, en France, l'abstention au second tour de l'élection présidentielle n'a cessé de croître, au point d'atteindre plus d'un quart des électeurs en 2017, un taux jamais atteint sous la Cinquième République1. [...]
[...] Par exemple, en Espagne, la participation aux élections générales est passée de en 2004 à en 2016. La participation aux élections législatives portugaises a connu une chute similaire, passant de à en 2015. On retrouve la même tendance en Italie, où la participation s'élevait à pour les élections générales de 2001, contre aux élections du début du mois de mars 2018. La participation aux élections législatives grecques s'est écroulée, de en mars 2004 à en septembre 2015. D'autres pays ont en revanche connu de moindres diminutions en termes de participation. [...]
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