« La catégorisation ethnique est le pire moyen de lutte contre les discriminations, à l'exception de tous les autres. » Cette célèbre phrase remaniée de W. Churchill résume bien le débat virulent à propos des catégories ethniques et raciales, et de leur impact sur l'évolution des discriminations.
Les théories sur l'ethnicité et sur la dénomination des catégories ethniques sont très nombreuses : selon Georges Felouzis, une catégorie ethnique est en fait composée de personnes ayant tout une série de traits et de propriétés significatifs ; elle n'est pas ethnique si elle ne reflète pas une appartenance à un groupe ayant la même culture. Pour le sociologue Gordon, l'ethnicité apparaît à partir du moment où les personnes d'un même groupe ont le sentiment de former un peuple. L'ethnicité serait donc issue d'un sentiment d'affinité naturelle constitutif de l'identité ethnique. En 1981, Pierre Van den Berghe propose une nouvelle théorie : l'ethnicité comme extension de la parenté. Selon cette théorie, les bases des relations ethniques et raciales sont à chercher dans les prédispositions génétiques à la sélection parentale : nous agirions de façon ethnocentriste en ce qui concerne notre reproduction. Cette théorie, vivement critiquée, n'a pas tardé à être supplanté par les théories instrumentalistes et mobilisationnistes, dont les principaux défenseurs sont Glazer et Moynihan : selon eux, les formes d'identification diverses (religion, langue, origine nationale…) sont devenues des « foyers effectifs de mobilisation de groupes pour des buts politiques concrets ». Nous pouvons également citer la théorie marxiste de l'ethnicité (les antagonismes entre immigrés et nationaux trouvent leur source dans la segmentation du marché du travail), ou encore la théorie néo-culturaliste. Le fait qu'il n'existe pas de définition officielle de l'ethnicité ou de la race complique encore un peu plus le débat.
[...] L'usage des catégories ethniques dans les politiques de lutte contre les discriminations Introduction La catégorisation ethnique est le pire moyen de lutte contre les discriminations, à l'exception de tous les autres. Cette célèbre phrase remaniée de W. Churchill résume bien le débat virulent à propos des catégories ethniques et raciales, et de leur impact sur l'évolution des discriminations. Les théories sur l'ethnicité et sur la dénomination des catégories ethniques sont très nombreuses : selon Georges Felouzis, une catégorie ethnique est en fait composée de personnes ayant tout une série de traits et de propriétés significatifs ; elle n'est pas ethnique si elle ne reflète pas une appartenance à un groupe ayant la même culture. [...]
[...] Selon Schnapper, les rédacteurs des textes législatifs, en déclarant vouloir lutter contre les préjugés liés à la race, ont implicitement reconnu les races en question. Bien sûr la catégorisation n'est pas la seule responsable des discriminations, mais elle contribue à les entériner, au risque d'imposer une vision ethnicisée de la société. R. Alba et N. Denton, spécialistes des Etats-Unis, rejoignent D. Schnapper sur ce point : il est vrai que la collecte de données ethniques attire l'attention sur les différences ethniques et raciales et favorise une certaine forme de racisme. [...]
[...] De plus, pour Dominique Schnapper, les statistiques schématisent une réalité qui est en fait beaucoup plus compliquée : les individus sont tous différents, ils ont tous une histoire, des identifications, et des références propres. Il existe une grande pluralité de situations, mobiles dans le temps : c'est pourquoi on reproche souvent aux statistiques et aux recherches sur la ségrégation et les discriminations de ne pas pouvoir produire des résultats comparables et reproductibles (G. Felouzis). Les catégories ethniques sont en réalité très complexes et changeantes, alors que les statistiques publiques sont simples et constantes. Il est donc difficile d'étudier l'évolution des discriminations dans ce contexte. [...]
[...] Cela a conduit à une amélioration de la situation des minorités ethniques, et notamment à une baisse de la ségrégation résidentielle des Américains noirs. De plus, les données ethniques et raciales ont permis une meilleure intégration de certains groupes auparavant stigmatisés, comme les white ethnics. Mais n'oublions pas que le cas des Etats-Unis est à part, puisque les identités raciales et ethniques sont omniprésentes dans la société américaine : le critère racial est un principe essentiel de sa stratification. [...]
[...] Felouzis, définir des individus et des groupes en fonction de leur origine est donc dangereux. Un exemple de dérive est sans nul doute le gouvernement de Vichy en 1940 et sa position par rapport au statut de la population juive : sa classification avait abouti à des catégories telles que un demi-juif trois quarts de juif ou même un quart de juif Cette utilisation abusive des catégories ethniques avait abouti à l'opposé de ce à quoi elles sont censées servir, à savoir la lutte contre les discriminations. [...]
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