Le vote est un enjeu de première importance dans les démocraties occidentales, du fait que la notion même de légitimité en politique repose dessus. En effet, dans les démocraties libérales, nul n'est légitime en dehors du processus électoral. Les campagnes exhortant les gens à s'inscrire sur les listes électorales foisonnent comme jamais. Lors de l'élection présidentielle de 2007, un spot publicitaire sponsorisé par l'État disait : « votez, votez pour qui vous voudrez, mais votez » ! Nous avons pu voir en particulier le matraquage incessant qu'ont subi les populations des banlieues relayées par des célébrités censées les représenter afin qu'ils s'inscrivent sur les listes. Cette population s'est donc transformée en cible du pouvoir les stigmatisant en tant qu'oublié ou déçu de la politique. Le sacro-saint « devoir du citoyen » doit être revalorisé, car il apparaît comme leur seul moyen de s'exprimer et de participer à la vie de la cité. Ainsi le banlieusard et même le citoyen en général s'il veut sortir de sa misère n'ont finalement qu'à insérer le petit bulletin dans l'urne et ses soucis s'envoleront.
Cependant cela va-t-il réellement changer quelque chose ? N'assistons-nous pas plutôt à une propagande orchestrée par le pouvoir agitant une mythologie républicaine comme un hochet pour occuper le citoyen, faire diversion et se maintenir au pouvoir ? Ne sommes-nous pas dans une sorte de crise du politique du fait de la société de masse, de la mondialisation et de prédominance de la sphère économique où l'intérêt général est dévoyés ? Ainsi l'on peut se demander en quoi l'expression « élections, piège à cons » symbolise la remise en cause du système électoral comme essence de la démocratie et de ses pratiques, qui ont conduit à une dégénérescence de la démocratie (et justement à la révolte de mai 68) ?
[...] Le mouvement syndical ou socialiste, dans lequel les plus conscients s'engagèrent, développa d'ailleurs une vision alternative de cette société et refusa une simple gestion d'un système, condamné pour cause d'exploitation. Si l'ouvrier acceptait de déposer un bulletin de vote c'était, le plus souvent, pour un Parti marginalisé, ne prenant pas part à l'action gouvernementale. Manifestation de son identité de classe, ce vote était un acte de protestation de principe et un refus de "collaborer". La société de consommation, le développement de la petite classe moyenne, sous l'effet de la tertiarisation des emplois, porteront les premiers coups à cette conscience de classe. [...]
[...] Ainsi l'on peut se demander en quoi l'expression élections, piège à cons symbolise la remise en cause du système électoral comme essence de la démocratie et de ses pratiques, qui ont conduit à une dégénérescence de la démocratie (et justement à la révolte de mai 68) ? I La remise en cause du système électoral comme essence de la démocratie A Le vote est un procéder qui vise à écarter le citoyen des luttes Le suffrage universel n'est pas une conquête de 1848, il est l'arme qu'utilisa le pouvoir pour vaincre la tentative révolutionnaire de cette époque. Le pouvoir savait que la révolution n'était présente que dans les grandes villes. [...]
[...] C'est en ce sens que Bloch-Lainé s'interroge de la façon suivante : la complexité croissante des affaires économiques ne rend-elle pas incompétent le personnel politique issu du suffrage populaire et n'assure-t-elle pas la prééminence des techniciens mis en place par d'autres modes de sélection ? Pour Dominique Turpin, ce nouveau déséquilibre entre législatif et exécutif est lié au fait que la technocratie montante a besoin d'un exécutif fort car les affaires publiques sont trop complexes pour être traitées autrement On voit donc que la représentation nationale est dépossédée de ses principaux attributs, et par voix de conséquence, le vote n'a plus réellement de signification et il est en quelque sorte maintenu uniquement pour les symboles qu'il véhicule. [...]
[...] La relation conflictuelle entre suffrage électoral, démocratie et représentation. Le vote est un enjeu de première importance dans les démocraties occidentales, du fait que la notion même de légitimité en politique repose dessus. En effet, dans les démocraties libérales, nul n'est légitime en dehors du processus électoral. Les campagnes exhortant les gens à s'inscrire sur les listes électorales foisonnent comme jamais. Lors de l'élection présidentielle de 2007, un spot publicitaire sponsorisé par l'Etat disait : "votez, votez pour qui vous voudrez, mais votez" ! [...]
[...] Or, comme dans toutes les démocraties occidentales, cette recomposition impose une simplification du débat (éliminer les nuances), mais aussi conduit à un rapprochement idéologique des protagonistes, qui se retrouvent dans un centre inodore et incolore. Dans ces conditions, la différence est tellement peu sensible que les électeurs ne se sentent que faiblement mobilisés dans leurs choix. Par ailleurs, tout choix plus original est voué à l'impuissance électorale. On voit ainsi que les partis de système sont les plus puissants donc un changement en profondeur parait impossible vu la faible écoute des partis anti-systèmes. [...]
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