Peut-on prévoir le résultat d'une élection ? Ou plutôt peut-on prévoir le vote des individus ? Cette question qui a animé les recherches de nombre d'analystes politiques suscite la controverse. En effet, le vote que l'on peut définir comme l'avis exprimé dans une décision, une délibération est décrit comme un acte collectif parce qu'il est un « rituel social », une sorte de rite d'intégration civique qui par ailleurs affecte toute la société. De fait, lors d'un vote, l'individu est une entité agissant et choisissant, mais c'est la collectivité pour qui les choix sont faits.
Il est pourtant communément admis que le vote est un acte individuel, c'est-à-dire qui ne concerne que le votant, est personnel et subjectif, à travers duquel il est censé exprimer son individualité et sa pleine souveraineté. L'aboutissement du vote secret au cours de l'histoire et son application réelle grâce à l'ingénierie électorale semble aller dans ce sens.
Mais si le vote est un acte individuel, rationnel et subjectif, il a longtemps été un acte d'affirmation identitaire, corporatiste. La question des déterminants sociaux est donc centrale lorsque l'on tente d'analyser l'acte de vote. Il est légitime de se demander si l'individu est réellement seul et indépendant dans l'isoloir ou si d'autres facteurs liés à la communauté à laquelle il appartient n'influent pas dans sa prise de décision.
Ainsi, en quoi le vote échappe-t-il à l'individu ? Plutôt qu'un acte individuel, ne serait-il pas un acte conditionné par la communauté ?
[...] Bibliographie Les modèles explicatifs du vote, Nonna Mayer, Paris L'électeur a ses raisons, Daniel Boy, Nonna Mayer, Paris L'acte de Vote, Yves Déloye, Olivier Ihl, Paris Mayer N., Qui vote pour qui et pourquoi Les modèles explicatifs du choix électoral, Pouvoirs 2007⁄1, 120, p. 17-27. TOCQUEVILLE, Alexis de, Ma candidature dans le département de la Manche. Aspects de la province. L'élection générale. in Souvenirs, Paris, Gallimard, 2003. [...]
[...] Il s'agit d'une rationalité instrumentale (pas normative) : le vote est considéré comme un choix individuel fondé sur un calcul en termes de coût d'opportunité. L'individu-électeur est censé appliquer à ses choix électoraux le même type de rationalité que celui qui préside à ses choix de consommation ou d'investissement. Il choisit parmi les candidats ou les choix proposés, celui qui lui apportera le plus de satisfaction, ou d'utilité. Il établit donc des préférences politiques. Le vote est un calcul prospectif en situation d'incertitude (car l'électeur doit s'appuyer sur des anticipations de la satisfaction qu'il tirera de l'élection des divers candidats ou du choix de telle ou telle décision, de l'impact qu'aura chaque résultat sur sa situation personnelle. [...]
[...] Le vote est-il un acte individuel ? I. Le vote : un acte individuel et personnel . A. L'ingénierie électorale : condition et symbole de l'individualisme politique B. Les modèles économétriques du vote : la rationalité électorale II . conditionné par des attributs communautaires. A. Les variables lourdes . - religion . [...]
[...] Ou plutôt peut-on prévoir le vote des individus ? Cette question qui a animé les recherches de nombre d'analystes politiques suscite la controverse. En effet, le vote que l'on peut définir comme l'avis exprimé dans une décision, une délibération est décrite comme un acte collectif parce qu'il est un rituel social une sorte de rite d'intégration civique qui par ailleurs affecte toute la société. De fait, lors d'un vote, l'individu est une entité agissant et choisissant, mais c'est la collectivité pour qui les choix sont faits. [...]
[...] Des auteurs comme Paul M. Sniderman ont mis en lumière la manière dont l'électeur ou l'électrice compense le déficit d'information, par des raccourcis cognitifs (shortcuts) pour parvenir à s'orienter dans le champ politique. Cette approche réhabilite le rôle des affects et des émotions. Les positions des candidats sur les enjeux de l'élection sont inférées à partir des sentiments éprouvés à l'égard des groupes sociaux, ethniques, professionnels dont l'électeur ou l'électrice est proche. On vote pour le parti ou le candidat dont on pense que la politique favorisera le groupe dont on se sent solidaire, que ce soit les ouvriers, les Noirs, les femmes ou les juifs. [...]
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