« Pierre avait le génie imitatif, il n'avait pas le vrai génie. Quelques unes des choses qu'il fît
étaient déplacées. Il a d'abord voulu faire des allemands, des anglais quand il fallait commencer par
faire des russes. Il a empêché ses sujets de devenir jamais ce qu'ils pourraient être, en leur
persuadant qu'ils étaient ce qu'ils ne sont pas »
Cette réflexion de Rousseau sur l'intérêt et la réussite du recours au mimétisme, nous rappelle la
politique de modernisation d'un homme dans son pays: Mustapha Kemal. Décrié ou vénéré, Atatürk
de son surnom est né à Salonique en 1881 et mort à Istanbul en 1938. Il est le fondateur et le premier
président de la République turque. Il restera à la tête de la Turquie durant 15 ans. Durant son règne,
Atatürk a entrepris une révolution politique, culturelle et sociétale sur le modèle occidental
civilisateur et moderne. Pour atteindre cet Idéal et construire une nouvelle Nation, il a employé des
moyens arbitraires et autoritaires. La nation qui a fait l'objet à travers l'histoire de nombreuses
constructions différentes, se définit comme une communauté humaine identifiée dans des limites
géographiques souvent fluctuantes au cours de l'histoire, et dont le trait commun supposé est la
conscience d'une appartenance à un même groupe. (wikipédia) C'est justement cet aspect du
kémalisme qui va nous intéresser tout particulièrement aujourd'hui. Par conséquent, en quoi la
modernisation du régime kémaliste symbolise t-elle une construction originale de l'Etat-Nation?
[...] Une phase nécessaire dans la construction de la nation turque. Mantran considère lui aussi que la tache de Mustafa Kemal était grande, en effet, selon lui, faire passé d'un état arriéré et soumis à la tutelle économique de l'Europe occidentale, un pays moderne, débarassé des contraintes imposées par l'étranger. En créant une parti unique, en muselant l'opposition, en consituant aisin l'union nationale autour de sa personne et de ses idées, kemal ajoute-t-il, a réussi à redonner au peuple turc la confiance. [...]
[...] Pour résumer nos propos, on peut dire que le kémalisme qu'il ait été appréhendé avec sympathie ou qu'il se soit heurté au conservatisme et au traditionalisme, a pu exercer une certaine influence sur le monde musulman. Mais d'une manière générale, il n'a jamais été calqué par aucun pays. Pourquoi ? Parce que lorsque Kemal entame ses réformes la plupart des nations arabes sont encore soumise à la tutelle occidentale. Cela tient aussi au fait que le modèle kémaliste apparaît comme le produit de six siècles d'histoires impériales et parce qu'il a pu puiser ses racines dans le terreau de l'héritage ottoman. [...]
[...] Les principes fondateurs de la Turquie nouvelle Comme nous l'enseigne pierre bourdieu dans ses méditations pascaliennes, la lutte politique est avant tout une lutte cognitive, il s'agit selon lui d'imposer la vision légitime du monde social. Mustafa Kemal, dit Atatürk, possedait une réelle vision du monde social et du monde de manière générale. Celle-ci s'articule principalement autour de la notion de modernisation. Il considerait en effet, que la turquie devait se moderniser. Cependant ne pouvons-nous pas interroger le concept meme de modernisation, en quoi cela consiste-il? Le dictionnaire de la science politique nous dit que la modernisation est un processus social de construction de la modernité. [...]
[...] Cette dernière a donc affaire à une réorganisation globale de la communauté turque. Elle se met donc dans une posture assez particulière puisque, pour elle, le peuple dans sa totalité serait considéré comme un étranger. Aktar tente de caractériser la conception démocratique de l'élite turque pendant la révolution kémaliste en l'opposant à celle des Ottomans. La démocratie pour l'élite, c'est l'Etat qui s'occupe de l'équité, du bien-être et de l'épanouissement de tous ses sujets selon des valeurs contemporaines contrairement aux Ottomans qui étaient des non-démocrates puisqu'ils ne s'occupaient plus de la prospérité de leurs sujets ni non plus de leur épanouissement On assiste donc à une véritable prise en charge du peuple par l'élite au travers d'une domination légale pour arriver à un but bien précis faire le bien du peuple malgré le peuple selon les termes du premier ministre de l'époque. [...]
[...] L'élite turque a occupé une position centrale si ce n'est essentiel pour l'instauration d'une démocratie durant la révolution kémaliste. En effet, la construction d'une nouvelle identité nationale turque émerge de la conception d'une certaine idée de la démocratie par l'élite républicaine. Mr Cenzi Aktar, dans son essai critique intitulé L'occidentalisation de la Turquie met en exergue la logique de la dictature éducative de l'élite. Cette transition vers la démocratie aussi singulière soit-elle se traduirait par la transmission du savoir des éclairés aux masses obnubilées. [...]
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