« L'individu aujourd'hui n'a-t-il pas lâché la proie politique conquise de si haute lutte ? » Cette question soulevée par Jacques Donzelot, dans L'invention du social, semble confirmée par les records d'abstention de 2002 que ce soit au premier tour des élections présidentielles (28,4% d'abstention contre 21,8% en 1969) ou aux élections législatives (35,6% d'abstention contre 33,8% en 1988 au premier tour, et 39% contre 32,3% en 1993 au deuxième tour.) Ces hauts niveaux d'abstention traduisent une véritable « fracture civique ». Dans nos sociétés, il n'est d'autre moyen de fonder la légitimité démocratique que de faire partager à l'ensemble des citoyens la conviction que leur volonté s'exprime à travers les représentants qu'ils se sont librement choisis. Or, à l'heure où les citoyens semblent douter de l'expression démocratique des urnes, à l'heure où la tension structurelle entre particulier et universel qui anime la figure du citoyen est particulièrement vive, cette légitimité est contestée, et l'intérêt général renié au profit souvent d'un corporatisme de circonstance.
S'installe ainsi dans notre démocratie un hiatus entre un idéal démocratique et une réalité marquée davantage par le désintérêt, voire le désenchantement.
Entre désintérêt et désenchantement, la démocratie est-elle en train de perdre vie ?
Si les citoyens semblent désenchantés à l'égard du politique (I), cela n'exprime pas pour autant un désintérêt. Peut-être est-ce un appel pour une redéfinition de la démocratie (II).
[...] Ces à côté participatifs sont la preuve d'une demande de redéfinition de la démocratie participative et non d'un abandon de celle-ci. Ainsi le désenchantement citoyen serait le tremplin pour une redéfinition de la démocratie, ses pratiques et ses valeurs. Dans leur analyse d'une grande enquête réalisée en mai-juin 2002 sur le rapport des Français à la démocratie, Gérard Grunberg et Nonna Mayer notent une forte aspiration chez les citoyens à plus de participation directe. Cette aspiration trouve un écho dans la mise en place, depuis une trentaine d'années, d'une démocratie de proximité. [...]
[...] Y a-t-il un désenchantement citoyen à l'égard de la conception de la légitimité démocratique et de l'intérêt général ? L'individu aujourd'hui n'a-t-il pas lâché la proie politique conquise de si haute lutte ? Cette question soulevée par Jacques Donzelot, dans L'invention du social, semble confirmée par les records d'abstention de 2002 que ce soit au premier tour des élections présidentielles d'abstention contre 21,8% en 1969) ou aux élections législatives d'abstention contre 33,8% en 1988 au premier tour, et 39% contre 32,3% en 1993 au deuxième tour.) Ces hauts niveaux d'abstention traduisent une véritable fracture civique Dans nos sociétés, il n'est d'autre moyen de fonder la légitimité démocratique que de faire partager à l'ensemble des citoyens la conviction que leur volonté s'exprime à travers les représentants qu'ils se sont librement choisis. [...]
[...] Les citoyens ont tendance à perdre confiance dans la capacité de leurs dirigeants politiques à défendre efficacement leurs intérêts. Dans un article La démocratie et le déclin de la confiance, une rupture de la culture politique J. Costa-Lascoux et L. Jaume analysent un sondage Sofres-Politique de septembre 2001 qui illustre cette tendance. En des Français disent éprouver de la défiance à l'égard de la politique ; ils sont 64% en 2000. Cette perte de confiance a même été qualifiée de désamour par Olivier Galland les relations de confiance Revue Tocqueville, 1999). [...]
[...] Entre désintérêt et désenchantement, la démocratie est-elle en train de perdre vie ? Si les citoyens semblent désenchantés à l'égard du politique cela n'exprime pas pour autant un désintérêt. Peut-être est-ce un appel pour une redéfinition de la démocratie (II). Contrairement au siècle qui a été traversé par de vives passions politiques, le XXI° siècle en semble dépourvu. L'indifférence à l'égard du politique est croissante et se manifeste par de nombreux phénomènes : abstention, vote blanc Dans le passé, les démocraties ont été périlleusement confrontées aux déferlements de passions nationalistes, xénophobes et antisémites. [...]
[...] Perrineau dans le Désenchantement démocratique. Il en résulte un déclin des grandes organisations hiérarchiques telles que les partis de masse ou encore les syndicats, qui ne regroupent pas plus de 10% de la population active (contre 80% en Finlande ou en Suède). On constate que la réalité politique est davantage marquée par le cynisme des citoyens. Davantage conscients des faiblesses du politique, ils entretiennent un rapport désenchanté vis à vis de la démocratie, ce qui se traduit par une baisse de la participation. [...]
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