Le 1er novembre 1755 à 9h40 du matin, le tremblement de terre le plus violent jamais ressenti en Europe détruisit l'opulente Lisbonne, capitale portugaise de 235.000 habitants. Les trois secousses telluriques furent suivies d'un raz de marée puis d'un incendie, faisant entre cinquante et cent mille victimes (ce chiffre reste variable selon les sources). Les retentissements de cet événement, tant physiques que psychologiques touchèrent l'Europe entière, comme en témoigna l'article « Lisbonne » de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert : « la ville de Lisbonne a été détruite par d'affreux tremblements de terre, dont le récit fait frissonner les nations même, qui sont le plus à l'abri de leurs ravages ». Il s'agit en effet d'un des tremblements de terre les plus destructeurs et les plus meurtriers de l'histoire. Ce séisme fut le premier à avoir fait l'objet d'études scientifiques poussées, entraînant la naissance de la sismologie moderne. N'ayant pas été enregistré grâce à des sismographes, sa magnitude et son épicentre ont été calculés de manière indirecte, en fonction du contexte géologique et de la répartition des destructions. Les sismologues estiment sa magnitude entre 8,5 et 8,7 sur l'échelle de Richter. L'épicentre se situerait dans l'océan Atlantique, à environ 200 km au sud-ouest du Cap Saint Vincent. La catastrophe intensifia les tensions politiques au Portugal et perturba profondément les ambitions coloniales du pays au XVIIIe siècle, alors qu'il était maître d'un immense empire auquel il devait sa prospérité. Au cœur de la période des Lumières, cet événement fut amplement discuté par les philosophes européens et inspira de nombreux développements sur le thème de la théodicée ou du sublime.
Si un aspect dominant se dégage de cette catastrophe, c'est son caractère traumatisant. Il convient dès lors d'analyser quelles ont été les conséquences, tant physiques que géopolitiques de cet événement ; ou en d'autres termes, XXXXXXX ?
Ainsi, nous verrons que ce phénomène géologique sans précédent, de par son bilan et de par ses conséquences immédiates (I), a été une véritable tragédie qui révolutionna la conjoncture internationale, du point de vue de la politique interne et externe du Portugal, mais aussi par la révolution de la pensée qu'il généra (II).
[...] Le tremblement de terre frappa au matin de la fête catholique de la Toussaint. Trois secousses distinctes se produisirent sur une durée d'une dizaine de minutes, causant des fissures atteignant jusqu'à cinq mètres et dévastant la ville. Les survivants se ruèrent vers les quais, endroit ouvert supposé sûr, mais la mer reflua, laissant à nu des fonds marins jonchés d'épaves de navires et de marchandises perdues. Quelques dizaines de minutes après le séisme, un tsunami, dont les vagues atteignirent des hauteurs de cinq à dix mètres, submergea le port et le centre-ville avant d'atteindre le fleuve du Tage. [...]
[...] OLIVEIRA Martins, Histoire du Portugal, édition La Différence POIRIER Jean-Paul, Le tremblement de Terre de Lisbonne éditions Odile Jacob VOLTAIRE, Poème sur le désastre de Lisbonne. [...]
[...] Sur les habitants de Lisbonne, environ trouvèrent la mort autres personnes perdirent la vie de l'autre côté de la mer Méditerranée, au Maroc notamment, où les villes de Fès, Meknès, Marrakech ainsi que les côtes marocaines furent ravagées des bâtiments de Lisbonne furent détruits, y compris les plus célèbres de ses palais et bibliothèques, brillants exemples d'une architecte manuéline du XVIe siècle typiquement portugaise. Plusieurs bâtiments relativement épargnés par le séisme furent détruits par les incendies qui s'ensuivirent. Un Opéra flambant neuf, baptisé du nom prémonitoire d'Opéra Phoenix, fut réduit en cendres. Le Palais Royal, juste au bord du Tage et à l'emplacement actuel de la place Terreiro do Paço, fut également détruit : à l'intérieur, les volumes de la bibliothèque royale furent perdus, tout comme des centaines d'œuvres d'art incluant des peintures de Titien, Rubens et du Corrège. [...]
[...] La reconstruction de Lisbonne. Peu après le début de la crise, le premier ministre et le roi engagèrent des architectes et des ingénieurs, et moins d'une année plus tard, Lisbonne était déjà dégagée de ses ruines et en cours de reconstruction. Le roi tint à profiter de cette occasion pour édifier une ville nouvelle et parfaitement ordonnée : les grandes places et les avenues larges devaient caractériser la nouvelle Lisbonne. À quelqu'un qui l'interrogeait sur l'utilité de rues aussi spacieuses, le marquis de Pombal répondit qu'« un jour, elles seront petites Le trafic chaotique de la Lisbonne du XXIe siècle ne peut que lui donner raison. [...]
[...] La catastrophe du tremblement de terre réveilla chez le monarque une peur incontrôlable, la phobie de vivre dans l'étroitesse de quatre murs le poussa à s'installer, suivi de la cour, dans un gigantesque complexe de tentes et de pavillons sur les collines d'Ajuda, en bordure de Lisbonne. Cette claustrophobie ne s'apaisa jamais, et ce n'est qu'après sa mort que sa fille Marie Ire décida de la construction de l'actuel Palais royal d'Ajuda. Le Premier ministre Sebastião de Melo survécut lui aussi au tremblement de terre. Il aurait même déclaré : Maintenant ? [...]
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