Quel évènement est plus symbolique et plus significatif que la Révolution française de 1789 ? La dimension scientifique dépasse ici les simples revendications égalitaires et les nouveaux entendements organisationnels et conceptuels du pouvoir étatique qui percent à cette époque. En réalité, on assiste là à une première et authentique manifestation populaire. Au-delà des prétentions respirées, le peuple affiche pour la première fois avec autant d'ardeur la volonté de se faire entendre des autorités étatiques et de peser dans les débats portant sur le pouvoir et son organisation, mais aussi sur les institutions et leurs fonctionnements. Le soulèvement populaire soutient alors un message fort, celui d'une toute nouvelle puissance, autant considérable que légitime. Le peuple a désormais le pouvoir de s'interposer dans les négociations, de faire entendre sa volonté, et même de s'opposer aux décisions prises sans son consentement et qu'il viendrait à désapprouver.
[...] C'est pour cette raison qu'on parle en généralité de vote sur programme. En votant pour un représentant, l'électeur répond à une double question : il s'exprime sur le candidat qui lui semble le plus compétent à ce poste et sur le programme qui convient le mieux à ses intérêts individuels, en partant du principe que les promesses tenues par les différents candidats seront appliquées si l'issue du vote le leur permet. De même, lors d'un référendum ou de toute autre consultation électorale, les membres du corps social s'expriment en fonction de leurs intérêts individuels. [...]
[...] Rousseau assure que le citoyen abandonne sa liberté par cet acte, déléguant son pouvoir à un autre qui peut très bien en user selon son bon vouloir. A La Souveraineté déléguée, Une Renonciation à la Souveraineté La volonté générale ne se représente pas dit Rousseau, Elle est la même ou elle est autre Le philosophe explique qu'elle peut paraître comme telle sans l'être réellement. Une volonté particulière peut très bien se faire passer pour générale et en usurper la légitimité. Il assure que la volonté déléguée ne peut être volonté générale. Tout le système de représentation ne serait alors fondé que sur des croyances. [...]
[...] Enfin, par la représentation, les citoyens délèguent leurs pouvoirs à des individus qu'ils jugent plus compétents pour se faire. Cependant, la nature de l'homme fait qu'il aspire naturellement a toujours plus de pouvoir. Le risque est grand d'oligarchie voire de despotisme dans un tel système. Il est beaucoup plus facile de s'emparer de pouvoirs centralisés que de pouvoirs partagés. En déléguant les pouvoirs individuels à un certain nombre d'individus, on les centralise en quelque sorte. Le risque d'usurpation en est donc grandissant. [...]
[...] Sans pour autant passer dans une situation de despotisme avéré, les nouveaux puissants, élus certes par le peuple et pour le peuple, peuvent très bien user de cette légitimité à d'autres fins, prétendant agir conformément à la volonté générale et servir l'intérêt général. L'exercice de la souveraineté n'est pas toujours ce qu'elle doit être, et notamment lorsqu'elle est déléguée. Ce système de représentation peut donc paraître, en théorie, le plus approprié dans l'exercice de la volonté générale, néanmoins, ses limites font de lui un système fragile en proie à des effets pervers indésirés. [...]
[...] Il est alors indispensable de trouver un palliatif à cette faiblesse de principe. Aujourd'hui, les régimes politiques ne s'organisent et ne se fondent plus que sur des systèmes de représentation démocratique, c'est-à-dire des régimes où le peuple, la nation, ne gouverne pas directement, mais où ils le font à travers des institutions politiques ou administratives composées de représentants élus. On estime, dans ce mode d'organisation étatique, que la volonté générale s'exprime par le vote, à savoir que les citoyens manifestent leurs opinions et leurs vœux par le suffrage. [...]
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