Vème république, premier ministre, Président de la République, Constitution de 1958, cohabitations
La Vème république s'est établie en réaction à la IVème, sclérosée par un régime parlementaire inefficace dans un contexte de crise internationale (crises coloniales : Indochine 1954, Suez 1956, Algérie jusqu'en 1962). La crise que traverse la France s'étend alors au champ politique ; à Alger un gouvernement militaire se met en place, mené par le général Massu, qui fait appel à De Gaulle. Cela sonne la fin de la traversée du désert de ce dernier, lui qui n'avait pas su imposer sa vision de la France (exprimée à Bayeux) en 1946. Arrivé au pouvoir en 1958 après la démission du Président de la République René Coty et de son président du Conseil Pierre Pflimlin, le général De Gaulle a donc voulu rétablir l'équilibre entre les pouvoirs, en privilégiant dans la Constitution de 1958 (dont il confiera la rédaction à Michel Debré) un exécutif fort, incarné par le Président de la République, homme providentiel dont le général était l'allégorie vivante.
[...] Le Premier ministre est essentiel au Président dans l'accomplissement de ses buts politiques. On a vu tout à l'heure que la Constitution de la Vème république avait été établie selon le vœu de De Gaulle de voir un président fort. Il n'oublie cependant pas le Premier ministre, et déclare à son propos lors d'une conférence de presse de 1964 : « La nature, l'étendue, la durée de la tâche (du Président de la République) impliquent qu'il ne soit pas absorbé sans relâche et sans limite par la conjoncture, politique, parlementaire, économique et administrative ; au contraire c'est là le lot, aussi complexe et méritoire qu'essentiel, du Premier ministre français. [...]
[...] Lors des cohabitations, le premier ministre s'émancipe ; la dyarchie s'installe. En période de cohabitation (majorité parlementaire différente de la majorité présidentielle), la donne change au sein du pouvoir ; la subordination du Premier ministre disparait, grâce à la légitimité que lui confère sa majorité parlementaire. Le Premier ministre mène sa propre politique en temps de cohabitation Cela est possible par l'absence de responsabilité envers le Président en période de cohabitation. En effet, le Président est plus ou moins contraint de nommer le chef de l'opposition comme chef du gouvernement après sa défaite électorale ; le Premier ministre tire sa légitimité du peuple et non plus du Président. [...]
[...] En 2007, les relations entre le Premier ministre et le Président sont devenues un élément clé du début de la présidence de Nicolas Sarkozy, qui fut accusé d'être un hyper président reléguant son Premier ministre à des fonctions secondaires. Au vu des derniers faits exposés, il semble évident pour le lecteur que les rapports entre le Président de la République et son Premier ministre sont un élément clé du fonctionnement de la Vème république. On peut dès lors d'interroger ; comment peut-on caractériser les relations entre le Président et son Premier ministre ? [...]
[...] Selon la Constitution, c'est au Premier ministre que revient le pouvoir de déterminer et de mener la politique du pays. Toutefois, en période de concordance majoritaire, le Premier ministre est choisi dans les rangs de la majorité présidentielle, et se doit donc d'appliquer la volonté du Président. En témoigne cette phrase de Jean Pierre Raffarin, Premier ministre sous le second mandat de Jacques Chirac mai 2002 au 31 mai 2005) : « Il y a les orientations du Président de la république : je les suis à la lettre » Le président a en effet intérêt à nommer un Premier ministre qu'il peut contrôler : un Premier ministre trop populaire ferait de l'ombre au Président, ce qui lui serait préjudiciable surtout durant un premier mandat, en vue de la réélection. [...]
[...] Le Premier ministre contrôle en effet également l'élaboration des lois : il a nommé un gouvernement qu'il a imposé au Président. Le conseil des ministres est donc dominé par le Premier ministre, où le Président joue un rôle plus ou moins figuratif (il peut refuser d'inscrire quelque chose à l'ordre du jour, mais l'histoire ne donne pas d'exemples allant dans ce sens) Cette situation a d'ailleurs inspiré Plantu, dont la caricature de conseil des ministres durant la cohabitation Chirac/Mitterrand est restée célèbre. [...]
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