À force d'en entendre parler comme d'une région conflictuelle, l'opinion publique a fini par assimiler l'Amérique Latine à une certaine forme d'instabilité et de violence politique et civile. L'histoire de l'indépendance latino-américaines et des nombreuses guerres civiles qui ont ébranlé le sous-continent suffit à expliquer cette réputation.
Cependant, comme le suggère le journaliste de Questions Internationales, l'Amérique Latine offre aujourd'hui une "double image" sur le terrain de la sécurité, dans la mesure où d'un côté les conflits interétatiques semblent à présent dépassés, préservant la paix internationale, tandis que demeurent de l'autre côté des conflits internes aux allures insolvables.
Daniel Pécaut valide en partie cette vision en reconnaissant que les litiges ouverts entre Etats sont actuellement peu nombreux, alors que les conflits internes semblent affecter l'ensemble des pays latino-américains (...)
[...] INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES de PARIS Marie-Jo FERREIRA Fiche de lecture : Entretien avec Daniel Pécaut sur la violence politique et civile dans Questions Internationales, Amérique latine, mars- avril 2006, pp.60-68. Daniel Pécaut est un sociologue français, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est reconnu comme un spécialiste de l'Amérique Latine et, plus spécifiquement, de la Colombie. Auteur de nombreux ouvrages en espagnol et en français, il a en particulier étudié la relation entre ordre et violence dans les sociétés latino- américaines. [...]
[...] Il y a cependant une constante dans la dynamique de violence, c'est son caractère politique et social, d'où le titre de l'article. C'est une violence qui vient aussi bien de l'Etat que de la société civile ; une violence qui puise ses origines aussi bien dans les luttes politiques que dans les tensions sociales. Ainsi que l'exprime D. Pécaut, la fragilité de l'Etat de droit et des infrastructures, les inégalités sociales, les tensions locales associées au fractionnement des pouvoirs régionaux et le discrédit des institutions politiques sont autant de facteurs majeurs D'où la difficulté d'établir une typologie de la violence en Amérique Latine comme le propose le journaliste de Questions Internationales : les facteurs de violence se superposent, se remplacent, s'imposent L'histoire a indéniablement son poids dans les formes revêtues par la violence dans les sociétés latino- américaines. [...]
[...] Il est vrai que les moyens financiers manquent souvent aux Etats latino-américain dans la lutte contre les inégalités et contre le crime. Faut-il alors accepter l'aide proposée par les puissances internationales, c'est-à-dire avant tout, des Etats Unis, comme l'a fait la Colombie d'Uribe dans le cadre du Plan Colombie de lutte contre la drogue ? Ou se montrer, comme le Brésil, réticent à accepter cette aide qui compromet les chances d'autonomie du sous-continent ? Ou encore compter sur une solidarité exclusivement latino- américaine, à travers des organisations comme le MERCOSUR ? [...]
[...] J. Freund, E. Fleischmann et É. de Dampierre, Éd. Plon, coll. 10/18, p. 124. [...]
[...] L'Etat contemporain revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime Après lecture de cet entretien avec Daniel Pécaut, on ne peut s'empêcher de penser à la célèbre sentence de Max Weber dans Le Savant et le Politique. N'y a-t-il pas dans la violence politique et civile la justification de l'existence de l'Etat ? Et la solution à cette violence ne réside-t-elle pas dans un monopole que détiendrait cet Etat ? On peut penser que c'est justement parce qu'actuellement ce monopole n'existe pas en Amérique latine que la violence politique et civile est aussi endémique. Reste à déterminer comment s'emparer du monopole. Max Weber, Le Savant et le politique ( 1919), trad. [...]
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