Le totalitarisme est communément décrit comme un système politique à parti unique n'admettant aucune opposition organisée et au sein duquel l'Etat tend à dominer toutes les activités de la société. Bien que le terme se voit attribué à de plus en plus de régimes à caractère autoritaire, le totalitarisme est surtout attribué aux régimes nazi et stalinien.
A l'inverse, au sein d'une démocratie, le pouvoir émane du peuple souverain. La pluralité d'association et d'organisation (partis politiques, syndicats, médias etc…) dans la liberté d'opinion et d'expression constituent ses caractéristiques fondamentales.
Cependant, les régimes totalitaires peuvent émerger d'une démocratie. Hitler est arrivé légalement au pouvoir et le IIIe Reich a supplanté la République de Weimar. Staline possédait le soutien et la confiance du peuple. Sachant cela, on peut se demander si le totalitarisme constitue un prolongement du régime démocratique ou s'il surgit ex nihilo dans l'Histoire. Y-a-t'il une filiation légitime entre les deux régimes ? La démocratie a-t-elle pour finalité le totalitarisme ?
L a démocratie est un régime caractéristique de l'ère moderne. Le totalitarisme constitue une tyrannie d'un genre nouveau qui représente une certaine modernité. Dans ce sens, on pourrait considérer une filiation légitime entre la démocratie et le système totalitaire qui en est issu. Il pourrait être considéré comme le régime issu de la modernité.
Cependant, les caractéristiques propres au totalitarisme sont antithétiques aux principes démocratiques. Ce régime est plutôt le fruit d'une filiation « illégitime » dans le sens où il renie la démocratie sur ses propres fondements et ne constitue donc pas l'incarnation du régime moderne.
[...] Le développement de la psychologie de l'homme de masse européen est allé de pair avec la suppression du système de classe, et donc à la modernisation de la société. Le totalitarisme ne vise pas à une transformation du monde extérieur ni à opérer une transmutation révolutionnaire de cette dernière. Il tend à transformer la nature humaine elle-même, ce qui le rend totalement différent des formes classiques d'autoritarismes. Ce rapport entre totalitarisme et modernité se pose également dans la société actuelle. Le sociologue Jean-Pierre Le Goff dégage une idéologie de la modernité qui fait écho sur certains aspects au totalitarisme. [...]
[...] Une filiation illégitime : le totalitarisme comme reniement de la démocratie a. Des caractéristiques propres antithétiques à la démocratie Le totalitarisme, même issu d'un régime démocratique, n'en reste pas moins fondamentalement opposé à ce dernier. On peut distinguer plusieurs antithèses entre les deux systèmes qui empêchent de considérer le totalitarisme comme issu d'une filiation légitime de la démocratie. Tout d'abord, le système totalitaire s'est construit en opposition à la démocratie libérale. Les institutions démocratiques instaurent en effet une société politiquement libérale, basée sur un système partisan et de libre expression et d'opinion de la population. [...]
[...] Selon Hannah Arendt, une des principales théoriciennes du totalitarisme, seuls les épisodes nazi et stalinien constituent des systèmes totalitaires. Le pacte germano-soviétique de 1939 est considéré par certains historiens comme une confirmation de la similarité des deux régimes. Elle distingue néanmoins quelques instants totalitaires tels que le Maccarthysme américain des années 1950. Elle définit le totalitarisme comme une domination totale des individus dans tous les aspects de leur vie : il est international dans son organisation, universel dans sa visée idéologique, planétaire dans ses aspirations politiques Il n'y a qu'un parti unique, car une seule nation, un seul pays forme un tout. [...]
[...] Le politologue Sigmund Neumann qualifie le totalitarisme de révolution permanente On a une institutionnalisation de la révolution afin de perpétuer le régime, l'inverse d'un système autoritaire généralement plutôt traditionnel et conservateur. Le totalitarisme apparaît comme un phénomène totalement nouveau et divergent de toutes les formes de régime connues jusqu'à présent. Hannah Arendt souligne avec force l'aspect du totalitarisme sans équivalent dans l'Histoire selon elle*. b. Le totalitarisme : la finalité moderne de la démocratie ? Il existe une filiation historique entre la démocratie et le régime totalitaire. [...]
[...] De plus, l'égalité juridique de tous est une base de la démocratie. Or l'inégalité juridique entre les individus est caractéristique des régimes totalitaires. La domination totale commence par annihiler en l'individu la personne juridique. Le pouvoir soustrait certaines catégories de la population ennemis objectifs - à la protection de la loi, notamment par le biais de la dénationalisation. Au sein de ce régime, un ordre bureaucratique, anonyme et unique, remplace une société pluraliste composée de différents groupes sociaux. Enfin, le régime démocratique constitue un Etat de partis qui s'oppose radicalement à un Etat partisan ou idéologique qui caractérise le système totalitaire. [...]
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