L'établissement du prophète Muhammad à Médine en 622 marqua la fondation du premier Etat islamique et le début de l'ère musulmane. Ainsi, Ville et Islam ont un caractère originel. Par la suite, le principe de fondation d'une ville dans l'Islam s'imposait pour marquer une transition dynastique.
Dans son œuvre Etats, sociétés et cultures du monde musulman médiéval X-XV eme (tome 2), Jean-Claude Garcin donne les signes urbains suivants : un minimum d'infrastructures permettent la vie de populations rassemblées, des lieux où s'exercent le travail artisanal et des lieux d'échange, des résidences particulières traduisant une différenciation sociale, ainsi que le siège d'une autorité exerçant le pouvoir politique ou le maintien de l'ordre.
On retrouve dans le monde musulman trois types de villes : la ville camps, rudimentaire et normalement provisoire, la ville omeyyade qui possède un lien avec une ville antique, et enfin la ville de gouvernement ou fondation palatine, dont il sera question ici puisque nous nous appuierons sur Cordoue et le Caire. Ces deux villes représentent par excellence les rapports qui peuvent unir villes et pouvoir chez les musulmans puisqu'elles sont toutes les deux des capitales califales.
Cordoue se situe en Andalousie actuelle, au centre de la dépression du Guadalquivir, et devint omeyyade en 756 avec l'arrivée de l'émir Abd al-Rahmân (alors rescapé du massacre de sa dynastie). L'occupation islamique de la ville et son statut de capitale d'Al-Andalus dura plus de trois siècles.
Quant au Caire, il est situé à la jonction de la haute Egypte et du delta. A l'arrivée des fatimides en Egypte en 969, le pays était déjà sous domination arabe depuis sa conquête au byzantins du calife Umar. Le Caire fut la dernière venue des capitales califales, mais non des moindres.
Nous nous intéresserons donc à ces deux capitales sur la période qui va de 929 – date de la proclamation par Abd al-Rahmân III du califat de Cordoue – jusqu'à 1020 – date à laquelle le calife Al-Hakim fit brûler un tiers de l'agglomération. Cette période correspond à l'apogée des deux villes en tant que capitales califales, correspondant chacune à la dynastie des omeyyades (Cordoue) et celle des Fatimides (Le Caire) qui s'affrontent durant une longue période.
Il s'agira ici de voir en quoi les capitales musulmanes califales sont les lieux du pouvoir et quels sont les raisons, les manifestations et les limites de ce pouvoir.
Pour ce faire, nous traiterons tout d'abord de la capitale musulmane en tant que siège du pouvoir. Puis nous verrons en quoi cette époque correspond à une période de splendeur pour les deux villes. Enfin, il sera question de s'intéresser aux limites de ce pouvoir.
[...] La garnison (jund) était sous le regard direct d'un gouvernement : le wali. A Cordoue, les contingents de berbères militarisés étaient cantonnés au nord de la ville : Fahs al-Surâdiq. Qahira était aussi destinée à l'hébergement des contingents souvent tribaux de l'armée fatimide. Ils étaient installés dans des cantonnements qui prirent le nom de quartiers (hâra). Par manque de place, certains furent installés en dehors des limites posées. De plus, il était interdit aux troupes de s'installer à Fustât pour les garder éloignés de la population, mais beaucoup de soldats s'y installèrent malgré tout. [...]
[...] Villes et pouvoir en Méditerranée : Cordoue, Le Caire, deux capitales musulmanes (929 1020) L'établissement du prophète Muhammad à Médine en 622 marqua la fondation du premier Etat islamique et le début de l'ère musulmane. Ainsi, Ville et Islam ont un caractère originel. Par la suite, le principe de fondation d'une ville dans l'Islam s'imposait pour marquer une transition dynastique. Dans son œuvre Etats, sociétés et cultures du monde musulman médiéval X-XV eme (tome Jean-Claude Garcin donne les signes urbains suivants : un minimum d'infrastructures permettent la vie de populations rassemblées, des lieux où s'exercent le travail artisanal et des lieux d'échange, des résidences particulières traduisant une différenciation sociale, ainsi que le siège d'une autorité exerçant le pouvoir politique ou le maintien de l'ordre. [...]
[...] La plus caractéristique des rebellions, et la plus menaçante pour le pouvoir de Cordoue fut celle d'Ibn Hafsûn qui ne fut anéantie qu'en 928 avec la reddition de Bobastro. La reprise du Djihad contre les chrétiens du nord se mit également en place. Enfin, l'émir se préoccupa de la menace fatimide au Maghreb et commença à intervenir sur le littoral en 927, mais nous reviendrons sur cette question. En 929, à la suite des évènements intérieurs comme extérieurs que nous venons de décrire brièvement, Abd al Rhamân III considéra qu'il avait acquis assez de prestige et restaura le titre califal pour la dynastie des omeyyades. [...]
[...] L'ampleur de la bibliothèque du palais doit également être relevée ; elle aurait occupé plus de 40 salles du grand palais et d'après l'historien Ibn Abî Tayyi elle aurait contenu plus d'un million six cent mille volumes et il la considérait comme une des merveilles du monde. La période fatimide était également marquée par un art original et novateur dont certains éléments furent importés en extrême orient (tel l'adoption des stalactites comme type de décor). Ils innovèrent également dans le domaine mobilier avec la production de magnifiques faïences, verres, bronze et tissus. Le faste du cérémonial de cour peut être considéré comme une des manifestations encore plus expressive de cette grandeur fatimide. [...]
[...] Siège du califat, c'est au palais que l'on accueillait les ambassadeurs et les représentants des cours étrangères. Toutes les cérémonies officielles s'y déroulaient, nous y reviendrons. Le palais était également le siège des différends dîwâns de l'état du trésor central et des magasins d'armes. L'ensemble se composait de plusieurs bâtiments nommés al-Qusûr, al-Ma'mûra ou al Qusur al-Zâluia. D'après al Maqrizi il se composait de dix salles et pavillons. Quant à la fonction religieuse de la ville, elle s'affirmait par la présence d'une grande mosquée. [...]
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