La question des apports de la colonisation est tout à fait d'actualité, particulièrement en France. On peut citer, en guise d'introduction, la loi du 23 février 2005 mentionnant le « rôle positif de la colonisation » qui a été l'objet de très nombreuses polémiques. Le Petit Robert dans son édition de 2007 définit, en partie, la colonisation comme le fait de « coloniser un pays pour le mettre en valeur ». Pour répondre à la question de l'apport positif de la colonisation, il faudrait faire une histoire exhaustive de celle-ci, ou du moins en avoir une vision d'ensemble. Or la période de référence, pour notre exposé, est 1750-1850, une période qui n'est pas la période phare du colonialisme, mais une période charnière, située entre le colonialisme des grands explorateurs au XVe/XVIe siècles et celui des grands empires coloniaux à partir de 1870. C'est à la fin du XVIII siècle, en effet, que commencent à s'effriter les empires coloniaux espagnols, portugais ou encore français. De plus l'abolition de l'esclavage va changer la vision des colonisateurs et aboutir au développement d'un second colonialisme. Quelles sont les caractéristiques de la colonisation à cette époque de transition? Nous verrons en fait qu'il y a une opposition, voire même un fossé, entre les intentions des colonisateurs, qui peuvent être louables (c'est ce que nous exposerons dans notre première partie) et la réalité bien plus cruelle (nous verrons cela dans un second temps).
[...] En conclusion, nous pouvons dire que les différents aspects de la colonisation peuvent souvent faire l'objet de deux points de vus opposés. Marx, par exemple remarque que la colonisation concilie quatre aspects : l'aspect inhumain de la domination de l'homme par l'homme, l'aspect progressiste du transfert de civilisation, l'aspect économique avec l'exploitation capitaliste et mercantiliste des ressources coloniales et l'aspect stratégique de renforcement de la lutte des classes. Mais il apparaît assez clairement que les points positifs sont en très forte minorité par rapport aux négatifs. [...]
[...] Ces philosophes vont influencer des hommes politiques comme Necker qui, dans l'Administration des finances de la France publiée en 1784, se prononcent contre la traite. Si ces critiques se font, au travers des écrits, sur la base de réflexions philosophiques et philanthropiques, d'autres se manifestent en prenant appui sur des critères différents: les utilitaristes, par exemple, considèrent tout simplement que les colonies ne sont pas assez rentables. Adam Smith dans La Richesse des Nations dit que le travail accompli par les esclaves, bien qu'il ne paraisse coûter que leur subsistance est en définitive le plus cher de tous La fin du XVIII siècle est donc une période charnière durant laquelle on hésite sur l'avenir du colonialisme. [...]
[...] Il oeuvra beaucoup pour le respect de cette loi, et incita les autres nations colonialistes à faire de même. La France suivit donc le même chemin en abolissant la traite en 1815 et l'esclavage en 1848. Du devoir d'évangélisation aux prémisses des missions civilisatrices Les positions des Églises à propos de l'esclavage et de la colonisation ont toujours été ambiguës. À partir du XVIIIe, les Églises pensent avoir un devoir d'évangélisation Chateaubriand, dans le Génie du Christianisme qui date de 1802, nous dit, à propos de l'activité missionnaire religieuse, que c'est une de ces grandes nouvelles idées qui n'appartiennent qu'à la religion chrétienne Mais pour lui, il ne faut pas pour autant pactiser avec le colonisateur : les missions et l'administration coloniale sont deux choses différentes. [...]
[...] La construction de villages, effectuée par exemple en Algérie par la légion étrangère créée par Bugeaud, ainsi que les progrès médicaux et sociaux peuvent être vus comme un apport positif de la colonisation. D'après le philosophe Sloterdijk, dans un récent ouvrage consacré à la mondialisation, Le Palais de Cristal, le travail mené par les traducteurs chrétiens au cours des cinq cents dernières années pour proclamer leur foi en utilisant d'autres langues est sans doute la prestation culturelle la plus extraordinaire de l'histoire de l'humanité C'est ce que dit Hugo, dans Le Rhin de 1842 L'Angleterre et la Russie coloniseront le monde barbare ; la France civilisera le monde colonisé - le 2e versant tient en deux mots: négation et non-respect des cultures et des traditions indigènes. [...]
[...] Lorsque l'on lit aujourd'hui des extraits de la Romanus Pontifex, une bulle du Pape Nicolas publiée en 1455, l'on s'étonne de voir que l'Église accordait officiellement le droit non seulement de percevoir des impôts et tributs, d'édifier des églises, mais de faire commerce des Noirs, sur l'ensemble des territoires conquis. La traite et l'esclavage ont véritablement et irrémédiablement marqué les populations indigènes, créant un clivage très fort entre les populations occidentales et le reste du monde. Il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle pour que les premières contestations se fassent entendre. [...]
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