Expression qui a basculé depuis longtemps déjà dans le langage courant, « les droits de l'homme » font référence à une déclaration rédigée par un parlement français encore à ses balbutiements le 26 août 1789. S'éloignant du contexte révolutionnaire qui l'a vu naître, le concept de droits de l'homme deviendra vite une idée phare pour les siècles à venir.
En effet, les droits de l'homme ont su accaparer le rôle de doctrine mondiale. L'Organisation des Nations unies adoptera même – le qualificatif n'est certainement pas anodin - une « Déclaration universelle des droits de l'homme » en 1948. Consécration tardive, la déclaration sera érigée au rang de « mémoire du monde » par la United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, organisation de l'ONU plus connue sous l'acronyme d'UNESCO.
Les droits de l'homme du citoyen, et non de l'humanité – ce détail à son importance -, sont intimement liés à la démocratie. Il s'agit de la consécration de l'individu, car la démocratie est le régime portant l'individu au pouvoir : la démocratie s'oppose par essence à l'oligarchie et à la monarchie, car ces derniers ne permettent pas l'implication de chacun dans la vie publique. La protection et le maintien de l'intégrité de ces deux concepts de démocratie et de droit de l'homme sont voulus comme des axiomes inviolables des mentalités modernes : « ils sont universels et indivisibles ».
On conçoit le mot universel comme un adjectif se présentant comme la négation du particulier. Attribuer un tel qualificatif au régime démocratique, et aux droits de l'homme, figure de proue des idées progressistes, suscite des interrogations : en quoi l'universalité des droits de l'homme et de la démocratie devient-elle, du fait de la nature et de la particularité de l'idée, une expression difficile à accepter, tant pour elle-même que pour les implications qu'elle suppose ?
[...] 1 Emmanuel Kant, Lettres Compte-rendu de l'UNESCO sur la conférence de Gdańsk (Dantzig) en août Oscar Bloch et Walther von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF (10e édition.) Aristote, La Politique Vaclav Havel, A vrai dire . : Livre de l'après-pouvoir(Mémoires), Éditions de l'Aube Chaque homme ou femme est au moins partiellement déterminé8 dans sa manière de penser par son origine. Sous le mot vague d'origine se regroupent alors le milieu social, la religion, la culture, et la zone géographique d'un individu. On tire de ce constat une conclusion simple : une idée n'échappe pas à priori aux circonstances qui l'ont vu naître. [...]
[...] Défini comme l'opposé du dogmatisme, le relativisme est devenu la philosophie dominante de l'Occident à la suite de la mort de Dieu24. Il consiste, selon une extrapolation grossière mais facilement appréhendable, à considérer que tout se vaut Ainsi, il n'y aurait pas de système capable de se substituer à tous les autres et de s'ériger en modèle. Les droits de l'homme ne seraient donc qu'un corpus de lois parmi d'autres, au même titre que les lois de chaque pays. De même, démocratie, monarchie, dictature et oligarchie sont interchangeables et également valables. [...]
[...] On en vient à notre seconde sous-partie : la légitimité et la souveraineté étatique invoquées inlassablement par les États pour justifier leur politique, envers et contre toute attaque de l'extérieur est un faux problème. Il s'agit de moyens de justifier une politique injustifiable pour ceux contre qui on ne dispose pas de moyens de pression efficace comme la censure ou la police politique. En effet, si on enlève les enjeux politiques du débat sur l'universalisme des droits de l'homme et de la démocratie, alors on perd une composante importante du débat. [...]
[...] Après avoir mis en exergue les arguments forçant le scepticisme quant à une portée réellement universelle de ces concepts, nous verrons en quoi le relativisme lui aussi s'essouffle devant ses limites, pour enfin s'attacher à démontrer le bienfondé d'un autre type d'universalité : la démocratie et les droits de l'homme comme relativement universels, un compromis nécessaire. Que sont les droits de l'homme ? : répondre à cette question permettra sans doute de mieux pouvoir se prononcer sur la vraisemblance d'une prétendue universalité du terme de droit de l'homme. On parle de concept dans la majorité des travaux dédiés aux droits de l'homme. [...]
[...] Cet antagonisme s'exprime par des traditions politiques différentes : En 1740, le roi de Prusse Frédéric II écrit un Anti- Machiavel, dénonçant implicitement la politique menée par le Cardinal de Fleury. Ce dernier dirige la France aux côtés de Louis XV, en sa qualité d'ancien précepteur du jeune roi, jusqu'en 1743. Ernest Renan, dans sa célèbre conférence de 1882 Qu'est-ce qu'une nation, oppose diamétralement la France et l'Allemagne par sa théorie de la souveraineté20. Car, bien à l'image d'un Choc des Civilisations les échanges, comme le commerce, sont loin d'adoucir les mœurs mais contribuent au contraire à exacerber les différences. [...]
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