Le vote est, dans les démocraties contemporaines, personnel et secret. Voter revient généralement à choisir un représentant que l'on estime capable de remplir ses fonctions. Le système des partis, très ancré dans beaucoup de démocraties modernes, gère et anime le plus souvent les élections, proposant des candidats compétents, qu'incarnent l'idéologie du parti, et forgent un programme. Ce sont sur ces éléments, la compétence du candidat, le contenu du programme, l'orientation du parti auquel se rattache l'élu potentiel, que les politiques estiment que les électeurs tranchent. Toutefois, ce choix entre différentes listes ou différentes personnalités comporte en soi un problème: "Les élections s'analysent comme une question politique posée dans un langage politique à l'ensemble des électeurs." Selon l'auteur de cette phrase, Daniel Gaxie, cette question est posée à des "agents sociaux inégalement préparés" à maîtriser ce langage politique. Le vote, principe fondamental du régime représentatif et de la démocratie moderne, a en effet toujours posé problème quelque part, même si ce procédé n'est jamais remis en cause: il implique dans le champ politique une population entière, forcément hétérogène, se sentant plus ou moins concernée par la question, et surtout plus ou moins compétente à y répondre. Mettant cela en lumière, on en vient à rapidement se demander quel est le sens des résultats électoraux: que signifie l'ensemble de décisions prises par des individus divers, plus ou moins intéressés par la politique et surtout plus ou moins renseignés? La question du sens de ce vote est souvent détournée, utilisée abusivement dans les interprétations politiques venant de partis, de candidats ou de journalistes qui dégagent d'un pourcentage une opinion globale, passant outre la réflexion sociologique. On ne peut pas réellement donner un sens unique à un résultat, le "non" au référendum sur le traité constitutionnel a mis cela en avant. A défaut de vouloir systématiquement pouvoir "interpréter" un résultat, on peut se poser la question des raisons, des déterminants qui interviennent dans le comportement environnemental.
[...] Même les modèles dits "écologiques", qui ne se penchent pas sur la psychologie et la sociologie en premier lieu, se rattachent vite à cette idée, bien que leur démonstration soit différente. Par exemple, André Siegfried, considéré comme étant le père de la sociologie électorale, montrait aussi que la distribution des votes était stables car liée au facteur social : il s'attache à montrer que ce vote est déterminé par la géographie (le sol, le mode de peuplement et le régime de propriété), et qu'effectivement cette géographie humaine est un déterminant social majeur. [...]
[...] De plus, les premières théŽories sur cette question et les débuts de la sociologie électorale se situent dans la deuxième moitié du siècle. Ainsi nous garderons la fin de la seconde guerre mondiale comme borne temporelle de début, et notre réflexion portera jusqu'à l'époque contemporaine. De même, n'ayant pas la prétention à faire nous-même une étude sociologique en se basant sur des statistiques, nous nous sommes essentiellement basé sur les diverses théories où sous-tend le problème du vote et de la part de son déterminant social. [...]
[...] Cette question fait par ailleurs toujours débat et n'est pas résolue. Nous avons donc sélectionné les diverses pensées apportant des éléments de réponse : afin d'avoir un panorama représentatif, nous ne nous sommes pas limités géographiquement, mais citerons surtout des penseurs américains et français, les plus actifs sur cette question. Nous allons voir en quoi le déterminant social, certes primordial dans le vote, est toutefois un facteur qui perd de son influence face à des électeurs plus informés et moins socialement marqués qu'au sortir de la seconde guerre mondiale. [...]
[...] Le choix électoral serait donc une façon d'exprimer son identité sociale. Ce lien fort, entre le vote d'un individu et sa classe sociale est le phénomène dit d'"identification" : que cela concerne un groupe social, ethnique ou encore religieux, le vote revendique l'appartenance à ce groupe. Notons que cette identification collective est parfois renforcée par le discours politique , en particulier avec l'émergence des partis de masse. Pour donner un exemple, on peut noter que si dans les années 1930 les ouvriers ont massivement voté socialisme ou communisme, c'est parce que ces partis sont allés chercher ces votes, se sont proclamés défenseurs de cette catégorie de la population. [...]
[...] La question du sens de ce vote est souvent détournée,, utilisée abusivement dans les interprétations politiques venant de partis, de candidats ou de journalistes qui dégagent d'un pourcentage une opinion globale, passant outre la réflexion sociologique. On ne peut pas réellement donner un sens unique à un résultat, le "non" au référendum sur le traité constitutionnel a mis cela en avant. A défaut de vouloir systématiquement pouvoir "interpréter" un réŽsultat, on peut se poser la question des raisons, des déterminants qui interviennent dans le comportement environnemental. Parmi ses déterminants, le champ social s'impose de lui-même. [...]
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