La raison principale qui justifie ce choix de comparaison s'explique par le fait que la trajectoire démocratique des deux pays à l'étude s'est déroulée à l'intérieur d'un régime autoritaire présentant de nombreuses similitudes ayant même permis la création d'une typologie par O'Donnell. De plus, les deux cas présentent plusieurs similitudes importantes qui expliquent le processus transitoire entre l'autoritarisme et la démocratie. Nous pouvons relever comme exemple, la contribution de la crise de la dette des années 80 à mettre en doute la légitimité des politiques des régimes auprès des décideurs et des partisans. Par contre, cette similitude fait ressortir plusieurs différences en ce qui a trait à l'intensité de l'impact de la crise sur chacun des régimes, tant au niveau économique que social, et sur les autres facteurs possibles portant atteinte à la légitimité du pouvoir en place. Ainsi, les similitudes sur la structure même des régimes et sur la perte de légitimité justifient la volonté d'analyser les facteurs de divergence entre les deux transitions démocratiques.
De plus, le choix de comparer la transition chilienne à celle de l'Argentine peut s'expliquer par le fait qu'il n'existe que très peu d'ouvrages qui se consacrent entièrement à la distinction de ces deux cas. En effet, de nombreux chercheurs ont porté un regard particulier sur la « troisième vague de démocratisation » dans laquelle se trouvent plusieurs pays d'Amérique latine, dont le Chili et l'Argentine, sans nécessairement tenter de mener une étude comparative sur ses deux derniers cas. Donc, à la lumière des nombreuses études réalisées pour tenter de trouver une formule générale et globalisante pour comprendre cette « troisième vague », il s'avère fortement intéressant de relever ce qui différencie les deux cas et de rendre compte de certains éléments qui sont propres à chacun d'eux. Ainsi, le but n'est pas de critiquer ou d'opposer telle ou telle approche, mais plutôt d'en faire ressortir les fondements initiaux dans le but de favoriser une meilleure compréhension des deux cas proposés.
[...] De cette similitude, il a été possible de mettre en évidence plusieurs divergences, notamment dans le processus qui marqua la transition entre le régime «Bureaucratic-Authoritarian» des pays respectifs et la mise en place d'un régime démocratique. Pour réaliser cette comparaison, l'attention a été portée sur des facteurs internes et externes, tout en mettant l'emphase sur deux approches particulières. La première, principalement théorisée par O'Donnell et Schmitter, se consacrait à l'analyse des tensions entre «hard-liners» et «soft-liners». La deuxième, dont Haggard et Kaufman sont les principaux artisans, mettait plutôt l'emphase sur l'importance d'une crise économique sur la transition. [...]
[...] Ce travail conceptuel est nécessaire pour favoriser une meilleure compréhension des phénomènes observés et de la méthode d'analyse appliquée «Bureaucratic Authoritarianism» Comme affirmés dans l'introduction, pour caractériser les régimes autoritaires du Chili et de l'Argentine, nous utiliserons la typologie mise de l'avant par O'Donnell. Ainsi, celui-ci définit les «Bureaucratic- Authoritarian state» comme étant un système excluant la classe populaire en appliquant un contrôle sévère sur celle-ci afin de la retirer de la scène politique et de «rétablir» un ordre dans le «désordre» que l'administration militaire perçoit. [...]
[...] Ainsi, l'administration de Pinochet n'a pas été dans l'obligation de se lancer dans un conflit externe et d'en retirer de bons résultats puisque celle-ci n'a pas connu une crise de légitimité aussi évidente que le gouvernement argentin. Dans notre deuxième cas, on voit assez clairement que l'administration centrale n'a pas su répondre à la crise et au désordre établi par celle-ci. L'incertitude politique, militaire, sociale et économique a obligé le gouvernement Galtieri à se lancer dans une quête de légitimité qui a prend la forme d'un conflit armé sur les Île Malouines. [...]
[...] Dans cette perspective, la représentation politique de la classe populaire et de la classe moyenne est anéantie par la junte. Enfin, notons que ce principe de légitimité s'avère fortement important pour le reste du travail. La «transitologie» D'abord, la transitologie est l'étude d'un processus marqué par le passage entre un régime autocratique et un régime démocratique ou par sa définition canonique : the transition is the interval between one political regime and another».[7] Notons que l'évolution de cette transition est fortement imprévisible et elle peut varier en fonction des interactions entre les principaux acteurs. [...]
[...] Samuel Valenzula dir. [...]
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