Dans les années 60, c'est-à-dire, avant même la création d'Internet, le sociologue canadien Mc Luhan parle de « village planétaire » car les médias de masse télévisés et radiodiffusés permettent une information généralisée à l'ensemble de la planète.
Il avance ainsi l'idée que la mondialisation est soutenue par de nouveaux progrès qui semblent avoir permis l'effacement des distances. La mondialisation se caractérise en effet par une interrelation croissante entre les différentes parties du monde. En fait, toutes les mondialisations ont été fondées sur les mêmes ressorts : l'alliage d'une idéologie et d'une technique (Braudel). La première mondialisation, au XIX siècle avait été alimentée par les progrès techniques de l'époque (rail et voies maritimes). Mais celle qui se déroule actuellement, qui résulte de la combinaison du libéralisme économique et de nouvelles innovations technologiques, principalement dans le domaine de la communication et de l'information (NTIC), paraît tout à fait novatrice car elle modifie les notions mêmes d'espace et de temps, et donc, ici, la notion même de « frontière ».
Selon les termes de Mc Luhan, « Le circuit électrique a renversé le régime du « temps » et de « l'espace » et déverse sur nous de façon pressante et continuelle les problèmes de tous les autres hommes. Il a rétabli le dialogue à une échelle globale (…) Nous vivons actuellement dans un village global… un « happening » simultané ».
C'est donc bien l'idée que les moyens modernes de communication ont supprimé les distances, qu'il s'agisse de se déplacer ou de communiquer et que l'on vit dans un « village planétaire », c'est-à-dire dans une communauté mondiale, sans frontières.
Le terme « frontière » doit être compris ici non seulement au niveau politique, en tant qu'il définit le territoire d'un Etat-nation, mais également comme faisant appel à des notions plus subjectives, telles que la culture, l'identité ou encore le sentiment d'appartenance ou de proximité.
Mais si le processus de suppression des barrières, de libre circulation des marchandises, des capitaux, des hommes et de l'information a permis l'abolition des distances, on peut s'interroger sur la mesure dans laquelle il a permis l'émergence d'un « village planétaire » sans frontières.
Nous verrons donc, tout d'abord, qu'en effet la mondialisation commerciale et l'apparition de nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ont pu créer une impression d'appartenance à une sorte de « village planétaire » sans frontières. Cependant, la réduction de l'impact des frontières sur les échanges ne signifie pas forcément leur fin et nous verrons ainsi que les frontières, loin d'avoir disparu, se sont redéfinies, et que la notion de village planétaire demeure encore une illusion.
[...] (Ainsi, en vertu des accords de l'ALENA, il y a libre circulation des biens, mais pas des personnes entre les États-Unis et le Mexique.) ni uniforme (redéfinition des frontières politiques et culturelles) Par ailleurs, si la mondialisation n'est pas venue à bout des frontières, elle les a également amené à leur redéfinition au niveau mondial mais également au niveau national, avec la création de nouvelles frontières situées à l'intérieur même des pays. La mondialisation n'est donc pas un phénomène uniforme. [...]
[...] Cependant, l'on peut voir que de nos jours, le développement des échanges et des technologies de l'information et de la communication n'ont pas totalement réussi à faire établir un village planétaire sans frontière et que l'on peut se demander dans quelle mesure elles n'ont pas contribué à renforcer les frontières déjà existantes et à en créer de nouvelles entre individus (phénomène de marginalisation et concentration des acteurs). II) qui reste pourtant inachevé Le village planétaire n'est ni universellement partagé La notion de village planétaire est à relativiser : la potentielle abolition des distances, permise par la technologie ne suffit pas à supprimer les frontières politiques et culturelles entre les individus. Avec la mondialisation, les frontières sont certes plus perméables, mais elles continuent néanmoins d'exister et d'être un des facteurs clés des relations internationales. [...]
[...] (ex : fracture numérique en Chine : villes modernes et très ouvertes sur le monde mais aussi des campagnes totalement enclavées) Finalement, on voit que l'idée même que le développement des moyens de communication puisse affranchir des frontières et des distances trouve sa limite dans des phénomènes emblématiques de la mondialisation. On célèbre la fin des frontières mais en même temps, on pose en modèle la Silicon Valley, qui concentre centres de recherche, entreprises technologiques performantes, réseaux de fournisseurs, capitaux disponibles, etc. [...]
[...] Le développement des flux se fait grâce à la disparition des obstacles techniques, géographiques et politiques à leur circulation et chaque jour, des centaines de milliards sont échangés sans qu'il y ait de contact direct entre opérateurs économiques (mouvements de capitaux : 600 milliards par jour dans les années 80, plus de 1500 milliards de dollars par jour). On assiste ainsi à une multiplication des flux, celui des hommes, celui des facteurs de production, celui des capitaux et de l'information. On voit donc que pour l'économie, la notion de frontière devient moins pertinente. [...]
[...] Facteur de potentielle universalisation (références communes), elle provoquerait en retour le développement des particularismes et l'accentuation des phénomènes identitaires (l'anglais devient la langue mondiale mais les langues régionales se développent). De plus, il faut souligner que, paradoxalement, la mondialisation renforce la concentration. Pas seulement celle des richesses, mais aussi celle des hommes sur le territoire : les activités économiques sont concentrées dans les grandes villes, dans lesquelles se regroupent médias, sièges sociaux des entreprises, etc Internet est présent comme un instrument de décentralisation mais pour ceux qui sont encore en dehors des lignes à haut débit le risque est d'être encore plus marginalisé. [...]
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