Le débat sur le totalitarisme a marqué la culture du XXème siècle. Ce mot qui désigne à la fois un fait un et un concept a donné lieu à de vives polémiques dans le monde intellectuel.
Le terme est apparu en tant que tel dans les années 1920 et a été repris à son compte par Mussolini qui l'utilisait pour qualifier son régime nouveau.
« Tout dans l'Etat, rien en dehors de l'Etat, rien contre l'Etat. » déclarait-il dans un aphorisme célèbre.
C'est à Hanna Arendt que l'on doit le travail de la conceptualisation le plus abouti de cette notion.
En effet les différents régimes fascistes et communistes apparu au XXème siècle ont un caractère inédit. Ce degré franchit dans l'horreur oblige philosophes et politistes à inventer un nouveau cadre d'analyse, c'est dans cette perspective qu'elle fonde dès 1951 le concept du totalitarisme (dans son ouvrage Les origines du totalitarisme) .
Cette innovation heurte le monde intellectuel car sont ainsi mis sur le même plan conceptuel le communisme Stalinien et le nazisme.
Inutile de dire que le contexte de l'après guerre permettait difficilement ce genre de comparaison. Staline avait vaincu le nazisme sur le front de l'est, l'Armée rouge avait libéré les camps de concentrations et nul ne pouvait oublier que les régimes fascistes s'étaient appuyés pour arriver au pouvoir sur les élites pré existantes. De plus le communisme par son ambition de communion de l'humanité faisait figure d'ennemi naturel du fascisme et de son modèle de domination. Il était même pour beaucoup mieux armé que le libéralisme sur les ruines duquel le nazisme avait prospérer pour lutter contre l'apparition d'émules nationalistes.
Même après la démystification du communisme des années 1970, nombreux sont ceux qui vont continuer à rejeter le terme tout en admettant la nature elle aussi inédite de l'horreur bolchevique mais en pointant le caractère inutilisable et presque malhonnête du concept.
Dès lors on peut se demander si la réalité de ce concept qui tente de nommer et de mettre en lumière la réalité spécifique du XXème siècle est à la hauteur de son ambition.
En voulant fonder un concept comparatiste permettant de mettre à jour la nature de ces régimes nouveaux tout en se détachant de leurs intentions affichées, les théoriciens court le risque de l'amalgame en dessinant des contours trop stricts ou trop flous.
Tout le débat intellectuel qui va se poursuivre tout au long de la 2ème partie du XXème siècle permet de se demander si alors même que la pertinence du concept de totalitarisme n'a jamais cessé parfois à juste de titre de susciter des critiques, il ne demeure pas un outil indispensable de la pensée moderne.
[...] Il convient dès lors de tirer toutes les conclusions qu'impose le devoir de mémoire. Pour appréhender pleinement cette partie des horreurs du siècle, il faut d'une part mettre en exergue le caractère inédit des régimes nazis et staliniens qui a été permis par l'apport du concept du totalitarisme. le caractère inédit du nazisme de 38 à 45 et du Stalinisme de 35 à 53 Hanna Arendt dans son ouvrage en 3 tomes les origines du totalitarisme effectue le travail de conceptualisation. [...]
[...] Nous nous intéresserons dans une première partie au caractère inouï des régimes de la première moitié du XXe siècle avant de questionner la capacité comparatiste du concept. Penser en terme totalitaire, l'ardente obligation du XXe siècle La plupart des penseurs s'accordent à dire que le XXe siècle constitue une rupture dans l'histoire de l'humanité. Les 2 guerres mondiales, ses millions de morts, et du point de vue des idées l'apparition de nouveaux régimes révolutionnaire ont donné un sérieux coup d'arrêt à la notion de progrès. [...]
[...] Le mot d'idéologie semble indiquer qu'une idée peut devenir l'objet d'une science. Cette constatation contient toute la pertinence du concept du totalitarisme. Arendt s'efforce en effet à pointer du doigt le caractère néfaste de la toute-puissance de l'idéologie dans les régimes totalitaires. On ne peut que remarquer la similitude existante sur ce point entre le régime fasciste et le régime nazi. La déshumanisation caractérisée présente dans les systèmes totalitaires et qui légitime les crimes contre l'humanité est due à l'idéologie totalitaire qui : ne s'intéresse jamais au miracle de l'être En effet l'idéologie en fondant un système logique implacable offre à ses adeptes un 6e sens permettant à l'homme de percevoir une réalité plus vraie que celle qu'il prévoit avec ses 5 sens et sa réflexion propre. [...]
[...] Carl Friedich qui a lui aussi tenté de conceptualiser le totalitarisme distingue ainsi six critères concrets une idéologie globalisante, un parti unique, une police secrète, le monopole de l'information, le monopole des armes et de la force, économie dirigée. Ces caractéristiques permettent au régime d'instaurer une terreur permanente sur les individus ainsi qu'une sensation de mouvement perpétuel du régime. l'apport du concept comparatiste Après avoir modestement défini les contours les plus apparents de l'idéal type du concept totalitaire, on peut s'interroger sur son apport dans l'histoire des idées politiques. [...]
[...] En effet l'extermination des juifs menés par le régime d'Hitler ne connait pas son pareil au sein du communisme de Staline. En effet si les hommes mourraient dans les goulags, ils ne constituaient pas des camps d'extermination et la logique d'incarcération n'était pas raciale même si elle comportait la encore un antisémitisme certain. Dans l'ouvrage "Démocratie et totalitarisme" (1965) Raymond, Aron souligne une différence essentielle entre les deux systèmes : l'aboutissement de l'un est le camp de travail, l'aboutissement de l'autre est la chambre à gaz. [...]
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