Tandis que s'ouvre en 1851 l'Exposition universelle de Londres, et que les Anglais découvrent émerveillés le Crystal Palace conçu par Joseph Paxton, un journaliste britannique forge l'adjectif victorien, épithète laudatif qui signale l'entrée du Royaume-Uni dans une ère nouvelle de certitude et de prospérité. Lors du jubilée de 1887, l'épithète est devenu un substantif péjoratif qui stigmatise l'hypocrisie de la société façonnée sous le règne de Victoria : le « victorianisme », vilipendé par Shaw ou Wilde. Séquence longue de l'histoire britannique, divisée en plusieurs temps, époque de bouleversements profonds que dissimule l'apparente unité d'un règne, la période victorienne coïncide avec l'apogée d'un modèle de société britannique dont il s'agit d'interroger non seulement les manifestations, mais aussi les limites et les évolutions. Première puissance économique mondiale, l'Angleterre victorienne est d'abord et avant tout une société clivée, dont les codes peuvent être interrogés, mais toujours sous l'égide d'une monarchie qui peine à se démocratiser.
[...] workshop of the world” Le revenu national britannique de 1851 double en deux ans, pour atteindre millions de livres sterling en 1853. Le Royaume-Uni dans les années 1870 produit les deux tiers du charbon mondial, plus de la moitié de la fonte, et son commerce extérieur 1877, date de l'invention du procédé Gilchrist Thomas procédé permettant la production d'acier à partir de scories phosphoriques - , dépasse ceux de l'Allemagne, de la France et de l'Italie réunies. En 1860, le revenu moyen par habitant est en Angleterre de 33 livres, contre 23 en France et 13 seulement en Allemagne. [...]
[...] Les changements, enfin, sont aussi d'ordre politique, malgré l'échec du chartisme. III. Une monarchie bloquée A. Un modèle exemplaire ? Nous autres Anglais, déclare M. Podsnap dans le roman de Charles Dickens Our Mutual Friend (1865), nous sommes très fiers de notre constitution, Monsieur, elle est un don de la Providence. De fait, la monarchie parlementaire anglaise traverse le dix-neuvième siècle sans révolution aucune, procédant bon an mal an à des élargissements du suffrage en et 1884 qui permettent à 6,7 millions d'hommes de voter en 1900. [...]
[...] The Victorian Era : la société britannique de 1837 à 1901 Introduction Tandis que s'ouvre en 1851 l'Exposition universelle de Londres, et que les Anglais découvrent émerveillés le Crystal Palace conçu par Joseph Paxton, un journaliste britannique forge l'adjectif victorien, épithète laudatif qui signale l'entrée du Royaume-Uni dans une ère nouvelle de certitude et de prospérité. Lors du jubilée de 1887, l'épithète est devenue un substantif péjoratif qui stigmatise l'hypocrisie de la société façonnée sous le règne de Victoria : le victorianisme vilipendé par Shaw ou Wilde. [...]
[...] Une crise de la pensée anglaise ? La rigidité de l'éthique victorienne n'est pas pour autant synonyme d'immobilité. En termes de croyances, la période s'accompagne de renouveaux (évangélisme ; mouvement dissident d'Oxford, avec la conversion au catholicisme de Newman en 1845 ; mouvement Church Broad, qui importe d'Allemagne l'exégèse historique de la Bible), ou de doutes, occasionnés notamment par la querelle darwinienne. En termes de mœurs, l'éthique victorienne se traduit par une certaine duplicité, que traduit le nombre de prostituées à Londres dans les années 1860 (près de sont recensées, permanentes ou occasionnelles, qui vivent du great social Evil ou le scandale suscité en 1895 par l'affaire Oscar Wilde. [...]
[...] Figure tutélaire, Victoria semble incarner à elle seule les vertus d'un modèle de société, mais également ses travers et ses limites. Société clivée, ordonnée par une éthique puritaine de la respectabilité et bloquée par un système politique conservateur, la société victorienne est aussi une société en évolution, comme en témoignent la naissance du Labour ou le mouvement des suffragettes. Si la période edwardienne qui succède à l'ère victorienne ne constitue pas une rupture au sens propre, le prédicateur de Saint-Paul traduit bien, en 1901, le désarroi d'une majeure partie des Britanniques à la perte de leur souveraine : Elle a disparu et elle disparaît avec une époque. [...]
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