L'unité nationale désigne l'union d'un ensemble d'individus au sein d'un groupe suffisamment homogène pour que l'on parle de nation. Deux conceptions de la nation sont possibles : une conception objective selon laquelle la nation regroupe des individus partageant des caractéristiques communes (ethnie, langue, religion) et une conception subjective selon laquelle la nation est le sentiment d'appartenir à une communauté qui partage les mêmes valeurs et les mêmes idéaux.
Un problème spécifique est cependant lié à une telle conception : comment unifier un groupe d'individus au moyen d'un sentiment de partager les mêmes valeurs ? Dès lors qu'une telle question se pose, la nation entendue en un sens subjectif est en crise. Un sentiment est en effet de l'ordre de l'immédiateté, de ce qui justement ne souffre pas de remise en question. L'adhésion à des valeurs présente un caractère automatique et spontané, elle est une évidence ou alors elle n'est pas. Comment donc redonner à l'idée de nation comprise en son sens subjectif toute sa potentialité unificatrice ?
[...] Bibliographie proposée http://www.lefigaro.fr/editos/2009/12/10/01031-20091210ARTFIG00142-identite- ou-unite-nationale-.php Langue française et identité nationale Renan, Ernest (1823-1892) / Lambert-Lucas / DL 2009 Communautés et communautarisme Association française des auditeurs de l'Académie internationale de droit constitutionnel : diff. [...]
[...] Ces revendications peuvent être reconnues dans des Etats fédéraux sans qu'elles menacent le sentiment d'unité nationale. Ces Etats ont en effet pour socle la diversité, c'est-à-dire des éléments négatifs : ce qui réunit, c'est tout ce qui sépare. La devise de l'Europe par exemple, entité qui pourrait devenir à terme un Etat fédéral, est unie dans la diversité Mais ces revendications sont problématiques dans les Etats unitaires tels que la France dont l'unité nationale repose sur des éléments positifs, où ce qui réunit renvoie à un sentiment d'appartenance partagé par une population. [...]
[...] Faut-il voir dans la crise de l'unité nationale une crise plus profonde qui serait celle de l'Etat ? II/ L'avènement de la démocratie et de la légitimité légale rationnelle complique la mission étatique consistant à inspirer un sentiment national L'avènement de la démocratie est corrélative de l'émergence de revendications communautaires La France n'est pas l'unique pays à connaître une crise de son unité nationale. La Belgique est également confrontée à un intense déchirement civil entre ses deux principales communautés : les Wallons et les Flamands. [...]
[...] L'enjeu pour l'homme politique est de créer de l'interdépendance entre les citoyens, tout en prenant en considération leurs caractéristiques individuelles. Tout comme le tisserand, il doit instaurer une bonne distance entre les individus : ni trop près, ni trop loin. Le moyen traditionnel pour parvenir à créer du lien social est pour l'homme politique de se servir de la religion. Religion vient du latin religare qui signifie relier. La religion se présente comme un moyen efficace de donner aux individus le sentiment qu'ils partagent les mêmes valeurs et les mêmes croyances. [...]
[...] Pour Renan, l'oubli est nécessaire pour rendre possible le sentiment national. La rationalisation du passé et la concurrence des revendications victimaires représentent a contrario autant d'éléments d'érosion du sentiment national. En parallèle, la technocratisation de l'Etat contribue à rendre l'identification de la société française avec lui plus difficile. L'Etat devient ce monstre froid comme l'appelle Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra parce qu'il tient sa légitimité non plus du sentiment bienfaisant qu'il inspire, mais de sa capacité gestionnaire et de son traitement bureaucratique des relations entre les citoyens. [...]
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