Le Vatican est confronté au cours du XIXème siècle aux changements profonds qui affectent les sociétés traditionnellement chrétiennes d'Europe. L'ordre social des anciennes monarchies est bouleversé par les révolutions française et anglaise, tandis que tous les pays européens sont touchés par l'idéologie des Lumières. Celle-ci prône le rationalisme, contre l'obscurantisme religieux. Dans cette lignée, le XIXème siècle est celui du positivisme d'Auguste Comte qui conçoit la science comme l'unique religion d'avenir. Les avancées réalisées en géologie, en paléontologie vont à l'encontre de l'enseignement traditionnel de la Bible. Lamarck énonce en 1809 la théorie du transformisme. Darwin la développe en 1859 et remet clairement en cause la conception biblique de la Genèse qui ne s'accommode pas de l'idée d'évolution des espèces. Face à l'émergence de ces grands courants, les catholiques sont divisés entre catholiques traditionnels et progressistes. De même au Vatican, les politicanti, favorables à une modernisation de l'Eglise s'opposent aux zelanti, beaucoup plus intransigeants. Jusqu'en 1846, les zelanti dominent. Cependant, cette même année voit pour la première fois l'élection d'un pape considéré comme libéral, ce qui laisse donc augurer un changement de la politique et de la doctrine de l'Eglise. Aussi peut-on s'interroger. Comment le Vatican a-t-il survécu, du moins réagi à une modernisation des sociétés chrétiennes qui remettait si durement en cause son enseignement traditionnel ? Nous verrons que les trois souverains pontifes qui se sont succédés entre 1846 et 1914, Pie IX, Léon XIII et Pie X ont chacun tenté d'apporter une réponse à ces évolutions, tantôt en s'en accommodant, tantôt en les rejetant.
[...] Léon XIII qui s'était montré d'abord favorable à l'idée que dans une société aussi différente que la société américaine, les rites soient quelque peu différents, condamne finalement l' américanisme (notamment l'idée d'accorder la préférence aux vertus actives sur les vertus contemplatives) à la suite de la publication d'une traduction de la biographie d'Isaac Hecker par Walter Elliot. Le Vatican s'ouvre également à la critique historique. En 1880, les archives secrètes du Vatican sont ouvertes aux chercheurs de toute confession. Une école de paléographie est créée en 1889 à côté des archives. [...]
[...] Le Pontificat de Léon XIII est en effet marqué par une ouverture incontestable à la modernisation des sociétés. Modernisation et ouverture intellectuelle Il s'agit d'abord d'une ouverture politique. Léon XIII réaffirme l'idée que tout pouvoir vient de Dieu, mais il déclare dans l'encyclique Diuturnum de juin 1881 que tout pouvoir légitimement établi et justement exercé vient de Dieu Dans la même optique, le Pape se dit, dans l'encyclique Immortale Dei de novembre 1885, prêt à reconnaître tous les régimes en place pourvu qu'ils ne combattent pas la religion. [...]
[...] L'intransigeance de Pie IX, et de Pie X les a conduits à rejeter en bloc une modernisation inévitable des sociétés, n'y voyant qu'une remise en cause de l'enseignement traditionnel de l'Eglise. C'est ce qui explique le triomphe de l'ultramontanisme au cours de cette période. Léon XIII n'a pas été l'acteur d'une profonde rupture avec la politique de son prédécesseur . Cependant, son caractère beaucoup plus conciliant et ses talents de diplomate lui ont permis, tout en maintenant les condamnations du libéralisme, du socialisme, de la sécularisation, d'offrir une troisième voie aux fidèles, celle du catholicisme social, véritable adaptation à la modernité des sociétés. [...]
[...] Les gallicans quant à eux reconnaissent certes la prééminence du Pape mais réfute son droit à diriger les Eglises nationales. En 1854, Pie IX décide de sa propre autorité de proclamer le dogme de l'Immaculée Conception, c'est-à-dire qui consacre la virginité de Marie, lui accordant une place privilégiée dans la doctrine catholique. Il s'ensuit une grande dévotion populaire pour la Vierge, avec les nombreuses apparitions, à Lourdes, à la Salette. La convocation du Concile Vatican qui débute le 8 décembre 1869 a pour but de reconnaître au souverain pontife l'infaillibilité en ce qui concerne la définition du dogme. [...]
[...] L'opposition à la modernisation des sociétés La question romaine n'est pas sans lien avec la politique menée par la suite par Pie IX. Celui-ci est conforté dans ses idées antilibérales alors que les progressistes prônent, en France en particulier, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et qu'en Allemagne, les intellectuels, à l'instar de Joseph Döllinger, un professeur d'histoire ecclésiastique, aspirent à être parfaitement libres dans leurs recherches. Face aux poussées libérales, démocratiques ainsi qu'au courant socialiste, Pie IX répond le 8 décembre 1864 par l'encyclique Quanta Cura, à laquelle est associée le Syllabus. [...]
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