La question nodale et d'actualité à laquelle on devrait accorder un intérêt prioritaire au Maroc est: comment vivre politiquement ensemble? La simplicité de la question renferme à n'en pas douter une complexité que nous devons affronter si nous voulons vraiment que notre pays avance dans la voie démocratique saine.
Le point d'application sur lequel porte cette question concerne précisément la manière avec laquelle chaque citoyen souhaite partager la vie commune, notamment politique, avec les autres. Sa portée, elle, est indexée par la nature des règles à mettre en place pour traiter l'ensemble des problèmes de la société en amont comme en aval. Quant à l'amplitude de ladite question, elle est étroitement liée au degré d'ouverture et de plasticité du politique, aux libertés publiques et à la nature du processus démocratique où évolue l'ensemble des acteurs appartenant à différentes sphères d'actions et de sensibilité politique diversifiée caractérisant "l'espace public" marocain.
La réponse à cette question que je me propose ici de développer tentera d'articuler les toutes récentes orientations stratégiques royales en matière de citoyenneté au principe d'autonomie du citoyen consolidé par l'agir communicationnel.
[...] L'usage de la notion d'espace public, considéré dans son rapport à la question initiale (comment vivre politiquement ensemble?), conduit en fait à parler de la citoyenneté, problématique qui, aujourd'hui plus que jamais, suscite au Maroc un intérêt tout particulier et un débat intellectuel et académique fructueux. Sans aucun doute, le concept de la citoyenneté est en passe de devenir officiellement, ainsi que dans le discours politique et médiatique, l'un des vecteurs essentiels du processus de la démocratisation (ou si l'on préfère de la transition démocratique Une avancée dans ce domaine commence à se dessiner sur le plan des grandes orientations stratégiques édictées par les discours royaux concernant cette question et des choix politiques autour desquels les acteurs de la nouvelle gouvernance semblent se réunir et mobiliser leurs forces et ce, nonobstant la divergence de leurs sensibilités idéologiques et politiques: l'ensemble de la classe politique est en effet d'accord sur la monarchie constitutionnelle, le libéralisme économique, le développement social sur les plans régional et local, l'intégrité territoriale et, bien évidemment, sur la citoyenneté en tant que levier de développement. [...]
[...] Je m'explique. En plaidant pour le droit à l'autonomie du citoyen, mon objectif est de renforcer la transition démocratique et de lui donner une étendue par élargissement du spectre afférent au triple palier de l'intégration citoyenne. J'aborde donc ici la seconde partie de la réponse que je propose à la question initiale (comment vivre politiquement ensemble?) contribuant ainsi à la réflexion sur le rapport de la citoyenneté à l'autonomie normative et au droit à la communication interpersonnelle. Quelle approche adopter pour éclairer cette combinatoire conceptuelle? [...]
[...] o de viser les propriétés afférentes aux facultés morales, en développant notamment le sens de la justice et la capacité à agir selon une conception du bien. Il résulte de ces propositions que la justification des normes dépend de la nature procédurale de la justice. À ce propos, la justification n'est pas le résultat de l'accord des principes avec nos conceptions intuitives personnelles du bien, mais de ce que la procédure suivie pour la sélection des principes est "équitable", c'est-à-dire reconnue comme juste par tous. [...]
[...] Le mot d'ordre est: tout citoyen responsable devrait apporter sa pierre à l'édifice de la démocratie en construction. Si, par manque ou insuffisance de maturité politique le citoyen ne peut remplir son rôle de citoyen actif, nous avons l'obligation de lui apporter le soutien nécessaire à son implication et à sa participation. La démocratie n'a de vraie valeur que lorsque les citoyens sont à l'origine, par des actes concrets et des pratiques délibératives, de l'élaboration-réalisation de leur projet de société, permettant ainsi à la dynamique citoyenne de fonctionner de manière optimale et satisfaisante. [...]
[...] La relation indexée à ce niveau supérieur est celui du moi par rapport aux hommes dans le monde. Il s'agit ainsi d'un citoyen qui accepte volontiers ce qu'ils (les Autres) sont, partage avec eux ce qu'ils produisent et s'implique dans ce à quoi ils aspirent. Les termes définissant ici la citoyenneté constituent indéniablement un processus actif, participatif et défensif, centré sur l'individu ainsi que sur ses rapports à ces concitoyens et aux autres peuples de la planète. Actif, du fait de son activité citoyenne dont la compétence-performance égrène les actes forts d'amour et de loyauté; participatif, dans la mesure où le ciblage de l'implication active de l'ensemble des citoyens dans la consolidation de la transition démocratique se mobilise contre toutes les formes d'exclusion, de marginalisation et de séparatisme qui pointent à l'horizon de l'espace public menaçant son unité et son homogénéité; défensif, puisqu'il érige la citoyenneté en un rempart de socialisation et d'éducation porteuse d'espoir et de confiance en un avenir meilleur, permettant ainsi de lutter contre la tendance à l'isolement et à l'enfermement sur soi et contre les dérives de l'extrémisme aveugle et inhumain. [...]
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