En avril 2002, après l'apparition au deuxième tour d'un candidat d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, les jeunes descendaient dans la rue, dans un élan de manifestations spontanées et ce pendant plusieurs jours. Au printemps 2006, des étudiants s'emparent de
bâtiments publics (universités, administrations…), bloquent des voies de communication (routes, chemins de fers…), manifestent, pour certains de façon violente, dans le but d'attirer l'attention du gouvernement sur leurs conditions. Ces évènements, quelles que soient les revendications, soulèvent certaines critiques à l'égard des jeunes (« ils feraient mieux d'aller voter plutôt que de brûler des poubelles ») et ravivent les clichés (le jeune « rebelle » anarchiste, le jeune casseur de banlieux etc…). Aux yeux des «non-jeunes », c'est-à-dire des
plus de 25 ans selon le classement de l'INSEE, les jeunes seraient apolitiques et ne se sentiraient même pas concernés par les questions de société. Mais ces mouvements démontrent que ces jeunes, souvent critiqués, savent comment manifester leur mécontentement à l'égard des politiques. Il parait alors peu pertinent de parler d'apolitisme de la jeunesse eu égard à ces faits, mais plutôt d'une appropriation de principes démocratiques autres que le vote, car il est tout de même indéniable que bon nombre de jeunes ne se dirigent pas vers les urnes en temps voulu.
« Les 18-24 ans représentent 15% du corps électoral. Ils sont une cible attractive pour les partis comme pour les candidats. S'ils votent, ils peuvent faire basculer une élection dans un sens ou dans un autre. Le problème, c'est qu'ils ne votent pas - en tout cas, beaucoup moins que le reste du corps électoral. S'ils ont une influence potentielle sur la décision
électorale, ils ne l'activent pas, et restent plus en retrait du vote que leurs aînés. Soit parce qu'ils s'abstiennent davantage que les autres tranches d'âge soit parce qu'ils mettent plus de temps à s'inscrire sur les listes électorales, et nourrissent les rangs des non-inscrits. Sur dix jeunes, seuls trois ou quatre iront voter. » Tel est le constat de la sociologue Anne Muxel qui s'est intéressée au comportement politique des jeunes.
Depuis plusieurs années, quelques associations militent farouchement soutenues par des personnalités comme Mathieu Kassovitz ou le rappeur Akhenaton, surtout dans les banlieues, pour encourager les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales et à aller voter lors des prochains scrutins. Les élections présidentielles de 2007 serviront ainsi de témoin : les jeunes sauront-ils tirer des leçons de l'épisode de 2002 ? Ces campagnes « people » dans les
quartiers dits sensibles s'avéreront-elles efficaces ?
Dans Les Héritiers (1964) ou La Reproduction (1970), Pierre Bourdieu remet en question l'existence d'une jeunesse unique : il existerait non pas une seule jeunesse mais plusieurs. En effet, les jeunes ne vivent pas leur enfance, adolescence, leurs relations avec le monde extérieur de la même façon, selon leur origine sociale, l'implication de leur famille etc.… Le fameux concept d'habitus cher au sociologue pourrait expliquer bon nombre de comportements politiques chez les jeunes.
Les études et sondages réalisés par l'INSEE montrent que les jeunes appraissent souvent comme des abstentionnistes : (voir annexe). Tout d'abord, il semble que les jeunes, lorsqu'ils votent, adhèrent aux mêmes considérations que leurs aînés (I- A.). Toutefois, ils s'en distinguent dans la radicalité de leurs voix et de leurs motivations (I- B.).
De plus, si la jeunesse suit également la même tendance à l'égard de sa pratique de vote que le
reste de la population (II- A), elle s'en différencie par une participation alternative à la vie politique (II- B).
[...] L'abstention caractériserait plutôt les jeunes de 21 à 25 ans. En effet, ces derniers entrent dans une phase de retrait électoral correspondant à leur entrée dans la vie active et à une certaine désillusion par rapport à leurs votes passés. A l'inverse, les jeunes tout juste majeurs et inscrits sur les listes électorales désertent moins les bureaux de vote que leurs aînés. Il convient donc de nuancer l'idée reçue selon laquelle une majorité de jeunes ne vote pas. Les actes politiques traditionnels ne semblent plus être assez attractifs pour ces jeunes qui préfèrent les émissions télévisuelles politiques, les tracts, plutôt que l'adhésion à un parti politique ou la fidélité à un parti exprimé par le vote. [...]
[...] Mais les jeunes ne sont pas apolitiques, car ils adoptent de nouvelles formes de participation démocratique.(B.) A. Une jeunesse qui déserte les urnes ? Une étude réalisée en novembre 2001 par le groupe Sofres en collaboration avec Le Monde, Le Point et Skyrock établit le constat suivant : 76% des jeunes déclarent être inscrits sur les listes électorales. Parmi les 24% de réfractaires, seulement un tiers n'a pas l'intention de procéder à cette inscription d'ici la fin de l'année - soit de l'ensemble des 1825 ans. [...]
[...] Les sondages montrent que les jeunes, lors de leur vote, agissent sous l'influence (consciente ou non) de leur entourage, ainsi qu'en réaction au climat politique flou et à des perspectives d'avenir moroses pour beaucoup d'entre eux. Nous l'avons souligné, les jeunes semblent souvent attirés par les extrèmes de gauche et de droite et également par un vote sanction plutôt que par un vote utile ou une fidélité politique sur le long terme. Lors des dernières élections présidentielles, deux jeunes sur trois ne se sont pas rendus aux urnes. Des sondages montrent que l'abstention chez les jeunes est un phénomène non négligeable. [...]
[...] Sur dix jeunes, seuls trois ou quatre iront voter. Tel est le constat de la sociologue Anne Muxel qui s'est intéressée au comportement politique des jeunes. Depuis plusieurs années, quelques associations militent farouchement soutenues par des personnalités comme Mathieu Kassovitz ou le rappeur Akhenaton, surtout dans les banlieux, pour encourager les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales et à aller voter lors des prochains scrutins. Les élections présidentielles de 2007 serviront ainsi de témoin : les jeunes sauront-ils tirer des leçons de l'épisode de 2002 ? [...]
[...] Si l'engagement politique traditionnel ne suscite pas les faveurs des jeunes, ces derniers ne délaissent pas tout engagement. Ils apparaissent plus intéressés par un engagement plutôt social et moral que politique et économique. L'humanitaire, la lutte contre le racisme et les discriminations constituent les thèmes favoris des jeunes. Ils n'hésitent pas à défiler dans les rues ou à participer à des actions coup de poing pour défendre leurs droits et certains principes. Selon Anne Muxel, ils sont porteurs des valeurs de tolérance, de liberté et d'une vision plus égalitaire et sociale de la démocratie. [...]
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