L'Amérique du Sud vit un tournant historique depuis qu'au Venezuela et en Bolivie ont accédé au pouvoir des partis ayant pour programme la nationalisation des ressources naturelles, des politiques socialistes et des chefs indigénistes. Bien que très récents, on comprend, compte tenu de la répartition des richesses en Amérique du Sud et la « pigmentocratie » (on associe l'élite à une peau plus blanche donc moins métissée) que ces changements vont avoir un impact à long terme très important sur l'ensemble du continent. D'où l'importance de revenir sur les événements qui ont amené ces changements, afin de mieux comprendre leur nature et leur portée.
Le Venezuela — un pays dont le territoire est de 912,050 km² et la population de 24 millions, majoritairement catholique — est aujourd'hui dirigé par l'ex-lieutenant-colonel parachutiste Hugo Rafael Chavez Frias, qui se réclame d'origine indienne. Pendant des années, le pouvoir avait été tiraillé entre deux partis : l'Action démocratique (sociale-démocrate) et le COPEI (chrétien-démocrate), dont les dirigeants étaient surtout occupés à se diviser les revenus du pétrole. Dans le courant de la crise économique, comme ailleurs en Amérique latine, des changements importants surviennent, dont des rébellions militaires en 1992 auxquelles a pris part Chavez et dont il est, en partie, issu. Chavez, dont la doctrine du bolivarisme — sous son gouvernement le pays a été rebaptisé ‘République bolivarienne du Venezuela‘ — s'attaque à la corruption, l'apartheid social, le clanisme, ce qui n'est pas sans lui attirer une opposition diverse (patrons, syndicats, putschistes, extrême gauche) qu'il ne parviendra à maîtriser qu'après maintes péripéties et renversements de situation.
[...] La Bolivie riposte en envoyant son armée occuper la zone en question. Le Chili déclare sa propriété le dépôt de guano du littoral d'Atacama. Le traité de 1866 légalise la présence des entreprises britanniques et chiliennes. L'accord de 1874 décrète une exemption totale de taxes pour les entreprises chiliennes en territoire bolivien[5]. A. La guerre du Pacifique La Bolivie finit par se réveiller, quatre ans plus tard, et conteste. Le Chili en profite pour réagir militairement et occupe tout le littoral bolivien. [...]
[...] La zone de La Paz la plus fortement mobilisée, El Alto, est à 90% indienne (pauvres, ils n'ont rien à perdre et se mobilisent en masse) et est aussi au coeur des réseaux routiers et aéroportuaires (ce qui fait que leur mobilisation a d'autant plus d'impact la capitale manque bientôt de pétrole). Si au départ ils exigent le retrait du projet gazier, c'est finalement le départ du président qu'ils exigent. Evo Morales dirige le mouvement, lui qui est chef des cocaleros et chef de l'opposition parlementaire. [...]
[...] Movimiento de la Izquierda Revolucionaria (MIR) - Mouvement de la gauche révolutionnaire . Allianza Democratica Nacionalista (ADN) Cette rupture s'explique elle-même par le fait que ces partis ont fini par créer, dans la dernière décennie, des alliances contre nature» au profit de pactes, rendant le paysage politique illisible; par le fait aussi que tous les gouvernements ont été mêlés au narcotrafic en toute impunité; par le fait enfin que le président n'est pas élu directement au suffrage universel, mais par le Congrès (qui décide, au second tour, lequel des deux candidats élus au premier tour sera président), une élection qui, donc, reflète les jeux de pouvoir en coulisse plus que la volonté populaire[6]. [...]
[...] L'Amérique latine. Nantes ; Edition du Temps : 2005, p Harry E. Vanden, Gary Prevost. Politics of Latin America : the Power Game. Oxford ; Oxford University Press : 2006, p Javier Santiso, Amérique latine : révolutionnaire, libérale, pragmatique. Paris ; Autrement : 2005, p Santiso, p Hardy et Médina-Nicolas, p Artigas, p Ibid., p. 112-113. Hardy et Médina-Nicolas, p Ibid. [...]
[...] Dès son arrivée au pouvoir, Mesa annonce un référendum en cinq questions sur la question de la gestion des hydrocarbures, qui se tient finalement le 18 juillet 2004. Les Boliviens Blancs et Indiens confondus votent pour la nationalisation du gaz. L'alliance de Mesa avec le MAS était purement tactique et il était impossible en fait pour Mesa de gouverner avec ou sans cette alliance. Le MAS juge insuffisantes les réformes de Mesa. C'est que Mesa, malgré le feu vert qui lui est donné par son peuple, ne peut se risquer à entrer en guerre contre le géant pétrolier. [...]
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