The Economist du 5 mars 2005 titrait en couverture « Democracy stirs in the Middle East », la démocratie se lève au Moyen-Orient… Souvent les discours officiels opposent les vertus de la démocratie aux horreurs du totalitarisme ; les révolutionnaires promettent le plus souvent une démocratie réelle à venir. Alors même que certains gouvernements s'emploient à imposer la démocratie par la force des armes, les intelligentsias des pays occidentaux n'ont de cesse de voir de nouvelles failles dans le régime démocratique. A l'occasion du vote du 21 avril 2002, on parlait par exemple de crise du régime démocratique. Dans un tel contexte, et ce d'autant plus lorsque l'on s'intéresse aux conséquences désastreuses de la tentative améri-caine d'imposer la démocratie en Irak, on peut se demander s'il y a une légitimité de la part de l'occident à vouloir imposer le modèle démocratique dans des pays qui ne semblent pas prêts à l'accepter, s'il est juste de vouloir forcer les gouvernements en place dans certains pays à donner la souveraineté au peuple plutôt que de laisser une minorité prendre les décisions. C'est dans cette optique que nous nous intéresserons d'abord aux innombrables défauts du régime démocratique qui pourraient tendre à le discréditer avant de voir qu'il semble que Churchill est vu juste en expliquant « La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres », en ce sens que si elle a des défauts, elle a également de nombreuses vertus. Enfin il sera nécessaire de souligner que les méthodes employées en Irak notamment ne sont pas, et ce malgré la haute valeur du régime démocratique, défendables.
[...] Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen Agis selon la maxime qui peut en même temps se transformer en loi universelle Agis selon des maximes qui puissent en même temps se prendre elles- mêmes pour objet comme lois universelles de la nature La démocratie n'incarne telle pas une volonté profonde de considérer chacun comme un égal, de construire un système qui satisfasse au milieu chacun dans sa singularité ? La démocratie est une fin en ce sens qu'elle est toujours perfectible, que son objectif n'est pas de satisfaire un individu mais de permettre génération après génération plus d'égalité, plus de liberté, plus de considération pour chacun. De ce fait elle peut être considérée, on peut vouloir qu'elle se transforme en loi universelle. [...]
[...] En Irak, du fait de cette propagande, de l'arrogance des Américains, et la violence des méthodes employées, les conséquences sont désastreuses. Il semble ainsi que si le désir de faire profiter au peuple d'un pays des avantages que procurent la démocratie n'est en soi pas contestable, la méthode employées n'a eut pour effet que d'aller dans le sens de la propagande anti-occident diffusée dans le pays, de ce fait, l'échec semblait et semble encore aujourd'hui inévitable Ne parle-t-on pas de ‘bourbier irakien' D'abord nous nous sommes intéressés aux critiques les plus communes du régime démocratique, ensuite c'est les vertus de la démocratie qui ont attiré notre attention. [...]
[...] Ainsi les critiques formulées jusqu'ici à l'égard du régime démocratique ne peuvent amener à remettre en question le régime en tant que tel mais seulement à mettre le doigt sur certains aspects qui doivent être revus dans ses mises en application Les attraits philosophiques du régime démocratique, l'impératif catégorique chez Kant Ainsi, la Démocratie n'est plus le droit de vote qui comme ce fut le cas dans l'Allemagne nazie ou en Russie sans doute aujourd'hui ne sert qu'à donner en apparence une importance au peuple qui est en réalité manipulé, dont les votes sont trafiqués. Cette vision que promulgue Sen de la démocratie amène à la concevoir comme quelque chose qui ne peut se jouer dans les apparences mais seulement dans les faits. C'est, on l'a vu le pluralisme et sa défense notamment. Cette nouvelle approche de la démocratie lorsqu'on la rapproche des théories Kantiennes amène à la voir comme un impératif catégorique. [...]
[...] C'est une idée qu'appuie en 2004 Robert Barro dans Les facteurs de la croissance économique lorsqu'il explique que la croissance peut-être entravée par la démocratie à partir d'un certain stade, en raison du développement de politiques de redistribution importantes (des pauvres vers les riches ou du fait de pratiques de lobbying par exemple). Amartya Sen dans la seconde édition de son livre rappelle d'ailleurs que les pays occidentaux ont vécu leur révolution industrielle dans des périodes où le régime n'était pas encore vraiment démocratique. [...]
[...] Alors en quoi est-il légitime de vouloir imposer un tel modèle Démocraties et dérives démocratiques, le risque de la montée des extrêmes Parce que la démocratie, c'est donner le pouvoir au peuple qui on l'a vu peut être l'objet de manipulation, adopter un tel régime c'est non seulement courir le risque que la classe politique se désintéresse de ce qui préoccupe vraiment le peuple mais c'est aussi risquer la dérive totalitaire. C'est bien ce que montre Léni Riefenstahl dans Le triomphe de la volonté, l'aptitude de la masse à se laisser séduire par des discours idéologiquement douteux Hannah Arendt ne reconnaît que deux totalitarismes, mais l'un d'eux est une démocratie qui dériva, quand à l'Italie de Mussolini on peut aisément douter de l'aspect démocratique d'un tel régime Sans vouloir multiplier les exemples, on peut en toute légitimité se demander s'il est normal de tenter d'imposer un régime qui peut connaître de telles dérives. [...]
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