„ [...] We trust in the power of human freedom to change lives and nations. By the resolve and purpose of America, and of our friends and allies, we will make this an age of progress and liberty. Free people will set the course of history, and free people will keep the peace of the world.“
C'est en ces termes, qu'à l'occasion d'un discours en février 2003 à l' « American Enterprise Institute for Public Policy Research », think tank washingtonienne, George W. Bush a présenté le rôle providentiel, que les Etats-Unis d'Amérique sont amenés à jouer sur la scène mondiale. Cette mission se composerait non seulement de la défense mais aussi de la propagation vigoureuse des droits de l'Homme, de la démocratie libérale et de l'économie de marché à travers le monde. Un tel concept de « destinée manifeste » n'est pas sans rappeler la tradition messianique initiée par Woodrow Wilson consistant en la possibilité de la part des Etats-Unis d'Amérique d'intervenir à l'étranger afin de permettre l'extension et le respect de ces principes à vocation universelle. Certes les desseins du Président américain ont, à la suite de la Première Guerre mondiale, échoué, mais ils correspondent avec le véritable souci de créer un nouvel ordre. Comme ses « quatorze points » le prévoyaient, la moralisation du concert des nations, l' « open door policy » ainsi que, par le biais de la création de la SDN, le refus de la diplomatie secrète en faveur de la diplomatie ouverte ou le multilatéralisme représentent des aspects essentiels de cette doctrine d'un nouvel ordre mondial. Le refus du statu quo international néoconservateur s'inscrit-il dans la lignée wilsonienne ? La doctrine wilsonienne des relations internationales est-elle la source de la pensée néoconservatrice ? Existe-t-il une sorte de filiation entre ces deux courants de pensée ? Peut-on penser le néoconservatisme en termes de « wilsonisme dur »2 ? Ou peut-on, à l'instar de Charles Krauthammer3, évoquer un « réalisme démocratique » ? C'est-à-dire un wilsonisme pragmatique ? S'agit-il d'un « wilsonisme aux anabolisants »4 avouant sa méfiance quant à la légitimité et, surtout, à l'efficacité du droit international en vue de permettre l'extension des principes universels qu'évoque la Déclaration d'Indépendance américaine ?
Si la filiation entre wilsonisme et néoconservatisme est évidente (I), elle n'en demeure pas moins ambivalente (II).
[...] Elle peut et doit contribuer à la moralisation des relations internationales. Pour ce faire, la démocratisation du monde serait très profitable. Cela suggère de combattre le mal absolu selon Roucaute, afin de fonder une société de droit internationale. Si le néoconservatisme peut être considéré comme un héritier du wilsonisme, il ne l'est que d'une manière ambivalente. L'ambiguïté de cette filiation entre wilsonisme et néoconservatisme tient à la méfiance des Néoconservateurs américains quant à la légitimité et, surtout, à l'efficacité des institutions internationales afin de régler le concert des Nations. [...]
[...] Des aménagements sont nécessaires pour qu'une société ouvert selon le beau mot de Sir Karl Popper, se substitue à une société fermée S'il existe une filiation relativement directe entre wilsonisme et néoconservatisme, celle-ci demeure ambivalente et limitée. C'est pourquoi Max Boot a raison quand il affirme que le néoconservatisme est un wilsonisme dur c'est-à-dire un wilsonisme aux anabolisants selon lequel la formidable puissance américaine peut être mise au service de fins morales, d'objectifs qui la dépassent tels que la moral clarity qu'évoquent William Kristol et Robert Kagan. Tel est le messianisme démocratique. Toutefois, des bémols peuvent être apportés. [...]
[...] Le droit de résistance à l'oppression défendu par la Déclaration, au nom de vérités évidentes par elles-mêmes ne serait-il pas le reflet au plan interne du droit d'ingérence humanitaire ? Les deux renvoient, il est vrai, à la notion d'assistance à peuple en danger en vue de rétablir le droit violé des individus à la liberté, à l'égalité, à la propriété et à la résistance à la tyrannie. De ces valeurs, découlent un certain nombre d'objectifs communs et au wilsonisme et au néoconservatisme. S'agissant des objectifs, le respect des droits de l'Homme figure au premier plan. [...]
[...] Depuis toujours férocement attachés à la première, les Etats-Unis voient dans la seconde le meilleur rempart face au seul vrai danger : la domination du continent eurasiatique par une puissance hégémonique hostile, à même de menacer leur projet téléologique[5]. C'est pourquoi un interventionnisme wilsonien a pu se concrétiser. Héritiers du wilsonisme et Néoconservateurs se retrouvent aussi dans la critique du réalisme. Les deux courants de pensée sont idéalistes et refusent le statu quo, la stabilité. Ils ont d'ailleurs, à l'instar de Micheal Ledeen qui est chercheur à l'American Enterprise Institute, une vision particulière de la destruction créatrice de Schumpeter. [...]
[...] Ils sont critiques à l'égard des Nations Unies en tant qu'arbitre mais aussi en tant que bras armé de la justice internationale. Cette méfiance ne s'étend pas à toutes les actions multilatérales. Mais il n'en reste pas moins que le bilan de l'ONU est bien maigre : paralysie pendant la Guerre froide, propagande soviétique, etc . La liste des griefs est longue. Créée pour éviter à tout jamais la réédition d'évènements similaires à la Shoah celle-ci ne les a pas empêchés. Loin s'en faut. [...]
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