À cause de sa taille et de son expansion sur des territoires dont la population n'est pas russe, on remarque une persistance des tensions dans la gestion des différentes populations au sein de la Russie, quelles que soient les époques.
L'Empire russe s'est en effet formé du XVIe au XIXe siècle en une succession d'extensions territoriales. Le recensement de la population de 1897 permet au tsar de toutes les Russie de connaître le nombre et les particularités de ses sujets : ils sont plus de 126 millions et 55,7% d'entre eux ne sont pas russes, mais « allogènes ». Les différentes composantes de la population sont séparées à la fois par leur histoire, leur mode de vie, la dimension de leur peuple, leur religion, leur langue. Ce qui unit alors cette diversité, c'est le système politique. L'Empire a une structure particulière qui peut sembler paradoxale : l'Etat est centralisé, hiérarchisé, autocratique, l'autorité du tsar est absolue, mais en tant qu'Empire les structures sont différentes, il y a juxtaposition de plusieurs systèmes d'autorité. En effet, l'espace conquis en trois siècles d'expansion est organisé au fur et à mesure, sans ligne directrice précise. De l'intégration pure et simple à la Russie à une large autonomie, on retrouve tous les degrés dans les relations entre le centre et la périphérie. Les crises politiques qui marquent l'entrée de la Russie dans le XXe siècle vont orienter toujours plus les politiques vers l'uniformité et on observe un centralisme croissant. À la veille de la révolution, la création d'un système politico-administratif plus cohérent n'est pas sans conséquence négative sur les relations entre la Russie et les peuples de l'Empire. La Révolution n'aura pas de mal à enrôler les nations de plus en plus frustrées par les politiques de centralisation et de russification pour précipiter l'effondrement de l'Empire. S'édifie alors sur les ruines de l'Empire l'Etat des Soviets. Cependant, celui-ci devra également, à son tour, affronter ce même défi que représente la gestion des différentes nations.
[...] Mais cela reste très théorique et est perçu comme une simple concession tactique. On peut noter que les bolcheviks sont hostiles au principe de l'autonomie culturelle et le P.O.S.D.R. s'oppose à la constitution de systèmes scolaires propres à chaque nationalité que préconisent les sociaux- démocrates de Transcaucasie. Prétextant que l'autonomie culturelle préserve l'intégrité des États plurinationaux et contrarie par conséquent la réalisation d'une autonomie nationale authentique, les bolcheviks optent définitivement en 1913 pour le principe de l'autonomie territoriale. Le principe de l'autodétermination a été appliqué de 1917 à 1920 de manière très variée compte tenu des conditions dans lesquelles les revendications des nations s'exprimaient. [...]
[...] Son rôle est précisé par la constitution de 1924. C'est la seule institution qui n'a pas subi les hésitations du pouvoir soviétique en matière de problèmes nationaux. Le parti met en place des bureaux régionaux qui servent de relais entre le centre et la périphérie. Il s'agit ainsi de nuancer et d'atténuer l'effet du fédéralisme et des différentes concessions qui ont été faites aux nationalités et qui sont donc porteuses de divisions. Conclusion Comme on a pu le voir, la solution fédérale qui est choisie par le pouvoir soviétique quant à la question des nationalités apparaît pleine d'ambigüités. [...]
[...] On observe une reconnaissance des groupes nationaux différenciés par leur degré décroissant d'autonomie. Cette structure fédérale emboitée introduit ainsi une hiérarchie de droits entre les groupes nationaux, en fonction du statut conféré à leur territoire dans l'organisation étatique. La Constitution fédérale fonde notamment sur le niveau de développement national reconnu aux peuples de l'Union la hiérarchie des statuts des territoires nationaux qui leur sont attribués, république fédérée, république autonome ou région autonome. Dans certains cas, l'autonomie réduite s'explique par la faiblesse numérique ou culturelle d'un groupe (par exemple, les Arabes du Caucase ou les Bouriates), ou encore par sa position géographique (c'est le cas des Bachkirs). [...]
[...] S'édifie alors sur les ruines de l'Empire l'Etat des Soviets. Cependant, celui-ci devra également, à son tour, affronter ce même défi que représente la gestion des différentes nations. On peut donc s'interroger sur les choix théoriques et les mises en pratique choisies par ce nouveau régime naissant, entre 1917 et 1930, pour gérer la mosaïque de peuples et de nations qui compose cet Etat. Dans un premier temps, il convient de revenir sur les fondements théoriques qui justifient les choix faits tout en rappelant que la solution choisie sera avant tout stratégique plus qu'idéologique. [...]
[...] Une phrase de Lénine résume assez bien ce mode d'organisation : liberté totale dans la discussion, unité totale dans l'action On peut ainsi observer que la constitution de 1924 comporte des dispositions fondamentales, favorisant la marche vers l'unité, et assurant la mise en place d'un système de contrôle du centre vers la périphérie. Il y a une indéniable recherche d'unité. On peut noter l'absence de mécanisme de régulation du respect des compétences. Il y a une favorisation de la centralisation des décisions. Comme on a pu le voir pour la politique culturelle, l'Etat est doublé par une structure qui assure le respect des intérêts de la classe ouvrière : le Parti Communiste. [...]
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