Les élections présidentielles américaines sont une bonne occasion de faire le point sur la citoyenneté aux Etats-Unis aujourd'hui, le vote étant une des manifestations visibles de cette citoyenneté
Selon Bryan R. Roberts la citoyenneté est le principe d'égale appartenance dans une nation basé sur un ensemble de droits et de devoirs reconnus publiquement. Le contenu de cette égalité qui est théorique, diffère selon les pays et évolue avec l'histoire. B.R. Roberts reprend l'expression de K. Polanyi dans La Grande Transformation d'une citoyenneté qui serait « encastrée » dans l'histoire (Polanyi l'utilise pour l'économie).
La citoyenneté est donc un processus pour atteindre cette égalité d'appartenance sur les fronts civil, politique et social. Ce n'est pas un concept statique. Les droits et pratique des citoyens sont constamment redéfinis et contestés par les différents groupes socio-économiques.
« We the people » sont les premiers mots de la Constitution américaine qui traduite en français nous dit :
Nous le peuple des Etats-Unis, en vue de former une union plus parfaite, d'établir la justice, d'assurer la tranquillité intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à nos descendants, ordonnons et établissons la présente constitution pour les Etats Unis d'Amérique.
Pour Judith Shklar, la citoyenneté américaine est un statut social, une manifestation de l'identité nationale, une participation active à la vie politique et un élément constitutif de l'idéal républicain.
Aujourd'hui, la citoyenneté américaine connaît de nombreux paradoxes et souffre de divers maux :
Le paradoxe de départ de la citoyenneté américaine, dont les deux premiers attributs selon J. Shklar seraient :
-l'égalité des droits politiques proclamée en même temps que sa négation absolue (l'esclavage)
-le rejet des privilèges héréditaires, nié par le statut héréditaire de l'esclavage.
Un paradoxe actuel lié au multiculturalisme et à l'affirmative action qui posent le problème de la traduction du fractionnement du tissu social à l'intérieur du concept de citoyenneté.
Quelle est la signification de We the people aujourd'hui ? Que reste-t-il de ce nous fondateur et quelle est sa définition ? Nous tenterons de répondre à cette question en étudiant tout d'abord les définitions philosophiques, politique et juridique de la citoyenneté ; puis en développant quelques éléments de la réalité de cette citoyenneté.
[...] Eléments de définition de la réalité de cette citoyenneté A. La citoyenneté élément du statut social : voter et gagner sa vie (Judith Shklar) Dans son ouvrage La citoyenneté américaine, J. Shklar développe l'idée selon laquelle aux Etats Unis, la citoyenneté est avant tout le moyen d'acquérir un statut social, une place dans la société hiérarchisée (souvent définie en termes de revenu, de métier ou d'éducation). Selon elle, les deux grands emblèmes de la citoyenneté aux Etats Unis sont le droit de vote et le fait de gagner sa vie. [...]
[...] Selon lui la liberté est le présupposé de l'existence aux USA, le fondement de la citoyenneté. Cette conception repose sur le libéralisme et la philosophie de Locke adoptés par Jefferson et qui suppose une méfiance envers la centralisation du pouvoir et une interprétation étroite de la Constitution. Avec la concentration économique et son pendant politique sont apparus une forte corruption et un risque pour la souveraineté du peuple. Le libéralisme s'est alors traduit par un discours progressiste de restauration de la morale citoyenne de l'industrialisation jusqu'au début du XX siècle. [...]
[...] Cela n'a donc rien à voir avec la conception idéalisée de faire entendre sa voix dans la démo élective et de participer à un rite fondamental, à une aventure commune. Pour J. Shklar, la forte abstention aux USA s'explique donc par le fait que c'est la possession du droit de vote qui à une réelle importance, et non pas son exercice. We the people représente alors un gouvernement élu par tous. Cela explique la lutte pour l'obtention du droit de vote des noirs, des femmes pour appartenir au peuple représenté, et être traité dans ce we. Mais ce droit de vote n'est pas suffisant. [...]
[...] Un paradoxe actuel lié au multiculturalisme et à l'affirmative action qui posent le problème de la traduction du fractionnement du tissu social à l'intérieur du concept de citoyenneté. Quelle est la signification de We the people aujourd'hui ? Que reste-t- il de ce nous fondateur et quelle est sa définition ? Nous tenterons de répondre à cette question en étudiant tout d'abord les définitions philosophiques, politiques et juridiques de la citoyenneté ; puis en développant quelques éléments de la réalité de cette citoyenneté. I. [...]
[...] Il montre qu'aujourd'hui les catégories raciales servent à élargir le Nous fondateur en intégrants dans la citoyenneté les exclus et les discriminés du passé, mais les races demeurent et sont légitimées par les politiques préférentielles. - We the people : le nous inclusif du Melting pot en proie aux conflits ethniques, à la légitimation des races et à la prolifération de discrimination positive Le problème identitaire né du multiculturalisme rejaillit donc sur la conception de la citoyenneté avec l'affirmative action qui menace l'unité sociale et politique des Etats-Unis fondée sur le principe de tolérance conceptualisé par Locke. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture