L'Ukraine à la croisée des chemins

Résumé du document

Carrefour énergétique, commercial, routier et point de contact entre deux sphères d'influence, l'Ukraine peut difficilement se passer de l'avis des grandes puissances pour l'élaboration de toute politique un tant soit peu indépendante. Cette terre de « confins », littéralement, semble destinée à n'être qu'une marche d'empire. Sa géopolitique recoupe les thématiques de la géopolitique du pétrole, de l'Europe, des Etats-Unis (et de la Russie) et représente même une illustration du déclin de l'Etat face aux intérêts particuliers. Ce statut d'équilibriste pose la question suivante : le pays est-il sorti de son statut d'Etat-tampon ? Des siècles de domination extérieure ont en effet créé un pays composite (I) dont l'indépendance a redéfini les priorités politiques et la place dans le monde (II), jusqu'à se rapprocher de l'Europe… mais s'est-il pour autant éloigné de la Russie ? (III)

Extraits

[...] Pour cela elle projetait une zone de libre-échange Ukraine, Belarus, Kazakhstan pour contrer le GUAM. énergétiques L'Ukraine est parcourue par 35 000km d'oléoducs et de gazoducs russes à destination de l'Europe et des États-Unis qui souhaitent donc sécuriser leur approvisionnement, ce qui est la seconde raison pour faire basculer l'Ukraine dans le camp occidental. Les pays consommateurs cherchent de plus à diversifier leurs fournisseurs les routes d'Europe sont bien plus sûres que celles du Golfe. Regarder la politique d'élargissement de l'Union Européenne au travers du prisme énergétique est éclairant : les nouveaux et les futurs entrants ont en commun d'être des corridors énergétiques. [...]

[...] Bilan : Malgré l'indépendance et le tournant pro-occidental, l'Ukraine ne s'est en aucun cas émancipée de la tutelle soviétique. Si le pays n'est pas un vassal des deux puissances que sont la Russie et l'Occident + il se doit de ménager les intérêts de chacun de ses partenaires et reste pour l'instant dans une certaine mesure équidistant des deux pôles. C'est pourquoi il ne s'est pas affranchi totalement de son statut d'État tampon. Cependant, les perspectives d'avenir de l'Ukraine sont dans une intégration à l'OTAN, puis à l'UE, sans négliger pour autant les relations avec la Russie. [...]

[...] L'intégration de l'Ukraine à l'URSS s'explique en partie par le potentiel industriel, agricole et stratégique qu'il représente. La région du Donbass, à l'est, représentait ainsi, dans les années 1970, un tiers de la production de charbon de l'URSS tandis que la Crimée était un point stratégique pour l'État-major soviétique grâce au port de Sébastopol, permettant le contrôle de la mer Noire. L'Ukraine était également le grenier à blé de l'URSS et aujourd'hui encore de la superficie du pays sont des terres arables, il reste d'ailleurs un producteur majeur de blé (10e rang mondial). [...]

[...] Cette ingérence dans les intérêts d'un pays aussi explosif socialement est risquée ; Jacques Attali, ancien président de la BERD, n'exclut pas un désastre yougoslave (figaro 7/12/2004). La redistribution des cartes s'est donc faite en faveur des intérêts occidentaux et pourrait favoriser le rapprochement avec l'Union Européenne au détriment de la Russie Mais la Russie est-elle vraiment délaissée par le nouveau pouvoir ? Le limogeage de Yuliya Tymoshenko est le premier heurt de la coalition orange et lui font suite des déclarations d'apaisement vis-à-vis de la Russie. Il est vrai que la dette énergétique et nucléaire ukrainienne vis-à-vis de la Russie est énorme. [...]

[...] L'Ukraine à la croisée des chemins En politique, rien n'arrive par accident. Si cela arrive, vous pouvez parier que c'était prévu comme cela Franklin D. Roosevelt (in Bush Land W. Reymond) Carrefour énergétique, commercial, routier et point de contact entre deux sphères d'influence, l'Ukraine peut difficilement se passer de l'avis des grandes puissances pour l'élaboration de toute politique un tant soit peu indépendante. Cette terre de confins littéralement, semble destinée à n'être qu'une marche d'empire. Sa géopolitique recoupe les thématiques de la géopolitique du pétrole, de l'Europe, des États-Unis (et de la Russie) et représente même une illustration du déclin de l'État face aux intérêts particuliers. [...]